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Médias

Paysage médiatique : Le coup de gueule de l’ANME

L’Association nationale des médias et des éditeurs est en colère et le fait savoir. Les constats sur le paysage médiatique sont graves et les réponses devront être à la hauteur des « dangers qui guettent la profession ».  Enough is enough !
Le temps est venu de faire le distinguo entre ce qui relève du journalisme et de la production de contenu des réseaux sociaux.

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Visiblement l’exacerbation des travers qui traversent le paysage médiatique marocain arrive à un point tel que la colère est en train de gagner du terrain face à la «montée en puissance de certaines voix» qui semblent accaparer ledit paysage.

C’est dans ce sens que l’Association nationale des médias et des éditeurs (ANME) a mis sur la place publique un communiqué qui sonne telle une alerte. Dans son document, l’ANME indique suivre avec une grande préoccupation les récents développements que connait le paysage médiatique, mais aussi les répercussions des campagnes de dénigrement, de diffamation et d’instrumentalisation, dirigées à l’encontre de la profession et des professionnels.

Aussi, l’Association observe avec la même préoccupation les tentatives suspectes de contourner les objectifs du journalisme, en essayant de remettre en question ses missions et fonctions envers la société, l’État et la construction démocratique, lit-on dans le communiqué. Faisant l’écho des inquiétudes et préoccupations de centaines de journalistes professionnels, encadrés par des lois et des dispositifs légaux ratifiés par les institutions étatiques.

En effet, ces journalistes, relève la même source, commencent à alerter quant aux dangers que charrie cette situation «anormale, voire grave», dont l’une des marques les plus perverses est la transformation de l’exception en règle, le fait de faire de l’usurpation d’identité une pratique quotidienne, quand il ne s’agit pas de la légitimation du chaos, de la futilité et de la vulgarité. Le tout, alerte l’Association, au nom d’un «objet non identifié», mais qui, à coup sûr, n’a aucun lien avec le journalisme tel qu’il est reconnu à l’échelle universelle.

Le pire dans cette histoire, argue l’Association, est que les parrains de «cette nouvelle tendance» ne se contentent plus de brouiller à escient les lignes entre le journalisme – avec ses règles professionnelles, ses références éthiques et ses règles légales – et la production de contenu, qui opère dans un tout autre périmètre sur fond d’autres règles» et en s’adressant à un public spécifique.

Plus grave encore, ces parrains poussent le bouchon plus loin en menant une guerre d’usure, utilisant des méthodes abjectes, en visant à faire plier tout le monde et d’imposer leurs propres règles de jeu. L’objectif étant, estime-t-on du côté de l’Association, d’imposer leur domination sur le paysage médiatique et, partant, d’installer leurs modes de manipulation selon des objectifs et des agendas  qui sont devenus un secret de Polichinelle.

L’ANME a, en outre, constaté, ces derniers temps, comment les promoteurs du projet de «détournement de la société et de l’État» ont perdu tout contrôle de leur état d’âme, sombrant dans une hystérie faite de lamentations conjuguée à un populisme abject, pour la simple raison qu’une piqure de rappel est intervenue pour mettre en avant l’existence de lois, de règles et de cadres professionnels et d’institutions constitutionnelles, auxquelles tout le monde doit se soumettre.

Voilà pour les constats quant à la gravité des faits et des dangers qui guettent. Face à cela, l’Association affirme qu’un encadrement légal strict, des dispositions rigoureuses et la mise en place de cadres légaux sont de nature à mettre fin à ces «pratiques parasitaires» qui prospèrent dans un vide juridique».

Or, dans cette perspective, l’État et le gouvernement, estime l’ANME, doivent assumer leurs responsabilités pour faire face à l’expansion de ce cancer. Et ce, que ce soit à l’intérieur ou hors du territoire national. Et dans les plus brefs délais.

Aussi, l’Association se fait fort de réaffirmer la nécessaire distinction entre les institutions médiatiques, soumises, entre autres, au devoir de responsabilité et d’engagement envers la société, et des individus sans foi ni loi qui ont transformé le chantage, l’insulte, la diffamation et l’escroquerie en une activité lucrative.

Plus encore, l’Association ne compte pas rester les bras croisés. En effet, indique le communiqué, l’ANME s’engage à emprunter toutes les voies et procédures qui s’imposent en vue préserver le prestige des journalistes et la protection de leurs efforts dans la recherche d’informations fiables et la lutte contre les rumeurs nuisibles à la société et à sa stabilité.

Aussi, l’Association considère que l’usurpation de la qualité de journaliste par certains, alors qu’une loi réglemente la profession, relève de l’intolérable.