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Culture

Le Festival des Musiques sacrées de Fès… prières et paix

30 juin, clôture en beauté de la 24e édition du Festival de Fès des Musiques sacrées, sur le Soweto Gospel Choir venu d’Afrique du Sud, après une dizaine de jours de liesse et d’effervescence dans toute la ville.

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Festival FES

Malgré la concurrence et les appels à la fête dans toutes les villes du Royaume, un public de fidèles s’est rendu sans hésitation à la capitale culturelle, pour célébrer les Musiques sacrées du monde et se reconnecter à la spiritualité, mais aussi à la joie et aux réjouissances qu’offre le quotidien dans la cité impériale. Il faut admettre que ce festival n’aurait pu trouver meilleur écrin que cette ville classieuse, dont la médina retient tant de beautés ancestrales, tout en demeurant un lieu de vie, de commerce et de communion. Heureux étaient donc ces locaux et ces visiteurs qui vaquaient en journée à des plaisirs divers, à des balades hors du temps dans d’antiques ruelles, ou à des achats intempestifs, pour se préparer à des moments de recueillement, de félicité ou d’euphorie, selon les scènes qu’ils ont choisies d’honorer.

Moments de grâce

C’est dans le majestueux espace de Bab El Makina que l’on découvre les têtes d’affiche du festival. Le cœur balance entre l’enfant prodige de la Tunisie, grand maître du oud, Dhafer Youssef, venu présenter son dernier album «Diwan of Beauty and Odd» et l’artiste polyvalent Jordi Savall, créateur d’une belle composition en l’honneur d’Ibn Battuta, grand voyageur de l’Islam. Le rythme s’accélère lorsqu’on immerge au cœur de l’Afrique soufie à travers un tableau mystique de chants et de prières interprétés par des ensembles ruraux d’Egypte, de khadres du Sénégal et de groupe de Samâ’a de Fès. L’une des plus belles soirées de Bab El Makina, si ce n’est la plus belle, est celle de Goran Bregovic qui a offert l’une des plus belles émotions du festival en interprétant ses «Lettres de Sarajevo», avec ses solistes juif, chrétien et musulman. Ce fut un moment précieux où l’on comprend l’impératif de la musique pour souder l’humanité. Il s’ensuivit un concert improvisé à la hauteur de la générosité de l’artiste et à l’engouement du public de Fès.
La force du Festival de Fès, c’est également ces scènes diverses et intimistes au cœur de la médina. L’on est invité à parcourir des ruelles étroites pour arriver dans des lieux de culte ou de fête. La Synagogue El Fassiyine fait partie de ces lieux-là. Restaurée il y a quelques années, elle garde à la fois la simplicité du lieu de culte et la grâce du patrimoine judéo-marocain. Et c’est là qu’on a découvert les chants séfarades interprétés par le brillantissime Gérard Edery. Ce Casablancais polyglotte, diplômé de la prestigieuse école de musique de Manhattan, a fait montre d’une incroyable maîtrise en interprétation lyrique, en hébreu, en espagnol et en darija, mais surtout d’une large connaissance en styles traditionnels ethniques qu’il adapte à sa guise, passant du chant religieux à l’élégie amoureuse. Perfection…

Ailleurs dans la ville

A Jnane Sabil, c’est tout une autre histoire. Chants hongrois, mission bolivienne, Opéra de Chine, ensemble breton ou de Pakistan : le lieu sied aux aventureux, aux voyageurs dans l’âme et aux assoiffés d’ailleurs. On y trouve surtout des touristes, mais aussi des locaux qui redécouvrent autrement le jardin enchanté de sons neufs. A Bab Boujloud, l’ambiance est clairement plus festive, plus dansante. Et pour cause. La scène grouille de ces milliers de jeunes scandant Hajib, Younes, Muslim, Tabaâmrant ou d’autres, le tout dans le respect et dans la paix, vraie sacralité de ce festival béni.