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Culture

Les nuits magiques de Timitar IV

Du 4 au 7 juillet, à  Agadir, se
produira Timitar dans son quatrième
habit de lumière. 34 concerts et 400
artistes enchanteront la place Al Amal
et la scène Bijaouane
Musique
amazighe, salsa, raï, reggae, protest
song, zouk…, le mélange des genres
qui a fait le succès des trois premières
éditions est reconduit.

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Il existe en plein coeur d’Agadir, la ville o๠poussent les grues de chantier, comme ailleurs les palmiers, un festival que leMaroc entier peut jalouser. Modèle artistique et logistique, Timitar aura 4 ans aux prochaines moissons. Implanté au début de l’été, ce qui, tout compte fait, correspond aux senteurs incandescentes qu’il exhale, il s’établit, cette année sur quatre jours, deux sites, 400 artistes, pour un budget global de 8 MDH (dont 3MDH provenant de la Région Souss-Massa-Drâa).

Mis en oeuvre par une poignée de battants, qui lui impriment annuellement dynamisme et sagacité, le bilan de Timitar est plus que satisfaisant. «Nous sommes les premiers surpris par l’ampleur que prend notre festival. A chaque édition,nos objectifs les plus optimistes se trouvent dépassés. En 2006, par exemple, nous attendions au mieux 400 000 visiteurs, et ce sont 800 000 qui sont venus. De plus,nous avons senti un réel soutien des médias nationaux et internationaux, qui ont compris notre vocation de passeurs et de découvreurs», se réjouit Abdellah Rhallam, président de l’AssociationTimitar.

Si la réussite d’une manifestation se mesure à  l’aune de son retentissement médiatique, on est fondé à  dire que Timitar, plus qu’un succès, est un triomphe. L’année dernière, pas moins de 200 articles lui ont été dédiés. Tous élogieux. Même Le Monde, qu’on ne peut soupçonner de complaisance, lui a troussé un joli compliment. «Plus de cinquante groupes se sont succédé cette année. Des chanteurs, des musiciens amazighs toujours très attendusÂ…

mais surtout une palette impressionnante d’artistes extérieurs faisant de ce festival le plus important rendez-vous des musiques du monde auMaroc », peut-on lire dans sa livraison du 18 juillet 2006.

De fait, les motifs d’engouement ne manquent pas. Au premier chef, le pari affirmé, et tenu, de ne pas céder aux caricatures commerciales du genre, qui consistent à  miser sur n’importe quoi, pourvu qu’on flatte le goût du public. Pour éviter cet écueil,Timitar s’impose le devoir de fuir le toutvenant. A ce principe, le directeur artistique, Brahim El Mazned, ne dérogerait jamais, contre vents et marées. «Certains de mes choix au détriment d’autres sont discutés par l’équipe dirigeante avant d’être acceptés. Je ne m’en formalise pas,mais je les soutiens mordicus, dans l’intérêt de ce festival, que je ne tiens pas à  transformer en un fourre-tout racoleur. Notre mission est aus- Les nuits magiques de Timitar IV Du 4 au 7 juillet, à  Agadir, se produira Timitar dans son quatrième habit de lumière. 34 concerts et 400 artistes enchanteront la place Al Amal et la scène Bijaouane Musique amazighe, salsa, raà¯, reggae, protest song, zouk…, le mélange des genres qui a fait le succès des trois premières éditions est reconduit. Brahim El Mazned a sa religion là -dessus. «Devoir d’exigence et souci de l’éclectisme ne sont pas incompatibles. A condition de ne pas flatter le mauvais goût, il faut satisfaire tous les goûts. AAgadir, comme ailleurs, il n’y a pas un public, mais des publics. Il importe qu’ils soient tous de la fête, ausi éducative :mettre en lumière des pans de notre patrimoine musical, ouvrir les yeux des gens sur les musiques d’ailleurs, accompagner et révéler des musiciens en herbe», affirme-t-il. Tout en étant exigeante, la programmation n’en est pas moins éclectique. Ce qui, à  première vue, déconcerte.

trement, on verserait dans le sectarisme », justifie-t-il. D’oà¹, dans les trois dernières éditions, la répartition des spectacles sur trois sites : Place Al Amal, destinée au grand public, le théâtre de verdure, abritant des concerts confidentiels, et la scène Bijaouane, dédiée à  la nouvelle vague musicale.

D’emblée, ce cloisonnement est rompu par les visiteurs qui,mettant en veilleuse leurs sensibilités, naviguent entre les sites comme entre autant de récifs jouissifs.Manière de ne pas perdre une miette du gâteau. Et ce n’est pas pour rien queTimitar a rendu hommage au public sur l’affiche de sa quatrième édition. Il est l’une de ses satisfactions et attractions. Car, non seulement il répond massivement présent chaque saison, mais il prend part, d’intense manière, aux spectacles.

Manu Dibango, Gilberto Gil, Africando, trois des multiples attraits de la 4e édition

Cette année encore,Timitar surfe sur le mélange des genres dont il s’est fait une règle de conduite : musique amazighe, salsa, raà¯, reggae, protest song, zoukÂ… Deux thèmes inédits émergent discrètement : la musique issue de l’immigration amazighe et plus largement maghrébine (les Boukakes, Ibdassaà¯d, Aza,Djamel, Laroussi,Khalid Izri, DJawal, U-CefÂ…) ; le retour à  la scène de groupes disparus momentanément, dont celui de Nass El Ghiwane est le plus illustre exemple. Ce dernier constitue l’un des arguments majeurs deTimitar IV, édition profuse en concerts décoiffants, électrisants, riche en artistes époustouflants. A l’image de Manu Dibango, le toujours souriant poète du saxo ; l’immense et très engagé brésilien, Gilberto Gil, ou encore le sextuor Africando, venu du Sénégal pour embraser le public avec sa salsa torride. Il fera très chaud le soir à  Agadir, n’emportez surtout pas vos éventails, vous transpirerez mieux !