Culture
Le coup de maître de Daoud Oulad Syad
En attendant Pasolini. Jeudi 29 juillet à 00h00 sur 2M
La deuxième chaîne nous propose de savourer un des films marocains majeurs de cette dernière décennie. En attendant Pasolini de Daoud Oulad Syad, c’est avant tout l’émouvante histoire du vieux Thami, habité magistralement par Mohamed Majd, qui a passé sa vie à travailler comme figurant dans des productions étrangères à Ouarzazate. Ce qui lui a permis de se lier d’amitié avec le grand réalisateur italien Paolo Pasolini alors que ce dernier réalisait le film Œdipe Roi en 1966. L’histoire est d’ailleurs vraie et un des rôles principaux du film, celui de Polybus, a été confié à Ahmed Belhachmi. Thami garde un souvenir vivace du maestro italien et quand on lui annonce qu’une équipe d’Italiens arrive à Ouarzazate pour préparer le tournage d’un film sur la Bible, il croit que Pasolini est véritablement de retour. Dans ce bled perdu du Maroc profond, on ignore bien sûr que «l’ami italien» n’est plus de ce monde depuis un bon bout de temps. Thami lâche alors son activité de réparateur de télés et de «fixeur» de paraboles pour revenir à ses vieilles amours. Voulant à tout prix impressionner Pasolini, il se ligue avec les autres habitants du village pour que le tournage de ce film se passe dans les meilleures conditions possibles. «Vous avez aimé Pasolini ? Eh bien il est revenu tourner un nouveau film chez nous !», crie-t-il à l’attention des villageois. En attendant Pasolini, c’est aussi ces scènes, très drôles, de candidats atypiques pour le casting (femmes enceintes, enfants en bas-âge)… Des scènes qui rendent les films d’Oulad Syad bien particuliers. De Adieu Forain à En attendant Pasolini en passant par Le Cheval de vent et Tarfaya, le rapport avec le septième art de ce cinéaste natif de la ville ocre se confond avec son rapport avec la photographie. Il a toujours ce souci affiché pour l’esthétique. Avec En attendant Pasolini, Oulad Sayed ajoute un autre paramètre, celui de la comédie teintée d’une tristesse nostalgique rendant ce film d’une tendresse débordante. Le scénario est réussi et c’est signé Youssef Fadel. L’interprétation de Majd, Mohamed Bastaoui et Mohamed Habachi est excellente. En attendant Pasolini est un film marocain qui a tous les ingrédients pour plaire.
En attendant Pasolini. Jeudi 29 juillet à 00h00 sur 2M