SUIVEZ-NOUS

Influences

Le Maroc préside à Berlin la célébration de la journée de l’Afrique

Le Maroc a présidé, jeudi à Berlin, et pour la troisième année consécutive, la célébration de la journée de l’Afrique, qui s’est tenue sous le thème : « les investissements allemands en Afrique : défis et perspectives ».

Publié le

A cette occasion, l’Ambassadeur du Maroc en Allemagne, Zohour Alaoui, a présidé le Comité des Ambassadeurs africains chargé de l’organisation de la célébration de cette Journée, initiée en partenariat avec la Banque Allemande de développement « KfW » et l’Initiative pour l’Afrique subsaharienne de l’économie allemande « SAFRI ».

Cette célébration a été marquée par la présence de Reem Alabali-Radovan, ministre fédérale de la Coopération économique et du Développement et de Stefan Rouenhoff, secrétaire d’État parlementaire auprès du ministère des Affaires économiques et de l’Énergie, aux cotés des ambassadeurs africains accrédités à Berlin et de plusieurs officiels allemands et représentants de Fondations politiques allemandes et de la communauté d’affaires.

Prenant la parole, à cette occasion, au nom du Groupe des Ambassadeurs africains, Alaoui a précisé que la Journée de l’Afrique intervient cette année dans un contexte géopolitique international marqué par des bouleversements profonds ainsi que par l’avènement d’un nouveau gouvernement en Allemagne.

Après avoir souligné que « notre continent est incontournable pour relever les grands défis mondiaux », la diplomate marocaine a indiqué que l’Allemagne, l’un des principaux partenaires de l’Afrique, a toujours témoigné de son intérêt pour le Continent à travers plusieurs stratégies, précisant que beaucoup de travail reste toutefois à faire afin d’arriver aux résultats escomptés, notamment pour relever le niveau des échanges commerciaux entre l’Afrique et l’Allemagne, qui « reste aujourd’hui bien modeste ».

Rappelant l’annonce par le nouveau gouvernement allemand d’une politique africaine « à la hauteur de l’importance stratégique de l’Afrique », Mme Alaoui a souligné que l’Afrique et l’Allemagne doivent être ambitieux pour renforcer leur coopération économique et bien saisir cette importante opportunité car « rarement le momentum de nos intérêts partagés n’a autant coïncidé ».

Les pays africains sont « plus que jamais d’importants partenaires pour l’Allemagne », a souligné, pour sa part, Alabali-Radovan, précisant que la coopération internationale et la politique de développement sont « une question de solidarité » pour atteindre l’équité, la justice, la paix et la sécurité.

« Des valeurs partagées avec l’Afrique », a dit la ministre allemande de la Coopération Économique et du Développement, qui a souligné que le monde a besoin « de plus de coopération internationale » et que le Gouvernement fédéral allemand a pris « la bonne décision de maintenir une forte et indépendante politique de développement », devrait toutefois s’adapter à un contexte géopolitique international et local en changement.

Ainsi, dans le nouveau contrat de coalition, »le gouvernement allemand s’est engagé à mener une politique africaine qui reflète l’importance stratégique de l’Afrique », en alignant plus étroitement la coopération au développement à la promotion du commerce extérieur et en encourageant des partenariats économiques notamment dans le secteur de l’Energie, dans un esprit de partenariat, de respect et de réciprocité, a-t-elle ajouté.

Pour tirer profit de l’immense richesse du Continent un alignement du travail de son ministère sur les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, sera entrepris et les fonds publics seront un catalyseur de l’investissement privé allemand en Afrique, a-t-elle conclu.

De son côté, Rouenhoff a indiqué que le nouveau gouvernement allemand a mis « très haut la barre de ses ambitions », notamment en ce qui concerne la coopération avec l’Afrique, considérant que l’engagement auprès du continent doit être renforcé « pas uniquement politiquement mais également économiquement ».

Cet engagement, a-t-il ajouté, est « un intérêt stratégique partagé », affirmant que l’Allemagne « s’engage à développer ses partenariats avec des partenaires fiables et de confiance » et que de ce fait, l’Afrique, proche voisin, « est naturellement, un partenaire stratégique ».

Appelant à identifier les domaines dans lesquels la coopération économique conduirait à « une situation gagnant-gagnant », le responsable allemand a cité des atouts de cette coopération : la zone de libre échange continentale et la jeunesse, tout en demandant « à explorer des outils supplémentaires pour soutenir l’entrée des entreprises allemandes sur le marché africain ».

Pour lui, « il est clair que le futur est africain » et la coopération « dans le cadre d’un véritable partenariat et d’un engagement à long terme » encouragera l’investissement privé allemand « non seulement pour accéder à de nouveaux marchés et mais aussi pour créer des emplois ».

Le panel de discussion organisé à cette occasion a été modéré par Mme Sabine Odhiambo, Secrétaire générale de la Fondation Allemande pour l’Afrique et comprenait des personnalités du monde politique et académique, des médias et de la communauté d’affaires.

Essayant de répondre à des questions majeures sur le déficit de communication sur les opportunités d’investissement en Afrique, les stratégies allemandes mises en œuvre et leurs limites et la promotion et l’accompagnement efficaces aux entreprises qui souhaitent investir en Afrique, le panel a tracé les contours des politiques à mettre en œuvre pour promouvoir davantage les relations économiques entre l’Allemagne et le continent africain.

Les universitaires Dr. Rainer Thiele, directeur de « Kiel Institute Africa Initiative » et Dr. Philipp von Carlowitz, professeur à « ESB Business School » ont exploré, à cette occasion, les limites des politiques mises en place par les gouvernements allemands et ont éclairé l’audience sur la complémentarité entre le maintien de la coopération au développement et l’encouragement des investissements privés en renforçant davantage le partenariat public-privé.

Pour Dr. Joy Asongazoh Alemazung, maire de Heubach, du parti CDU au pouvoir, les collectivités territoriales et les PME allemandes auront également à jouer un rôle dans la promotion du commerce et de l’investissement en Afrique. Il a appelé, dans ce contexte, à abandonner les stratégies d’aide au profit d’un partenariat d’affaires plus bénéfique à un continent en plein essor économique.

Floriant Pickert, directeur de la compagnie « Fertilizer Africa, K+S Grou », a fait part de son expérience en Ouganda et au Kenya pour louer les avancées du continent africain et demander aux entrepreneurs allemands et européens d’adapter leurs stratégies commerciales au contexte local.

De son côté, Mohamed Salif Keita, journaliste et écrivain guinéen, a mis en exergue les déficits de communication en la matière et a appelé à chasser les préjugés et à adapter le narratif sur un Continent africain plein d’opportunités et regorgeant de ressources humaines et naturelles, mettant l’accent sur la nécessité de renforcer l’éducation et la formation professionnelle de la jeunesse africaine.

La célébration de cet évènement a été également l’occasion de mener un dialogue fructueux entre le corps diplomatique africain, les officiels allemands et les acteurs de la communauté des affaires allemande.