Culture
Mehdi Tazi : Mon livre est un espoir pour les jeunes auteurs en quête d’éditeurs
Entretien avec Mehdi Tazi, Photographe blogueur

Le blogueur et photographe Mehdi Tazi a lancé le premier projet d’édition participative au Maroc. Son livre «Bribes de vie», édité en novembre 2009 sur Internet, il le doit en partie aux usagers de Twitter et Facebook, qui ont contribué à sa rédaction et à son financement. Retour sur cette coopérative littéraire avec son initiateur.
Comment définiriez-vous votre expérience ? Strictement «thérapeutique» ? Littéraire également ?
Elle a d’abord été thérapeutique. Pendant deux ans, j’ai écrit sans discontinuer sur le blog http ://passiondcrire.blogspot.com, pour exorciser ma douleur après un divorce pénible. Au fil des mois, je me suis découvert des lecteurs, que j’ai rencontrés, qui m’ont confié leurs propres histoires et aidé à avancer dans ma vie personnelle. L’expérience est devenue littéraire le jour où les lecteurs m’ont proposé de faire un livre. Une idée à laquelle je ne croyais pas beaucoup, jusqu’à la découverte par hasard du site www.thebookedition.com. Cet éditeur français permet à quiconque le souhaite d’éditer un livre à partir d’un fichier Word ou Pdf corrigé et mis en page. Il ne s’occupe que de l’impression et de l’expédition à l’acheteur du livre : il publie le livre dans son catalogue en ligne et l’envoie par poste aux lecteurs qui l’ont commandé.
Combien d’exemplaires de «Bribes de vie» écoulés ?
Au Maroc, 2 exemplaires ont été achetés et 19 par des personnes vivant entre la France et les États-Unis. Les extraits du livre ont été consultés 1511 fois et téléchargés 1137 fois, respectivement sur slideshare.com et feedbooks.com.
L’auto-édition vous permet-elle de vous faire remarquer par les maisons d’éditions «traditionnelles» ?
Aucune maison d’éditions ne m’a contacté. Par curiosité, j’ai contacté un éditeur rencontré lors d’une conférence, qui m’a gentiment découragé et proposé de réécrire le livre dans un format plus «standard». L’idée d’aller voir d’autres éditeurs ne m’a pas traversé l’esprit puisque le projet qui a été lancé en février 2010 est que les fans de la page «Passion d’écrire» financent son édition. C’est le premier projet littéraire de Crowdfunding au Maroc. Il n’est désormais pas possible de voir un éditeur, sans prendre le risque de dénaturer ce projet. Cette aventure littéraire devient par la même occasion celle de toutes les personnes dont les manuscrits ont été rejetés par les maisons d’édition, un espoir à tous les auteurs en quête d’éditeur.
Diriez-vous qu’Internet et la viralité des réseaux sociaux permettent à un jeune écrivain de se faire connaître ?
La réponse est un grand oui. Aujourd’hui, le couple Facebook/Twitter permet aux idées de trouver des personnes qui les partagent et qui les soutiennent. Récemment, un nouveau contact Facebook, «Camélia. I», a partagé ma page «Passion d’écrire» auprès d’une trentaine de ses contacts. Cet encouragement n’est pas le premier à mon égard. Sur les réseaux sociaux, les personnes font partie d’une communauté où l’entraide est très présente.
