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Influences

L’asthme de l’enfant encore sous-diagnostiqué et sous-traité

Chez des enfants en présentant les symptômes, certains praticiens parlent souvent de bronchiolite ou de bronchite asthmatiforme


Le retard dans la mise en route d’un traitement à  base de corticoïdes
est à  l’origine d’une insuffisance respiratoire.

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Une étude française récente, réalisée sur plus de 3 500 familles, a démontré que le diagnostic d’asthme a été établi chez 6% des enfants de 8 à  9 ans, alors que 11% présentaient des symptômes récurrents depuis au moins un an.

Un autre travail, réalisé auprès de plus de 4 600 enfants, souligne qu’environ 9% d’entre eux, bien que présentant des symptômes d’asthme, n’avaient pas été diagnostiqués. Un élément d’explication à  ce sous-diagnostic : la prédominance de facteurs non spécifiques d’origine virale dans le déclenchement des symptômes chez les moins de 6 ans. Cela conduit certains praticiens à  parler de bronchiolite ou bronchite asthmatiforme plutôt que d’asthme. «Chez le petit enfant, l’absence d’élément atopique est certes un facteur de meilleur pronostic, mais elle n’exclut pas le diagnostic d’asthme», rapporte Amine El Hassani, professeur de pneumologie-allergologie pédiatrique et actuel directeur général de l’hôpital Cheikh Zaà¯d de Rabat. Par ailleurs, insiste-t-il, lorsque le diagnostic est posé, l’évaluation de la sévérité de l’asthme est une étape essentielle avant la mise en route du traitement. Les études ont bien démontré que le retard dans la prise de corticoà¯des par voie d’inhalation est un des facteurs de risque d’altération de la fonction respiratoire dans l’enfance, elle-même prédictive d’une altération de cette fonction à  l’âge adulte.

Par ailleurs, commentant les recommandations du dernier congrès de la Société française de pédiatrie, qui s’est tenu à  Rouen du 13 au 16 juin 2007, le Pr El Hassani insiste sur l’une d’elle, relative à  l’importance des paramètres respiratoires dans l’évaluation de l’asthme, notamment les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) qui sont insuffisamment effectuées. Pour ce spécialiste, l’absence de symptômes ne permet pas toujours de prédire l’absence d’obstruction bronchique. Et, en pratique quotidienne, les EFR sont indispensables pour éviter de sous-traiter les jeunes patients. En dehors de la prise en charge thérapeutique de la crise d’asthme, la prescription du traitement de fond doit être instauré rapidement en veillant à  son observance, par une éducation des parents, particulièrement en ce qui concerne les posologies et le mode d’administration. Et tout en rappelant les recommandations du dernier congrès de pédiatrie, le Pr El Hassani précise que la posologie des traitements inhalés doit se faire en fonction de la gravité de l’asthme et non pas du poids de l’enfant. De même, la bonne adaptation de l’embout buccal des chambres d’inhalation, pour éviter toute déperdition du médicament, est encore trop peu préconisée, et très mal connue par la population. Pour tous les spécialistes de l’asthme, la démonstration et la vérification de la technique d’inhalation, qui représente le strict minimum éducatif, doivent être systématiques à  chaque consultation. Au-delà  de l’aspect purement technique du geste, la bonne compréhension du traitement est un facteur de bonne observance.