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Culture

Un musée d’art à Marrakech…

Le Musée d’art et de culture de Marrakech vient d’ouvrir ses portes en marge de la biennale d’art de la ville ocre. L’exposition inaugurale porte les signatures de Mahi Bine Bine et Najia Mehadji.

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Le Musée d’art et de culture de Marrakech a été inauguré le 26 février sur les chapeaux de roues. Dans un Marrakech bouillonnant à l’occasion de la tenue de la Biennale d’art, l’inauguration du musée a été célébrée par un grand nombre de personnalités du monde de l’art, du cinéma, de la littérature et de la politique. Le succès a été garanti par la sublime exposition des artistes Mahi Bine Bine et de Najia Mehadji dont les œuvres se complétaient pour soulever un questionnement philosophique sur l’état du monde et sur ce que peut l’art en ces temps troubles pour l’humanité. D’ailleurs, le Musée d’art et de culture de Marrakech a été inauguré plus tôt que prévu. Un engagement personnel pris et honoré par Nabil Mellouki, galeriste et directeur du Musée d’art et de culture. «Il était question d’ouvrir en mai avec une exposition d’un siècle de création marocaine. Mais lors d’une rencontre avec Mahi, il me parla de son exposition. J’ai été séduit par ce cri d’indignation face à la tragédie humaine et j’ai voulu prendre part à cet engagement. Alors, j’ai relevé le défi, doublé le nombre d’ouvriers, manqué de sommeil… Mais l’espace est prêt aujourd’hui», explique Nabil Mellouki, non sans satisfaction.

Un rêve de pérennité

L’idée de ce musée à Marrakech ne date pas d’hier. Cela fait plus de dix ans que ce rêve taraude Nabil Mellouki, cet ex-banquier devenu galeriste en 1999, en créant la galerie Matis, première à Marrakech et deuxième au Maroc. A l’époque déjà, il fit montre d’un grand courage pour se lancer dans le monde de l’art dont le marché était quasi inexistant. Aujourd’hui, Nabil Mellouki prend encore un pas d’avance sur les autres en créant ce musée privé qui réalise, selon lui, le fantasme de tous les galeristes. «L’histoire nous montre qu’une galerie disparaît avec son propriétaire, et pour cause ! Chaque galeriste développe des liens particuliers avec ses clients et ses artistes. Du coup, tous les galeristes redoutent la disparition de leur travail. Je voulais, pour ma part, laisser une petite trace et rendre hommage à la peinture au Maroc», dit-il.

Pour l’heure, le musée accueille l’exposition actuelle pendant deux mois. L’exposition sur les cent années de création sera maintenue pour mai prochain. Pour ce faire, Nabil Mellouki compte utiliser la collection du musée, augmentée d’œuvres empruntées à des collectionneurs privés. «J’en ai personnellement vendu pas mal. Si l’on n’a pas l’une des pièces maîtresses de Farid Belkahia, ce n’est  pas la peine d’exposer Belkahia. Cela permettra à des œuvres répertoriées de sortir de l’anonymat des collections privées».

Marrakech, plateforme d’art

«Je crois qu’il y a une dizaine de musées qui ouvriront rien qu’à Marrakech d’ici 2017», affirme Nabil Mellouki. Un optimisme qu’il semble partager avec de nombreux de ses confrères qui, encouragés par le bouillonnement culturel de la ville, s’intéressent de plus en plus au développement muséal, malgré la crise que semble connaître ce milieu. «C’est en période de crise qu’on investit !», s’exclame Nabil Mellouki qui soulève l’émergence d’une nouvelle clientèle : celle des jeunes cadres qui s’intéressent de plus en plus à l’art. Il avoue néanmoins que les galeries ne peuvent plus compter que sur la clientèle marocaine, d’où l’intérêt de toucher une clientèle étrangère, en Europe ou au Golfe arabe. Un objectif qui sera forcément accessible en partie grâce aux musées et aux événements liés à l’art dans la ville ocre. Pour y parvenir, le Musée d’art et de culture de Marrakech espère tisser des liens avec des institutions internationales afin d’organiser des échanges d’expositions, à même de faire connaître davantage les artistes marocains. Enfin, afin d’optimiser la visibilité du musée, Nabil Mellouki ne compte pas lésiner sur les moyens. Tous les canaux seront exploités, y compris un site web en cours de construction et des partenariats avec des agences pour drainer du monde.