Culture
Les anciennes médinas dans l’air du temps
A Fès, Casablanca, Marrakech ou encore Rabat et Essaouira, les anciennes médinas de plusieurs villes du pays sont en cours de réhabilitation. Médersas, fondouks, ponts, souks, tanneries et bordjs ont été restaurés. Un chantier qui vise aussi bien la préservation du patrimoine architectural que l’amélioration des conditions de vie des habitants.
Avril dernier, l’ancienne médina de Fès a fait l’objet d’une visite royale. SM Mohammed VI s’y est rendu pour voir de près les sites restaurés, dans le cadre des programmes de réhabilitation et de mise en valeur de l’ancienne médina de la ville de Fès. Un chantier encore en cours puisqu’un programme complémentaire de mise en valeur de la médina de Fès (2018-2023), d’une enveloppe de 583 MDH, «vise à restaurer 11 monuments historiques et sites emblématiques, 10 lieux de culte, 37 lieux de bien-être, et à réhabiliter 39 lieux d’artisanat et de commerce traditionnel, à améliorer le paysage urbain et le cadre bâti (15 sites)». C’est dans ce cadre-là que le musée d’Al Batha va être restauré et que le musée de la culture juive va être construit.
Un patrimoine de l’Humanité valorisé
Des réhabilitations qui font suite à une série de programmes qui ont eu lieu entre 2013 et 2018 et qui ont ciblé la plus célèbre des médinas du pays, inscrite par l’Unesco, depuis 1981, au patrimoine mondial de l’Humanité. 27 monuments historiques, notamment des médersas, des fondouks, des ponts, des souks, des tanneries et des bordjs ont ainsi été restaurés. Il a été procédé à la réhabilitation et la restauration des anciennes médersas de Fès (médersa Mohammadia, Seffarine et Bouaanania). Après leur ouverture, elles servent aujourd’hui à l’hébergement et à l’enseignement d’étudiants de l’Université Al Quaraouyine. Des opérations qui ont bénéficié à pas moins de 1600 personnes, entre artisans, commerçants et étudiants, et permis le traitement de plus de 2 200 édifices menaçant ruine dans l’ancienne médina de Fès. Première attraction touristique de la ville de Fès, l’ancienne médina renforce ainsi ses circuits touristiques et les embellit en intégrant ces différents monuments restaurés. L’ancienne médina de Rabat, la capitale administrative du Maroc, bénéficie également d’un programme complémentaire de valorisation avec une enveloppe budgétaire de 325 millions de dirhams. Il portera sur «l’aménagement de la Place Bab El Had et des places proches du marché central, le renforcement du système de signalisation, la mise en place de plate-formes interactives d’informations touristiques, le revêtement des ruelles et la création de deux parkings souterrains à Bab El Had et Bab Chellah, d’une capacité totale de 1 090 places», indiquait le ministre de l’intérieur Abdelouafi Laftit, lors du lancement du programme. Une initiative qui complète les autres actions entreprises dans le cadre des programmes «Rabat ville lumière, capitale marocaine de la culture» et qui ont permis, selon le ministre de l’intérieur «la restauration de remparts, de portes historiques, de mosquées et zaouiyas, la réhabilitation des fondouks traditionnels, la réalisation de terrains de proximité et d’espaces verts, outre le traitement des édifices menaçant ruine».
Marrakech a également profité de ce chantier royal de restauration des anciennes médinas. D’ailleurs, la ville ocre bénéficie d’un nouveau programme de mise en valeur de l’ancienne médina de Marrakech (2018-2022), doté d’une enveloppe de 484 millions de dirhams. «Ce programme prévoit notamment la valorisation des monuments historiques, le renforcement du système de signalisation et du réseau d’éclairage, la mise en place de plate-formes interactives d’informations touristiques, et l’aménagement d’espaces publics et de 6 parkings, dont deux souterrains», expliquait alors Mohamed Sajid, ministre du tourisme. Marrakech avait bénéficié dans le cadre du programme «Marrakech, cité du renouveau permanent» et de celui relatif à la lutte contre l’habitat menaçant ruine, «au traitement de plus de 4 000 édifices, la réhabilitation des quartiers El Mellah, Ezrayeb, du cimetière «Achouhada», ainsi que la mise en valeur des circuits touristiques et spirituels de l’ancienne médina de Marrakech».
L’ancienne médina de Casablanca n’est pas en reste. Le programme de réhabilitation de l’ancienne médina a débuté, en 2010. Une première phase, qui a duré cinq ans, a permis «la mise à niveau des infrastructures des réseaux d’assainissement, d’eau et d’électricité, la restauration des murailles, des équipements et des places». Cette première phase a également vu la restauration des monuments de l’ancienne médina : la synagogue Ettedgui, le mausolée Sidi Allal Al Karaouani et l’église Buenaventura qui a été reconvertie en maison de culture. Des structures socioéducatifs ont été mises à niveau ou construites comme c’est le cas pour la maison des jeunes et foyer féminin «Derb Cadi». Aujourd’hui, le programme de réhabilitation de l’ancienne médina de Casablanca est dans la phase de restauration des habitats menaçant ruine.
Tétouan, Essaouira et les autres…
L’année dernière a vu le lancement de deux programmes de réhabilitation et de valorisation des anciennes médinas de Salé (900 MDH) et de Meknès (800 MDH) et de deux autres programmes complémentaires pour les anciennes médinas de Tétouan (350 MDH) et Essaouira (300MDH). Des programmes qui ont été dévoilés le 23 octobre dernier lors d’une cérémonie de présentation présidée par S.M. Mohammed VI à Marrakech. «Le programme, qui s’étalera sur cinq ans, vise non seulement à mettre à niveau ces anciennes villes pour en faire de véritables pôles touristiques et économiques mais aussi à améliorer les conditions de vie de leurs habitants et les revenus des artisans», avait alors déclaré le ministre de l’intérieur, Abdelouafi Laftit.
Quatre axes de réhabilitation ont été retenus pour les quatre villes. «Le premier concerne la mise à niveau des infrastructures et la mobilité urbaine. Le deuxième axe comprend le traitement des édifices menaçant ruine, notamment les murailles, les portes historiques ou encore les “fondouqs”. L’accessibilité aux activités sociales est prise en compte dans le troisième axe. Enfin, le quatrième axe porte sur l’attractivité économique et touristique de la ville en rénovant les ruelles commerçantes, les kissarias et les foundouqs, mais aussi en mettant en place deux parcours touristiques qui traversent tous les monuments historiques de l’ancienne médina» , a ajouté le ministre de l’intérieur.
Rachid Bahloul