Culture
Le Petit Prince, le désert et la culture hassanie
Lundi 18 décembre, l’Institut du Monde Arabe, à Paris, recevait «Saint-Exupéry et la sagesse des sables»: un événement organisé par la Fondation Phosboucraa pour la promotion de la culture hassanie. Une riche conférence sur le thème a été suivie d’un concert.

Que de bons mots au sujet du poète aviateur! Comment peut-il en être autrement ? L’événement «Saint-Exupéry et la sagesse des sables» s’est attelé à chercher, dans son expérience marocaine, les origines de son génie, de ses idées universelles et humanistes.
Ce 18 décembre, à l’Institut du Monde Arabe, a réuni des inconditionnels de l’auteur du Petit Prince, venus lui rendre hommage dans une ambiance de fête. L’événement a été organisé par la Fondation Phosboucraa, qui œuvre pour la promotion de la culture hassanie, en partenariat avec le CNDH et la Fondation Antoine de Saint-Exupéry. Cette initiative culturelle s’inscrit dans le cadre d’une dynamique d’animation et de développement territorial des régions du Sud du Maroc, régions à forts potentiels.
Pour rappel, la version hassanie du «Petit Prince», initiée par la Fondation Phosboucraa, est la 300e traduction au monde du chef-d’œuvre de Saint-Exupéry.
En mots et en musique
La conférence a donné la parole à Jean-Pierre Guéno, écrivain, directeur d’éditions et homme de radio. Il a écrit «La Terre en héritage Antoine de Saint-Exupéry : Sauver la planète du Petit Prince» aux Éditions Jacob-Duvernet. Thomas Fraisse est licencié en philosophie et sensible à la poésie. Motivé par l’aviateur poète, il a écrit «Antoine de Saint-Exupéry, l’oasis à conquérir» aux Editions Transboréal. Frédéric Coconnier est journaliste et homme de radio. Il a réalisé un grand reportage sur Saint-Exupéry, avant d’écrire «Saint-Exupéry, une aventure marocaine», paru aux éditions La Croisée des Chemins. Fouad Laroui, Goncourt de la Nouvelle, a quant à lui défendu dans ses chroniques hebdomadaires la trace marocaine dans l’œuvre de Saint-Exupéry.
Cette conférence de choix a été couronnée par un programme artistique, fait de chants et de poésie, avec la chanteuse Oum, le groupe de Sallam Yamdah, plus connu sous le nom Mnat Aichata, le poète et chercheur en culture hassanie Taleb Bouya Laatigue, ainsi que le musicologue Ahmed Aydoun, qui a donné une présentation sur la musique et la poésie hassanies.
Leçons du désert
«Le Petit Prince» et «Citadelle» sont les livres de Saint-Exupéry où l’empreinte marocaine est la plus visible, nous dit-on à la conférence. Si l’auteur humaniste s’est forgé une expérience et une philosophie, tout au long de sa vie, son passage par le désert marocain, lorsqu’il prend poste à Cap Juby, façonne manifestement sa vision du monde, de lui-même puis de l’autre. «Ce qui est étrange dans le désert, c’est qu’on y voit ce qu’on veut y voir et la première chose que Saint-Exupéry va découvrir dans le désert, face à l’immensité des dunes, c’est lui», affirme Fréderic Coconnier, parti sur les traces de Saint-Exupéry, dans le désert marocain. «En fait le message de Saint-Exupéry, face au désert de sa planète, c’est que quiconque accède à la contemplation se change en silence», corrobore Jean-Pierre Guéno.
Fouad Laroui dit avoir mis quarante ans pour comprendre Le Petit Prince. «Ce livre pour enfants nous dit qu’on ne peut comprendre le monde en faisant uniquement des équations, mais surtout en gardant l’être au centre de tout. Et c’est le propre de la culture hassanie: elle n’a pas oublié l’être», explique-t-il.
Pour Thomas Fraisse, la pensée ‘‘exupérienne’’ nous rappelle à la responsabilité de chacun face au monde et à la primauté de la sensibilité et la dignité sur le matériel. Et «quand Saint-Exupéry plaide pour l’enfance, pour que chacun d’entre nous préserve son regard d’enfant, ce n’est pas une pensée mièvre. Cela veut dire que vous devez considérer chaque aube qui se lève comme un jour tout neuf, du tout premier matin du monde», ajoute Jean-Pierre Guéno.
