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Le Maroc n’est pas à  l’abri du paludisme d’importation

Le paludisme a aujourd’hui disparu au Maroc, mais le risque de sa réintroduction n’est pas écarté du fait des déplacements de populations

Pour prévenir la contamination, la chimioprophylaxie, avant, pendant et après le séjour dans un pays d’endémie sont recommandés.

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Depuis 2005, aucun cas de paludisme autochtone n’a été dépisté au Maroc. Cependant, on constate une augmentation permanente des cas de paludisme importé (75 en 2007), du fait de l’accroissement des voyages internationaux et des flux migratoires à partir des pays ou cette maladie sévit de façon endémique et massive, déclare le Dr Amrani Idrissi Abderrahman, chef du service des maladies parasitaires au ministère de la santé, à l’occasion de la journée mondiale du paludisme, qui a été célébrée pour la première fois à travers le monde, le 25 avril dernier.

Il faut rappeler que, depuis le lancement au Maroc, en 1965, du programme de lutte contre le paludisme, le nombre de cas autochtones n’a cessé de diminuer, passant de 30 893 en 1963, à un millier vers la fin des années 1980, puis à 4 cas en 2003 et à un seul en 2004. Par ailleurs, les efforts fournis ont permis d’éradiquer en 1973 l’espèce plasmodium falciparum, responsable du paludisme grave.

Cela a été obtenu grâce à une stratégie de lutte structurée et bien adaptée, axée sur le dépistage, le traitement et la lutte contre le moustique vecteur de la maladie, l’anophèle femelle. Cette évolution favorable de la situation épidémiologique a permis, à partir de 1999, de mettre en place une stratégie visant l’élimination du paludisme autochtone du Maroc, axée sur l’intensification des actions de lutte et la formation des professionnels de santé dans les provinces à risque.

De la sorte, on a pu désactiver les derniers foyers de transmission de la maladie, dont le tout dernier foyer a été détecté et neutralisé en 2002 dans la province de Chefchaouen, déclare Mme Ibtissam Amer, chef du service de la lutte antivectorielle. Cette situation confirme que le Maroc tend vers l’élimination de la maladie au niveau national. Toutefois, prévient le Dr Amrani, cela n’autorise en aucun cas à arrêter ou réduire les activités sur le terrain, mais plutôt à rester vigilant et à consolider les acquis.

Cette vigilance se justifie pour deux raisons principales, indique ce responsable du ministère de la santé.

D’une part, la notification de cas importés de l’étranger qui sont en augmentation constante (75 cas dépistés en 2007) du fait de l’intensification des déplacements des populations. Cela constitue un risque pour la réintroduction du paludisme dans notre pays.

D’autre part, la persistance des facteurs de risque et de vulnérabilité, particulièrement en relation avec les conditions écologiques favorables à la pullulation du moustique vecteur, en l’occurrence les fortes pluviométries et les sécheresses qui occasionnent la stagnation des eaux et donc des foyers pour la transmission de la maladie.

D’ou le rôle capital et concerté entre les départements ministériels de la santé, de l’agriculture et de l’intérieur. Les résultats obtenus permettent au Maroc d’entamer, sur incitation de l’OMS, un processus de certification d’élimination du paludisme autochtone.

Mais cela exige au préalable la mise à niveau de notre système de surveillance, souligne le Dr Amrani. Ainsi, le slogan choisi pour la célébration de la journée mondiale du paludisme dans notre pays est «Renforçons les activités de surveillance pour maintenir l’élimination du paludisme autochtone dans notre pays».