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Culture

Malika Ayane : la diva de la soul qui a enflammé l’Italie

La chanteuse maroco-italienne a réussi un coup de maître en décrochant un disque de platine avec son premier album sorti en 2008.
Soul, pop, jazz…, elle arrive à  fusionner les genres musicaux dans des chansons envoûtantes.
Son premier spectacle au Maroc, le 16 avril, a été un énorme succès.

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De la liberté dans le ton, dans les gestes, dans les mots, dans le regard, dans l’interprétation…, les chansons de Malika Ayane sortent de ses doigts qu’elle ouvre et referme suivant le beat, le rythme. La chanteuse se love autour de son micro, ouvre ses bras généreusement… Elle impose sa voix et sa sensualité sur scène, naturellement. Et si rien ne dépasse, tout déborde !
La lauréate du Prix de la critique musicale du Festival de San Remo en Italie se joue de tout, passe d’un répertoire à un autre, ferme les yeux et semble savourer le bonheur de ces finesses musicales. Un concert plein d’étonnantes surprises. A l’ouverture, elle est en robe moulante et hauts talons, pour habiller une voix de velours. Des cheveux courts, une mèche rebelle, en crête, un tatouage sur le bras…, un look de rockeuse qui tranche avec ses vêtements, mais pas avec ses chansons. Des parades délirantes, des va-et-vient incontrôlables…, la chanteuse sait se mettre en scène, rien ne dénote. C’est d’un double tempérament qu’elle a hérité de ses parents. Née en 1984, d’un père marocain et d’une mère italienne, elle ne pouvait qu’être exubérante. C’était une bouffée délirante sur scène lorsqu’elle s’est produite au Mégarama de Casablanca le 15 avril. Sa voix exceptionnelle lui donne la liberté d’aller et de venir dans le domaine étendu de la musique, l’explorant sans trop se fixer de limites. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu le Prix de la critique musicale au 60e Festival de la chanson italienne de San Remo, en février dernier. Malika Ayane a bousculé les mœurs de ce grand rendez-vous de la chanson italienne qui rassemble des millions de téléspectateurs. Car le vote du public l’excluant de la compétition a été contesté par l’orchestre du jury qui a jeté les partitions musicales, refusant ainsi de jouer. Malika a ainsi repris la place qu’elle méritait. 

Des chansons qui lui ressemblent et qui portent son nom !

Toute la vie de la chanteuse en appelle à la dualité. Par ses origines et par son tempérament.  Ce n’est pas seulement un vent d’Italie qui a soufflé sur Casablanca, ce soir du 15 avril, ce sont deux souffles, distincts dans une voix. «Mes racines sont ici, je le sens profondément même si je ne parle pas très bien la langue. En tout cas, pas encore mais ça va venir ! J’ai très envie de faire une tournée au Maroc», confie-t-elle. En écoutant Malika Ayane chanter, on ne peut pas s’empêcher de se rappeler les paroles du chanteur italien célèbre, Paolo Conte. «Sa voix, avait-il dit, a le goût d’une orange amère, à la fois suave et épicée !».

