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Influences

Matchmaker ou marieuse 2.0

PORTRAIT Zoubida El Baqqali.
Inciter les jeunes à se marier, les soutenir, les aider à s’engager dans la vie commune et les accompagner… C’est la mission de cette marieuse des temps modernes. Rencontre.

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Ayant longtemps travaillé dans le Social, elle a fini par se convaincre que la famille demeure la pierre angulaire de la société. Et que si on réussit à construire un univers conjugal sain, on pourrait éviter un tas de problèmes résultant de l’effritement familial. Cette femme se sent comme appelée à rendre les autres heureux, en couple: «Je réalise la chance d’être mariée et je suis persuadée que chaque personne y a droit», dit-elle. Côté convivialité et savoir-parler, on est tout de suite rassuré face à une dame sereine et visiblement satisfaite de son travail. Zoubida El Baqqali est native de la ville d’Ouazzane.
Elle a poursuivi ses études à Rabat puis à Casablanca, finissant avec un master en psychologie. Assistante sociale, elle va connaître l’univers des mères célibataires et également celui des enfants en situation difficile, car elle a aussi travaillé avec l’association Bayti de 2007 à 2010. Retour à Ouazzane pour occuper le poste de directrice de cabinet du président du Conseil provincial jusqu’en 2015.
Mais elle ne rompra jamais avec l’activité sociale. Au contraire, elle avait des contacts en permanence avec les associations de femmes divorcées et contribuait à la réussite de plusieurs mariages. Mais ElBaqqali ne savait pas comment s’y prendre pour concrétiser ses idées en un projet en bonne et due forme, jusqu’en 2017 lorsqu’elle a été appelée à intégrer Zawaj Center.
Cette agence privée et son programme ont fait mouche dans l’esprit de Zoubida qui s’est immédiatement intégrée au sein de ce centre connu également par les initiales Z.C. Ce dernier est effectivement conçu pour inciter les jeunes à se marier, pour aider ceux et celles qui auraient raté un premier mariage à se refaire une nouvelle vie conjugale, les soutenir moralement et les accompagner.

A ne pas confondre avec la «Khettaba» classique
«Zawaj Center existe depuis des années et quand je l’ai intégré, je me suis sentie dans mon univers. De plus, une agence bénéficie aussi d’un côté rassurant. Une mise en confiance qui n’a pas de prix. Je suis fière d’être la première Matchmaker et je fais mon travail avec amour et abnégation», confie El Baqqali. Autrement dit, ce n’est pas du tout le concept classique connu chez les marieuses, appelées les «Khattabates» traditionnelles. Si ces dernières sont bien connues dans la société marocaine, ces femmes qui travaillent sur les relations conjugales en intervenant pour coordonner des liaisons en vue de mariage, le concept de l’agence Z.C. est totalement différent. «Cela n’a rien à voir, explique Zoubida. Je ne suis pas une Khettaba, je suis un coach romantique ou pour reprendre le titre exact de ma fonction: Matchmaker». Pour notre marieuse des temps modernes donc, l’idée globale de rapprocher des gens voulant se marier n’est pas une nouveauté. Il existe bien des agences matrimoniales un peu partout dans le monde. «Mais notre concept à nous est fondé sur le respect des traditions et coutumes locales, une sorte de romance halal et “ma3qoul”. Le partage de valeurs communes est important, la foi et la pratique religieuse sont abordées lors de mes entretiens», souligne Mme El Baqqali. C’est pour dire que c’est un peu le mariage made in Morocco qui anime la démarche en général.
De plus, elle a la conviction que les gens ont besoin de parler, d’être en confiance. «Je prends le temps de les connaître, en tenant bien compte des principes et des traditions qui leur sont chers», ajoute-t-elle.
L’agence dispose de ses propres programmes et son mode de travail. «Toutes les personnes que vous voyez ici ont fait des formations spécialisées dans le domaine», renchérit notre interlocutrice. L’objectif essentiel de cette mission c’est de lutter au maximum contre cette réticence vis-à-vis du mariage et aussi de contribuer ne serait-ce qu’un peu à la diminution des cas de divorce dont le nombre est en train de battre des records. Car, en dehors des problèmes d’ordre matériel, le mariage peut échouer à cause de certaines erreurs de «casting» en amont. D’après notre interlocutrice, il faut surtout focaliser sur l’accompagnement. C’est durant cette tranche de la mission que l’on peut se faire une idée à peu près exacte, ou du moins équilibrée, à propos du futur couple.
Sauf que là, on parle de mariages à l’heure de Facebook, de Twitter, de YouTube, d’Instagram, de Tinder… Réussir à établir des liens humains sous le joug de cet univers technologique envahissant est effectivement un beau challenge.

Mariage, mode d’emploi

Alors que devrait-on faire lorsque l’on est convaincu qu’il n’y a rien de si beau que cette fameuse cage dorée ? Comment trouver mon autre moitié ? «Vous devez d’abord vous inscrire sur le site de l’agence. Un “Matchmaker” prendra systématiquement la demande. Votre personnalité, vos souhaits, ainsi que vos envies sont des éléments présents tout au long du processus. Cela aidera bien entendu à trouver des profils qui vous correspondent et répondent à vos besoins», détaille Mme El Baqqali. Et pour la question qui vient instantanément à l’esprit de l’intéressé(e) : l’addition? Là on a le choix entre un abonnement de six mois à 3.000 DH ou 4.000 DH selon les critères et les conditions dont le candidat aura convenu avec l’agence. Après, on va vous proposer des profils dans la perspective d’organiser une rencontre. Mais ça ne doit surtout pas traîner entre les deux protagonistes. Si après un mois il n’y a pas eu de concrétisation, demande officielle en mariage et acte – et après analyse des feed-back de part et d’autre -, l’agence peut annuler le procédé et commencer une nouvelle recherche pour une nouvelle proposition.
En revanche, «il y a bien des fiançailles qui sautent à cause de mensonges ou de non-respect des engagements. Nous sommes intransigeants. Notre but n’est pas purement lucratif ou commercial. C’est d’abord la crédibilité et la réussite de la mission et peut-être qu’après on pourra penser au côté commercial», explique la Matchmaker.