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Culture

Nass El Ghiwane, la baraka d’un retour

En 1970, c’est de là -bas que Nass El Ghiwane ont fait entendre le cri de colère d’une jeunesse, d’une génération assoiffée de vie mais engluée dans un modèle traditionaliste de l’éducation.

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Nass el chiwane 2013 07 04

Hay Mohammadi est l’un des plus anciens quartiers de la ville de Casablanca. En 1970, c’est de là-bas que Nass El Ghiwane ont fait entendre le cri de colère d’une jeunesse, d’une génération assoiffée de vie mais engluée dans un modèle traditionaliste de l’éducation. Le contexte politique et social tendu n’aidait pas non plus. Alors, Omar Sayed et ses compagnons ont choisi la voie de la musique engagée pour chanter un mal-être persistant : Nass El Ghiwane sont nés.

L’éclosion du mouvement n’était qu’à ses premiers pas. Aujourd’hui, il rassemble tous les âges. Sa musique a perduré en rassemblant les différences, en chantant les valeurs du partage et du vivre-ensemble.

Le dernier album du groupe s’aligne là-dessus. Intitulé El Baraka, il est attendu dans les bacs cet été et on est loin d’y être dépaysé. Tout l’univers de Nass El Ghiwane est ici : melhoune, âayta, rythme gnaoui, des sonorités imazighen, de la poésie bien ficelée en darija… et, nouveauté, de la chanson en amazigh !
L’album ne marque pas un simple retour. Nass El Ghiwane sont omniprésents sur la scène marocaine. En restant fidèles à leurs couleurs musicales tout en les réinventant, ils refont le pacte avec les amoureux de la chanson engagée. «On a entendu de la chanson en français, en anglais, en arabe classique. Aujourd’hui, on l’entend aussi en darija et en amazigh, puisque ce sont des langues qui nous rassemblent tous au Maroc». Omar Sayed, leader du groupe depuis la disparition de Boujmiî et de Larbi Batma, veut que cet album chante «l’unité du pays, de Tanger à Lagouira, avec sa pluralité amazighe, rifaine, fassie, villageoise…».

Ce sont tous ces rythmes qu’offrira l’album aux mélomanes. Un album de bon augure, de baraka comme le signale son titre. On y entendra du son de qualité bien épurée, avec, pour la première fois, des Ghiwane chantant en amazigh dans la chanson Tidilkt (paume de la main en amazigh). Le travail de longue haleine sur cette chanson comme sur les neuf autres de l’album est le fruit d’une collaboration avec le groupe Izenzaren. Son parolier, le poète Mohamed El Hanafi, a prêté un de ses textes à Nass El Ghiwane pour la chanson.

Les sonorités de l’album El Baraka seront reconnaissables parmi toutes les œuvres ghiwanies. Omar Sayed estime que «Nass Al Ghiwane font de la chanson telle qu’ils la sentent, avec des thématiques prioritairement d’ordre social». C’est ce qui fait que tout le répertoire du groupe peut être écouté sans déperdition. Les sujets d’ordre social et politique sont toujours de mise. Cela mérite d’être accompagné de créations artistiques qui permettent de voir l’envers et l’endroit. Non pas pour crier une colère au plaisir d’en entendre l’écho, mais pour la lucidité qu’il faut pour la réfléchir et la transformer.