Culture
Les budgets investis par les tournages des productions étrangères en hausse de 47% en 2018
Les longs métrages, les séries télévisées, les vidéoclips et les spots publicitaires ont bénéficié des plus importantes croissances de budget investi au Maroc. Le budget global investi en 2018 a été atteint à 91% à fin août 2019. Dans la musique, les artistes marocains enregistrent leurs œuvres en France pour assurer une redistribution juste des droits d’auteur.
Environ 731 millions de dirhams, c’est le budget investi par les productions étrangères en 2018, selon le CCM (Centre cinématographique marocain). Ce chiffre est en hausse de 47% par rapport à 2019. La subvention d’investissement de tournage de 20% pour les étrangers, entrée en vigueur en octobre 2017, en est sûrement la principale raison. Cette subvention tant attendue par l’écosystème cinématographique et audiovisuel marocain arrive à point nommé. Les productions américaines ont eu une part conséquente du gâteau. Khadija Alami, productrice marocaine, a pu convaincre deux producteurs de séries américaines et britanniques de tourner au Maroc. «Il s’agit du tournage global (intérieur et extérieur) de la saison 1 de ‘‘Baghdad Central’’ pour Channel 4 alors qu’on se contentait auparavant du tournage des extérieurs et de la saison 8 de Homeland pour Fox 21st», déclare Khadija Alami. D’après Sarim Fassi Fihri, directeur du CCM, la performance de 2019 sera encore meilleure. «Le budget global investi en 2018 a été atteint à 91% à fin août 2019. Cela représente une augmentation des investissements de plus de 50% en comparaison avec la période à fin août 2018», dit non sans fierté M. Fassi Fihri.
Le Maroc plus compétitif que la Hongrie
Après Game of Thrones, Mission impossible 3 et 007 skyfall… The Last Planet, le Dernier voyage de Paul WR, Blue Bayou, le Bureau des légendes et Fertile Crescent… sont les longs métrages en cours de tournage au Maroc. Notre pays est donc «film-friendly», c’est-à-dire qu’il sait accueillir et attirer les tournages étrangers. «Outre la subvention améliorée sans limite de plafond, les formalités allégées et les remboursements à temps permettront d’attirer plus de longs métrages au Maroc avec des budgets conséquents. Les retombées permettront de réaliser une importante rentrée de devises. Il faut noter que les investissements des tournages sont entièrement dépensés au Maroc. Enfin, la formation professionnelle d’une nouvelle génération de techniciens serait tout autant bénéfique pour le pays», ajoute Mme Alami. Mais la concurrence demeure rude dans le secteur audiovisuel mondial. Des pays tels que la Hongrie offrent jusqu’à 30% de retour sur investissement. D’autres critères sont à prendre en compte, selon M. Fassi Fihri. «Les critères d’éligibilité hongrois sont beaucoup plus restrictifs que les nôtres : ils s’appuient sur des exigences culturelles alors que nos exigences sont liées principalement à la création d’emplois. De plus, nos ressources humaines sont des travailleurs indépendants munis de patentes. Leurs salaires ne sont donc pas alourdis de charges sociales. Enfin, les productions étrangères sont exonérées de TVA sur les biens et services dès la facturation, ce qui complète le dispositif de soutien. Même avec 20% de subvention, nous pouvons rester compétitifs», assure M. Fassi Fihri.
Dans la musique, une érosion des investissements vers l’étranger
Dans la musique, le tournage de vidéoclips étrangers a bénéficié, pour sa part, d’une croissance de 170% des budgets investis pour un total de 4,4 MDH. L’atout du Maroc : une richesse culturelle non encore surexploitée, des frais de tournages compétitifs (location de matériel, logistique…) et des producteurs et artistes qui s’exportent. C’est le cas de l’artiste et producteur Redone qui a fait venir des Etats-Unis des stars au Maroc tels que Pitbull, Daddy Yankee, French Montana… «Ce phénomène de développement de l’industrie audiovisuelle au Maroc date de 2011. A l’époque, l’Egypte et le Liban étaient les seuls grands acteurs du domaine. Aujourd’hui, le Maroc compte dans l’industrie audiovisuelle arabe et internationale. Et ce n’est que le début. Nous avons aussi bénéficié des effets du printemps arabe sur l’économie égyptienne, mettant pour la première fois le Maroc sous les feux des projecteurs», déclare Ahmed Zaid, producteur et propriétaire de Max Team production à Oujda. Seul bémol, si le Maroc arrive à attirer des tournages étrangers, il subit une érosion des investissements réalisés par les artistes marocains vers les pays étrangers faute d’obtention effective des droits d’auteur. «Les artistes marocains préfèrent aujourd’hui enregistrer leurs chansons en France. Et pour cause, le SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) à but non lucratif protège les droits d’auteur en France et collecte, moyennant une commission, leurs droits en France et les redistribue aux créateurs français et internationaux. Au Maroc, le BMDA (Bureau marocain des droits d’auteur) est défaillant. C’est la raison pour laquelle les investissements et les revenus des artistes marocains sont engrangés à l’étranger», renchérit M. Zaid. En attendant une structuration du secteur, les artistes marocains continuent à exporter leurs efforts ailleurs, là où ils peuvent en percevoir les bénéfices.
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[tab title=”Le Maroc cité en exemple ” id=””]D’après une étude publiée en septembre 2019 par le cabinet Olsberg Spi à Londres sur les meilleures pratiques dans le développement du secteur audiovisuel, le Maroc a été cité comme exemple des bonnes pratiques dans l’accueil des productions étrangères. Le Maroc figure dans ce classement avec trois autres territoires ; l’Uruguay, la Jordanie et l’Etat du Nouveau Mexique. «Parmi nos forces, l’étude énumère la stabilité politique, la variété des sites de tournage, nos ressources humaines et leur expertise, sans omettre l’engagement de l’Etat et de l’administration pour faciliter l’accueil des tournages», déclare Sarim Fassi Fihri, directeur du CCM.[/tab]
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