Culture
Selma Bargach se lance dans le long métrage avec « La cinquième corde »
Le film raconte la passion d’un jeune de 18 ans pour la musique.
Le premier tour de manivelle a été donné le 16 mars.
Le long métrage, qui a bénéficié du programme Euromed II et de l’avance sur recette du CCM, sera dévoilé lors du Festival du film de Tanger en 2011.
12 heures de tournage par jour et une moyenne de cinq scènes filmées.

Ziryab, le virtuose du VIIIe siècle, en avait rêvé et l’a finalement rajoutée. C’est ainsi que la cinquième corde du luth est devenue symbole de renouveau, et c’est ce qui a inspiré la réalisatrice Selma Bargach pour son tout nouveau film actuellement en tournage à Casablanca et qui porte le titre éponyme, La cinquième corde. Mais il ne s’agit pas dans ce long métrage de reconstitution historique. L’idée de la réalisatrice est de raconter l’histoire de Malek, jeune marocain de 18 ans (incarné par Ali Esmili), passionné de musique et qui rêve de devenir luthiste. A la passion du jeune artiste en herbe, s’oppose la mère qui veut le voir «réussir» en suivant un cursus universitaire des plus classiques. Mais l’arrivée de l’oncle de Malek (Hicham Rostom) va bouleverser la vie du jeune homme. Le maître musicien revient après dix ans d’absence et promet à son neveu de lui révéler le secret de la cinquième corde…
Les confidences et les révélations s’arrêteront là ! Même si nous proposons les photos de quelques scènes du film en exclusivité ! L’idée de ce long métrage émane de la réalisatrice Selma Bargach qui en a écrit le scénario. «Le parcours de Malek jalonné d’épreuves est aussi celui de centaines de jeunes qui vivent en marge de la société parce qu’ils sont incompris ou bien parce qu’ils n’ont pas de soutien. Mais c’est aussi celui de jeunes qui ont gardé l’espoir, qui ont su s’inscrire dans une énergie fertile et dans une nouvelle mouvance», explique-t-elle.
Pour réaliser son premier long métrage, Bargach s’est associée à son amie productrice, Rachida Saadi. Bien sûr, tout le monde connaît Saadi, cette femme discrète, forte, combative et souriante qui a souvent accompagné Hassan Benjelloun dans ses films Où vas-tu Moshé ? Les oubliés de l’histoire, (sur les écrans depuis mars dernier), ou encore Saadi, la réalisatrice du court métrage La mer-e. Depuis 2008, et suite à la création de sa boîte de production, JanaProd, Rachida Saadi ne s’est plus départie de sa casquette de productrice.
Le tandem Bargach-Saadi a bénéficié d’un encadrement, étalé sur une année, de «Medafilms development», un programme de développement de longs métrages de fiction initié et géré par Ali n’Productions, avec le soutien d’Euromed audiovisuel II. Depuis 2006, plus de 700 jeunes professionnels méditerranéens ont participé aux 9 programmes de formation proposés et financés par Euromed (dotés d’un budget de 15 millions de DH).
En trois ans, quelque 25 films ont pu être réalisés. «C’est en suivant ce programme que nous avons réellement commencé à décortiquer le scénario. Nous avons rencontré des scénaristes de renom à Marrakech, des musiciens, des directeurs de photos…, nous avons touché à tout. C’était vraiment un programme complet. Gabriel Yared était là aussi (compositeur de la musique du film Le patient anglais)…», raconte Rachida Saadi.
