Influences
Floriculture, un marché pas si rose que ça !
La floriculture marocaine est en perte de vitesse. A compter de la fin des années 1990, les superficies cultivées se sont drastiquement réduites. Alors que la demande augmente, l’offre se raréfie et les prix partent en flèche ascendante.
Les roses seraient en train de se faner sous le ciel marocain. A en croire certains fleuristes de Casablanca, la situation est de plus en plus difficile, compte tenu de ce qu’ils considèrent comme un «rationnement» de l’approvisionnement. Ceux qui opèrent au niveau du Marché Central de la métropole, dont les marchandises proviennent de Beni Mellal, et à moindre mesure d’Agadir ou de Marrakech, sont unanimes quant au topo, puisqu’ils peuvent commander le volume qu’ils estiment possible d’écouler, mais ils butent souvent sur les contraintes que leur imposeraient les producteurs qui, eux-mêmes, sont amenés à gérer au mieux l’équation de la production et les besoins de leurs clients.
Or, c’est justement au niveau de la production que le problème se pose. Outre les conditions climatiques, marquées par une météorologie peu clémente pour les frêles tiges, il y a aussi le fait que le nombre des producteurs et, partant, les superficies cultivées se sont rétrécis au fil du temps. Le secteur n’étant pas aussi lucratif qu’il ne l’était au début des années 1980, les «investisseurs», qui y ont vu une niche porteuse, se sont rétractés.
Une érosion qui a débouché sur la «sortie» de pas moins d’une quarantaine d’investisseurs. Conséquence, le peu de producteurs qui font encore de la résilience ont du mal à répondre aux besoins d’un marché qui s’est développé au cours des dernières années. En particulier à la faveur de l’émergence d’une frange de la société avec une certaine culture qui a intégré le partage des fleurs dans ses mœurs, notamment pour l’occasion des fêtes familiales (mariages, fiançailles, nouvelles naissances, etc.), ainsi que lors d’événements ponctuels dont le 8 Mars, la Fête des mères ou encore la Saint-Valentin.
Les prix s’enflamment À CASABLANCA
D’ailleurs, le 14 Février constitue l’un des moments forts du marché marocain des fleurs, en particulier les roses. Or, compte tenu de la rareté de l’offre, conjuguée à l’explosion de la demande «circonstancielle», ce sont les prix qui s’enflamment, et ce, bien avant le jour «J». Un tour dans les points de vente sur le territoire de Casablanca en donne la pleine mesure.
En fait, les roses qui étaient vendues, en temps normal, entre 5 et 6 dirhams la pièce, sont écoulées à 10 dirhams au cours de ces dernières semaines, que ce soit chez les fleuristes du Marché Central ou du côté du Marché des Fleurs Les Hôpitaux. Un prix qui est revu à la hausse dans d’autres zones du centre-ville où les clients doivent débourser pas moins de 15dirhams la rose, voire plus.
La raison en est simple, nous informe ce vendeur des fleurs qui a pignon sur rue du côté du Rond-Point Mers Sultan, «les volumes de livraison se raréfient, les prix à la source d’approvisionnement augmentent et l’engouement de la clientèle est plus prononcé». Ce qui se traduit, ipso facto, par la répercussion de la hausse sur le client final.
Une situation qui se ressent davantage au fur et à mesure que le 14 Février s’approche, ajoute notre interlocuteur, anticipant même sur un prix qui pourrait atteindre les 25dirhams l’unité à la veille de la Fête des amoureux. Quant aux bouquets, c’est une autre paire de manche, le budget d’offrir des fleurs est largement plus conséquent et dépend de plusieurs paramètres, notamment la composition et l’emballage qui est souvent plus onéreux que les fleurs. Bien qu’en ce début de février les fleuristes ne semblent pas avoir de visibilité quant aux prix, comme nous informe ce fleuriste casablancais au Maârif. Ce que nous confirment, d’ailleurs, les animateurs d’un site de vente des fleurs en ligne, via un chat, qui indiquent que «la prise des commandes n’a pas encore commencé» et qui nous invitent à «patienter» avant le déclenchement de la campagne 2023.
Mais une chose est sûre, il faut s’attendre à des prix qui pourraient commencer, au bas mot, à partir de 500 dirhams pour un bouquet «basique», alors qu’il est, normalement, à moins de 200 dirhams. Un prix, bien entendu, qui va en augmentant selon les desiderata et les moyens de chacun. De sites spécialisés justement, il faut dire qu’ils ont proliféré, ces dernières années, de manière exponentielle. En effet, il suffit d’une séance de surf sur le web et les réseaux sociaux pour s’en rendre compte, quand bien même il serait difficile d’avoir le nombre exact de ces «vitrines virtuelles» où sont exposées les offres, moyennant tout un échafaudage d’«outils de séduction» des prospects, elles se comptent par centaines. Avec, en plus, la promesse que le client en aura pour ses frais, et ce, à la faveur des services de livraison assurée, adossés à des engagements sur la qualité, la précision et la ponctualité attendues. D’autant plus que les sites les plus visibles sur le net disent disposer, outre leurs propres ateliers, de réseaux de fleuristes partenaires dans les principales villes du Royaume, si ce n’est au-delà des frontières. Toujours est-il que sur ce plan, la vigilance doit être de mise, notamment pour éviter toute mauvaise surprise au bout de la commande, son corollaire du paiement et la réception hypothécaire.Les vendeurs des fleurs en ligne ne sont pas tous des anges !
Secteur pas si florissant
Passée la parenthèse des années 1980-1990 qui a vu l’injection de conséquents investissements dans un secteur considéré comme une niche porteuse, l’on a assisté à un retour de manivelle après. A l’époque, nous renseigne cet expert, «la floriculture était florissante» et la production était largement destinée à l’exportation. En effet, le Maroc était dans la cour des grands des producteurs et des exportateurs, notamment vers les marchés français, suisse, néerlandais, voire anglais. Un repli qui a connu la «migration» des investisseurs vers l’Afrique de l’Est, et ce, en raison d’une main-d’œuvre moins chère et un climat plus propice. Résultat des courses, la fleur marocaine n’a pratiquement plus droit au chapitre sur les rayons des fleuristes européens.