Culture
Le Tanjazz boucle ses 20 ans sur fond de générosité
Le Tanjazz 2019 s’est déroulé durant 8 jours au lieu de 4. Les artistes présents ont montré leur satisfaction de l’évolution qu’a connue le festival. Lors de cette 20e édition, le public de Tanjazz a rempli sa case.
Pour son 20e anniversaire, le Tanjazz a fait le pari de la générosité à l’égard de son fidèle public. Ce dernier s’était habitué à un voyage dans l’univers du jazz, ainsi que ses sous-genres, pendant quatre jours. L’édition 2019, elle, qui s’est déroulée du 15 septembre au 22 septembre à Tanger, a duré huit jours.
Au programme, plusieurs artistes venus de plusieurs contrées pour célébrer deux décennies d’existence de ce festival qui a réussi à se positionner parmi les plus belles affiches du jazz dans le monde. Parmi eux, ceux qui sont devenus des incontournables de ce festival tangérois, mais également d’autres qui y ont participé pour la première fois. Nombreuses également sont les scènes qui ont accueilli les festivaliers.
En effet, ces scènes ont été réparties à travers la ville, en plus du palais Moulay Hafid, se trouvant au quartier Merchane. Ce qui fait que, naturellement, le nombre de spectacles a augmenté par rapport aux éditions précédentes.
«Une évolution extraordinaire»
Nina Van Horn, la Texane, blues-woman franco-américaine, que nous avons rencontrée avant son premier concert, en est à sa quatrième participation au Tanjazz lors de cette édition à travers deux spectacles : le vendredi 20 septembre au Palais Moulay Hafid et le samedi 21 en ville.
Cette artiste, qui compte environ 50 ans de carrière, nous a assuré que le Tanjazz a, depuis son lancement en 1999, connu une évolution «extraordinaire, et ce grâce notamment à l’intégration dans le programme de toutes sortes de musiques. Ce qui est une preuve d’ouverture», développe-t-elle.
Pour sa part, Ronald Baker, chanteur et trompettiste de «The Swing Messengers», qui est à sa huitième participation au Tanjazz, nous a expliqué sa perception de l’évolution du festival depuis sa naissance. «Ce festival a commencé petit. Mais au fil des éditions, il a grandi et on est tellement content de le voir à chaque participation», nous dit cet Américain installé depuis fort longtemps en France.
Abdelkader El Khelify, alias Mealem Haddada, est un gnaoui et fils de la ville. Il a également son mot à dire quant à l’évolution de ce festival. «Le festival a commencé petit. Son fondateur l’a adopté et l’a fait grandir d’une année à l’autre», a-t il confié. Selon lui, «pour les Tangérois, ce festival s’apparente à un moussem, et ils l’attendent parce qu’il est devenu une fierté pour la ville».
Le rapport avec le public
Lors de cette 20e édition, le public a répondu présent, comme à son habitude. Selon Ronald Baker, «en termes d’échange avec le public, c’est toujours intéressant parce que nous n’avons pas l’habitude de jouer devant un public assis ou allongé pour écouter notre musique». L’artiste américain, accompagné de sa troupe, a joué, lors de ces deux spectacles, à l’auditorium. Une salle, se trouvant au sein du palais Moulay Hafid, où le public a la possibilité de s’asseoir ou de s’allonger pour assister au spectacle.
Il nous explique également que le message de la musique qu’il joue est de «répandre le sourire, car c’est une musique qui a été mise en place par les Noirs américains dont la vie n’a pas été facile. En jouant cette musique, ils étaient heureux».
Et d’ajouter: «Beaucoup de gens estiment que le jazz n’est accessible que pour les élites. C’est complètement faux». Rendre accessible le jazz au public est «un des devoirs des artistes», estime Nina Van Horn. Comment ? «En expliquant, à travers la musique que nous jouons, les différentes émotions : la tristesse ou encore la gaieté». Pour elle, il faut «insérer le public dans l’histoire, et ce, à travers les paroles en particulier».
A propos de sa propre méthode, l’artiste franco-américaine se confie: «J’observe les gens et j’essaye de voir comment ils réagissent au fur et à mesure du déroulement du spectacle, en vue de trouver la connexion avec eux». Pour Maalem Haddada, qui avait partagé la scène avec le grand Jazzman américain Randy Weston au Tanjazz en 2001, le rapport avec le public peut se résumer à la capacité de l’artiste à «transmettre son énergie».