Evaluer le scénario, diagnostiquer ses forces et faiblesses, c’est à cet exercice que s’est astreinte Bargach pour son premier long métrage. Les dialogues n’ont pas cessé d’évoluer. L’écriture scénaristique a dû s’accommoder des caprices de La cinquième corde, qui reste un film traitant exclusivement de musique. «Nous avons été obligées de parler de musique de film avant de commencer le tournage. Pour cela, nous avons acheté les droits de diffusion de cinq minutes de musique du Trio Jabrane (luthistes palestiniens). C’est leur mélodie que va jouer le personnage principal (Malek). Nous ne pouvions pas nous permettre de commander une composition, cela coûte trop cher. Nous avons aussi fait appel à Oussama El Moda qui a composé les petits morceaux d’apprentissage… C’est essentiellement de la musique andalouse. Après le tournage, nous allons composer la musique du film, proprement dite».
La cinquième corde a bénéficié d’une avance sur recette du Centre cinématographique marocain (CCM), à hauteur de 4,35 MDH, ainsi qu’une aide de l’Agence de coopération culturelle et technique française et de Global film initiative (USA). Le budget total est estimé à «10 millions de DH, dont 15 à 20% a été dédié à la musique !», confie la productrice.
Tout le monde en place, moteur, silence… Action !
Le premier tour de manivelle de La cinquième corde a été donné le 16 mars. Le tournage du film a débuté à Aïn Diab, à Casablanca, et se poursuivra à Essaouira et à Tanger. L’équipe compte 42 techniciens, 6 comédiens principaux, une quinzaine d’étudiants de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (Isadac) qui se sont prêtés au jeu de la figuration.
«Le tournage ne dépassera pas six semaines», a tranché Rachida Saadi. En effet, le budget serré du film implique de travailler vite. 12 heures de tournage par jour et une moyenne de cinq scènes filmées. La pression est à son comble. Il arrive souvent que l’atmosphère soit tendue. «Je joue le mauvais rôle en ce moment, raconte la productrice. Le plan de travail est pré-déterminé et établi à la minute près. Nous avons pris du retard par rapport à ce qui a été convenu. On m’a demandé de prolonger le tournage à Casablanca de trois jours, je n’en ai rajouté que deux… Je tourne dans une villa qui me coûte 20 000 DH par jour, je ne peux pas me permettre de telles dépenses, il faut penser à la post-production».
Une équipe de tournage est organisée comme une fourmilière. Chacun connaît son rôle par cœur et cela ne s’applique pas uniquement aux acteurs….
«La semaine prochaine, nous irons à Essaouira. Nous allons reconstituer le festival Gnawa. Le régisseur est déjà là-bas. Nous avons prévu quatre jours de tournage. Nous serons, par la suite, à Tanger pour trois jours encore. Il s’ensuivra une semaine de repos avant de commencer le montage qui s’étendra probablement sur deux mois», indique la productrice qui porte ce projet de film avec Selma Bargach depuis près de deux ans.
La réalisatrice voulait une distribution à la hauteur de ses ambitions. Les castings ont fonctionné au feeling. Parfois ça se joue dès la première rencontre ! Ce fut le cas pour Ali Esmili qui interprète le rôle de Malek. Le jeune comédien qui vit à Paris est issu du monde du théâtre et c’est bien la première fois qu’il se met devant les caméras. «Pour moi, c’était le personnage qu’il nous fallait. J’ai ressenti cela dès la première rencontre», confie Saadi. Un bon sentiment confirmé, ensuite, par Bargach !
La cinquième corde, c’est aussi des visages connus. Les spectateurs reconnaîtront, certainement, Hicham Rostom qui incarne le rôle de l’oncle tyrannique (Amir). (L’acteur tunisien s’est distingué dans le film de Nabil Ayouch, Whatever Lola wants). «Il fallait un personnage imposant avec beaucoup de prestance. Nous avons envoyé le scénario à Hicham Rostom qui nous a tout de suite dit oui. Il n’a rien négocié et n’a même pas parler argent !», se souvient Rachida Saadi.
Quant au rôle de la mère de Malek, il devait être tenu au départ par Souad Amidou mais l’actrice n’étant pas disponible, c’est Khouloud qui l’a finalement interprété. La cinquième corde sera prêt pour le festival de Tanger 2011, annonce la productrice.
