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Culture

Les Alizés soufflent la bonne musique

Du 16 au 19 avril, s’est tenu à  Essaouira le Printemps des Alizés.

Une programmation raffinée, tout en Å“uvres majeures, baguettes magiques, solistes rares et voix aériennes.

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Dès sa naissance en 2001, le Printemps des Alizés s’est inscrit en exacte antithèse des grosses cylindrées musicales. D’abord, en célébrant un genre, la musique classique, trop savant pour rallier des adeptes. Ensuite, en s’interdisant de racoler les foules par force barnums promotionnels. Enfin, en élisant domicile dans une ville, Essaouira, située au diable vauvert. Ce qui n’empêche pas les amoureux de la grande musique d’être toujours précis au rendez-vous. Il faut dire qu’il sont récompensés de leur peine, tant cette rencontre, bien qu’impécunieuse (au mieux 1,5 MD de budget), déborde de moments de grâce et de jubilatoire émotion. Grâce à une programmation sans cesse raffinée. Cette année, on a eu droit à une foison de monstres sacrés, ainsi qu’à une cinquantaine de concerts dirigés par des baguettes passionnantes (Julien Leroy, Aurélien Azan Zielinski, Michel Piquemal…). Les solistes étaient au diapason des chefs d’orchestre : Antoine De Grolée (piano), Hélène Clément (alto), Pierre Fouchenneret (violon), Florian Frère (violoncelle), Madjid Khaladj (tombak)… Quant aux voix (Bassey, Jalila Bennani, Sandrine Eyglier, Clémentine Margaine…), elles nous faisaient littéralement voguer sur des sphères éthérées.

Un seul bémol, le départ annoncé du maître d’œuvre M. Ennaji
Chaque concert apportait un soleil différent. Le Chœur des Trois Cultures, bien qu’ayant affaire à ces fortes parties que sont Rossini et Laurent Couson, a été, une nouvelle fois, prodigieux.
Encore plus palpitante, la prestation du Chœur d’enfants du Maroc et de l’orchestre d’enfants de France, deux ensembles qui, non seulement ont répandu une fraîcheur délicieuse, mais se sont surpassés aussi bien dans la création pour chœur et orchestre du sublime Nigérien Bassey que dans l’interprétation de Schubert, Tchaïkovsky et Mortimer. Excusez du peu ! Rien que pour admirer ces prodiges, Essaouira aurait valu le voyage. Ceux qui l’avaient accompli n’en pensaient pas moins, et le faisaient entendre. Auront-ils, dans l’avenir, l’aubaine d’être baignés des lumières du Printemps des Alizés ? Le doute est permis. Car son créateur, inspirateur et organisateur, Mohamed Ennaji, a décidé de jeter l’éponge. Esseulé, constamment trahi par des sponsors qui poussaient le cynisme jusqu’à se désengager au dernier moment (d’où le déficit, cette année, de
700 000 dirhams) et ne supportant plus de vivre des «cauchemars» répétitifs, il a rendu son tablier, sans regret.