Elle chante en italien et en anglais

Dès le premier album, elle est confirmée dans son statut d’artiste. Il porte son nom : Malika Ayane. «Les compositions musicales, les chansons de cet album que de grands musiciens italiens ont composé pour moi me ressemblent tellement. J’étais complètement dedans en les interprétant. Je me suis reconnue dans ce monde musical, j’y ai posé ma voix qui a trouvé parfaitement sa place», raconte-t-elle. Malika chante ce qui lui ressemble, elle écrit aussi, mais, pour elle, l’écriture n’est jamais un acte gratuit. «J’écris plus pour les autres que pour moi. Quand je le fais, ce n’est pas pour le simple plaisir d’écrire, c’est parce que j’ai envie d’exprimer des choses».
De la soul, coulant comme une fontaine, parfois des notes jazzy, la chanteuse habille sa voix d’orchestrations de cordes, violoncelle, guitares et une pointe de fantaisie. Les Français l’appellent la diva de la soul. Pourtant, lorsqu’on l’écoute, on est un peu désarçonné ! On a du mal à se repérer, la  chanteuse n’est pas de celles qu’on classe dans des tiroirs musicaux. Elle est à la limite des genres, les confond, les mélange. Elle s’amuse de la pop et de la soul comme un chimiste, dans un savoureux dosage. Sa voix monte, descend… Une voix acrobate capable de dérider les émotions ! Malika rompt tout simplement avec ce qui est supposé être et arrive souvent par là où on ne l’attend pas. Elle passe d’un extrême à un autre et ne connaît pas de demi-mesure. Sa voix a éclaté lorsqu’elle a interprété sa chanson fétiche «Sospesa». Son concert évoluait rapidement, ne laissait de temps ni à l’ennui ni à la répétition. Elle changeait souvent de répertoire, de langue (elle chante également en anglais), se jouait des rythmes, refusait la monotonie. La chanteuse siffle, s’amuse sur scène en chantant Feeling better. C’est tout ce qu’elle aime faire, se divertir elle-même. «J’aime chanter des choses différentes. J’ai aussi chanté pour des publicités. Cela m’amusait beaucoup. C’est comme porter un masque, l’enlever…». Derrière la timidité de cette jeune femme, beaucoup de jeu, des rires, de la joie. Elle aime essayer, découvrir. Les références de la chanteuse sont multiples. Elle est multiple. «Jouer toute sa vie la même musique, dit-elle, c’est comme épouser le premier mec que l’on rencontre sur son chemin, et passer sa vie avec lui… Chaque musique m’enrichit davantage. J’écoute le jazz de Billie Holliday, d’autres jours c’est le rock ou du Beethoven… Chaque jour est différent et chaque jour m’apporte une nouvelle inspiration».
La dernière note du concert n’a pas fini de résonner sous les doigts des musiciens que des applaudissements éclatent dans la salle. La chanteuse est rappelée, elle revient sur scène. «J’ai trouvé le public marocain très chaleureux, j’ai envie de revenir», dit-elle, émue. Cavalcades rythmiques des guitares voluptueuses, arpèges de violoncelle, admirablement frotté par Giulia Monti, le concert de Malika est une île musicale qui nous a fait planer dans l’éther.
Malika Ayane a grandi à Milan où elle fréquenta le conservatoire de musique dès l’âge de 10 ans. Elle commence par apprendre à jouer au violoncelle avant de laisser éclater sa voix. Elle débute dans la chanson avec le groupe vocal du théâtre de la Scala Coro di Voci Bianche (toujours à Milan), qu’elle ne quittera qu’en 2001. C’est au sein de cette formation musicale que la jeune chanteuse se distingue et développe son talent de soliste. En 2003, elle participe à la création du réseau Music Organiz Action Music, spécialisé dans la composition de musiques pour défilés. Elle commencera d’abord par interpréter des chansons pour des campagnes publicitaires, ce qui la mènera, par la suite, à faire de belles rencontres. En effet, Malika se fait remarquer par la productrice d’Andrea Bocelli, la célèbre Caterina Caselli du label indépendant Sugar Music. Impressionnée par son talent, la productrice décide de l’accompagner dans la réalisation de son premier opus simplement baptisé «Malika Ayane» qui sort en 2008. A cet album s’associent Ferdinando Arnò et d’autres grands noms de la musique italienne et internationale. Malika surfe sur plusieurs répertoires. De la soul, du R’NB, elle s’est même essayée au jazz. Il faut dire que sa voix s’y prête ! Elle chante en italien et en anglais. Parmi ses titres phare : «True life», «This is how you live» et «Feeling better» qui lui ont permis d’augmenter sa cote de popularité en Europe. Parmi les titres italiens qui l’ont propulsée, il faut citer «Sospesa». Mais l’une de ses plus belles interprétations fut en compagnie du chanteur italien Pacifico. Les deux chanteurs ont interprété «Fandango» composé par Paolo Conte. Son album sera écoulé à plus de 90 000 exemplaires en l’espace de quelques mois et lui vaudra ainsi un disque de platine. En février 2009, la chanteuse se présente au Festival de San Remo avec son titre «Come foglie», écrit par Giuliano Sangiorgi. Le succès est énorme. Son single est classé premier au top iTunes et entre au top 40 de l’European Hot 200. En janvier 2010, la chanteuse enregistre une reprise du tube de Nicola Di Bari «La prima cosa bella» pour la bande originale du film éponyme de Paolo Virzì. Récemment, Malika a enregistré un titre avec Andrea Bocelli. Il s’agit d’une reprise de «Blue Christmas» d’Elvis Presley. A écouter absolument.