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Culture

Mawazine… persiste et signe

Pendant toute la semaine dernière, la ville de Rabat a vécu sur les rythmes du Festival Mawazine Rythmes du monde. Fidèle à sa promesse, malgré quelques changements, la quinzième édition a su contenter les différents goûts, en misant sur quelques nouveautés.

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Saad Lamjarred 6

Pendant Mawazine, Rabat respire le dynamisme. Si les habitants de la capitale préfèrent d’habitude le cocooning douillet aux nuits agitées, l’occasion d’embrasser la diversité artistique de Mawazine les fait déroger à la règle.

En journée, pendant que chacun vaque à ses occupations professionnelles, la Villa des arts rassemblent quelques jeunes fugueurs, se bousculant pour tenter d’apercevoir les stars mondiales qui couchent sur les pages de leurs magazines favoris. Chaque artiste a son fan club bien distinct, assez différencié selon qu’il s’agisse d’une star du hip-hop, d’une icône de jazz ou d’une pop star libanaise. Entre deux conférences de presse, les groupies se séparent avec le souvenir d’un autographe, d’un selfie ou même d’un regard… Mais c’est la nuit que Rabat se transforme en Mecque du mélomane. Sortis de nulle part, où directement débarqués des trains supplémentaires prévus par l’ONCF, des milliers de gens motivés sont dispatchés sur les six scènes du festival. Chacun trouve son bonheur parmi les différentes places: l’OLM Souissi assez vaste pour contenir les strasses et les paillettes, le Bouregreg ouvert sur une belle africanité, le Chellah place du mystique et du spirituel, la Nahda pour des effluves d’Orient, Salé pour les artistes de chez nous et le Théâtre Mohammed V pour des fusions intimistes avec des divas et des ténors.

Quelques changements se sont faits remarquer au niveau de la programmation, cette année. En effet, la scène du Chellah contrecarre le monopole du Festival de Fès sur les musiques sacrées, avec une liste d’artistes exceptionnels. La scène OLM Souissi, par contre, a déçu plus d’un. «Aucun band de rock, aucune légende cette année», nous confie amèrement un sénior de la chronique musicale. «Heureusement pour le coup que la scène Bouregreg est là!», finit-il par se contenter.

Du rap, du jazz et de l’oriental

Besoin de renouveau ? Changement de cible ou autre contrainte ? Qu’importe ! Le public essentiellement jeune, au niveau de cette scène, s’est «éclaté» devant des stars planétaires qui cumulent plusieurs années de visionnement sur leurs chaînes youtube…

Il n’y a pas beaucoup de festivals au monde qui peuvent se targuer de mélanger ainsi les genres. Bien que les scènes soient plutôt éloignées les unes des autres, un mélomane motivé peut se trémousser sur un hip-hop avant de se laisser emporter par la folie d’une basse hantée, ou d’un mawal libanais… pour peu qu’il y ait l’envie.

Quoi qu’il en soit, on a vu Chris Brown ouvrir, de son r’n’b, les festivités de Mawazine devant un parterre de fans en folie. Bad boy bagarreur, mais charmeur, le Breezy s’est déchaîné sur scène, en chantant ses derniers tubes.

Chris-Brown-(9)

Il y avait moins de monde au concert de Rokia Traoré, mais sûrement le nombre qu’il fallait pour permettre à la Bambara de survoler le Bouregreg.

La rappeuse australienne Iggy Azalea a fait monter la température à l’OLM Souissi. Avec  un mini-short noir, des bottes à lacets, un corset et une longue natte : il y avait de quoi créer une polémique semblable à celle de J-Lo. Sa tracklist a repris les plus grands succès pour le grand bonheur de ses fans.

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Une belle surprise a été réservée aux amoureux du grand jazzman Marcus Miller. Lorsqu’un gnaoui rejoint l’artiste, suivi de près par Maâlem Kasri et Mâalem Marchane pour raviver le souvenir d’une fusion à Essaouira. Un moment d’anthologie comme seuls les mélomanes savent apprécier.

Maalem-Hamid-El-Kasri

L’ex-Fugees, Wyclef Jean, y est allé de son show la nuit du dimanche. Avec beaucoup de générosité et de prolixité sur ses réseaux sociaux, le rappeur a tenu à manifester son amour au Maroc, en invitant les Overboys sur sa scène. «Je voudrais changer l’image que l’on se fait de l’Afrique», répétait-il lors de la conférence de presse, organisée la veille. L’artiste s’est essayé à la derbouka et au oud en assurant qu’il ne s’attendait pas à autant de «fun».

Du côté de la scène Nahda, la jolie Myriam Fares a prouvé que ses prouesses vocales n’étaient pas une pure réalisation des studios libanais. Enthousiasmée par l’accueil du public, elle s’est oubliée sur scène pour quelques minutes supplémentaires où elle a glissé quelques chansons pour l’amour du Maroc toujours. Ce géant de la chanson arabe a consolé tous ceux qui n’ont pas eu la chance de voir Kadem Al Saher, produit cette fois dans l’intimité du Théâtre MohammedV.

Myriam-Fares-(23)

Melhem Barakat, tel un roc solide, a repris les tubes que les Marocains connaissent et chantent depuis très longtemps.

«Sapés comme jamais», les fans de Maître Gims se sont bousculés devant la scène, lundi 23 mai, en scandant les tubes les plus connus de cet ancien de la Sexion d’Assaut, envolé de ses propres ailes. Déjà produit à Mawazine, Maîtres Gims, grand amoureux de Marrakech et de ses douceurs, s’est donné en spectacle pour le plaisir d’un fan club hétérogène. Derrière l’euphorie des enfants, beaucoup de parents se sont laissés entraîner par «Bella» et «J’me tire»… Enfin.

Maitre-Gims

[tabs][tab title = »«De Moberg à Leclézio : quand le roman change la vie»« ]Houda Benmansour a été l’invitée de la Fondation ONA pour une rencontre autour du thème «De Moberg à Leclézio : quand le roman change la vie».C’était le 19 mai dernier à la Villa des Arts de Casablanca que la rencontre a eu lieu pour mettre en relief une expérience de lecture personnelle et subjective qui traverse les univers romanesques de plusieurs écrivains appartenant aux cinq continents. De l’altérité, des constellations d’espace, le rapport au monde, l’intégration, Histoires de destins de migrants… Ces différentes thématiques retrouvées dans l’oeuvre de Vilhem Moberg, de J.M.G. Le Clézio, de Miguel de Cervantes, de Virginia woolf, de William Faulkner ou encore Kawabata Yasunari, ont constitué autant de motifs d’introspection que de catalyseur du changement. Pour Houda Benmansour, «peu importe leur espace, ils questionnent de la même liberté, de la même passion, de la même tristesse ou beauté, de l’exil, de l’errance, du déracinement, de l’angoisse de vivre et de mourir finalement…».[/tab][/tabs]