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Influences

La morphine encore peu utilisée par les médecins marocains

75% des patients opérés souffrent beaucoup pendant les 48 heures suivant l’opération

La morphine, antalgique puissant, est mal utilisée en raison
d’une méconnaissance de son usage médical mais aussi de son
prix.

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Le traitement de la douleur et les soins palliatifs font partie intégrante du droit à  la santé, estime l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à  l’occasion de la Journée mondiale contre la douleur, célébrée le 12 octobre de chaque année. C’est en majorité dans les pays à  revenu faible ou moyen o๠les maladies chroniques comme le cancer et le sida gagnent du terrain que les malades sont privés de traitement antidouleur. Ce n’est pas parce que les ressources sanitaires sont comptées que les malades et leurs familles doivent accepter de subir des douleurs pour lesquelles la médecine moderne offre des thérapeutiques efficaces, proteste le Pr Mâati Nejmi, chef du service d’anesthésie réanimation et spécialiste de la douleur à  l’Institut national d’oncologie du Centre hospitalier Ibn Sina de Rabat. Selon l’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP), une personne sur cinq souffre de douleurs chroniques modérées à  fortes, et la douleur rend une personne sur trois incapable, ou difficilement capable, de mener une vie indépendante. En outre, une personne sur quatre rapporte que la douleur perturbe ou détruit ses relations avec sa famille et ses amis.

La morphine par voie orale est d’un bon rapport coût-efficacité pour le traitement de la douleur modérée à  forte chez les cancéreux. Mais cet analgésique n’est pas partout disponible, en particulier dans les pays en développement, à  cause d’une méconnaissance de leur usage médical, de restrictions réglementaires ou de leur prix. Le soulagement de la douleur devrait être un droit de tout être humain, qu’il soit atteint d’un cancer, du sida ou de n’importe quelle autre maladie douloureuse, affirme le Pr Nejmi. La douleur chronique est l’un des problèmes les plus sous-estimés par les services de santé dans le monde, alors qu’elle devrait être considérée comme «une maladie en tant que telle». Selon le Pr Nejmi, les besoins en information et formation des professionnels de la santé ont été identifiés grâce aux enquêtes et travaux scientifiques sur la prise en charge de la douleur de ces dix dernières années dans notre pays. Ainsi, sur le plan épidémiologique, la douleur représente 64% des motifs de consultation, toutes spécialités confondues. 56% des patients cancéreux souffrent de douleurs modérées à  sévères sans traitement antalgique. La moitié a reçu des antalgiques, mais le plus souvent de manière inadéquate. Les recommandations de l’OMS, concernant l’utilisation des antalgiques, particulièrement la morphine, sont peu appliquées par les professionnels de la santé. 75% des patients opérés souffrent terriblement pendant les 48 premières heures post-opératoires. Pour le Pr Nejmi, les opiacés, en l’occurrence la morphine et ses dérivés, ne sont pas suffisamment disponibles dans notre pays, ce qui affecte de façon dramatique la prise en charge de malades souffrant de douleurs sévères. De même que l’industrie pharmaceutique doit encourager l’importation de plus de variétés d’antalgiques.

Enfin, la création d’un centre national d’évaluation et de traitement de la douleur au Centre hospitalier Ibn Sina de Rabat ambitionne de soulager et d’accompagner, dans la dignité, des personnes en fin de vie.