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Culture

Le cinéma est une Nuit blanche

à€ Rabat, le credo des Nuits blanches du cinéma des droits de l’homme est de mettre en exergue les valeurs universelles par le biais du septième art. La deuxième édition de l’événement s’est tenue dans la nuit du vendredi au samedi 28 juin.

Publié le

cinema 2013 07 05

Imaginez du cinéma à la belle étoile, un soir d’été. En plein air, accessible à tous, au vu de tous, tout comme devraient l’être les droits universels. C’est dans cet esprit que l’Association des rencontres méditerranéennes du cinéma et des droits de l’homme (ARMCDH) organise, chaque année, la Nuit blanche du cinéma des droits de l’homme. Lors de la deuxième édition du 28 juin dernier, les droits des femmes ont été à l’honneur.

Une fois par an, sur l’esplanade de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, entre 21heures et six heures du matin, vous êtes loin d’être seul. Chaque édition, les films programmés par l’ARMCDH accompagnent ceux qui le veulent jusqu’au lever du soleil. Dans ce cadre, trois films de fiction et trois documentaires très au féminin ont été projetés le 28 juin en soirée. Ils ont été suivis d’un débat dans l’après-midi du 29 juin.

Ces films, donc, mettent au centre les femmes, leur combat quasi-quotidien pour une vie décente. Ils ont été choisis pour dire le féminisme en tant qu’humanisme. Parmi ceux projetés, on retrouve le deuxième opus de la libanaise Nadine Labaki, Et maintenant, on va où ? Le long-métrage est sorti en 2011. Il raconte le quotidien d’un village que les femmes essaient de garder hors de la propagande des journaux et des émissions télévisées. Leurs hommes ne doivent absolument pas être tenus au courant de la guerre qui se passe à côté. Ils risqueraient de déterrer les armes d’une guerre civile qui s’est tout juste terminée chez-eux, sur fond de désastre à toutes les échelles.
Comme dans Et maintenant, on va où ?, une touche d’humour fin et bien dosé apprend toujours à rire de ses défauts, parfois de ses malheurs, pour les dépasser ou ne plus retomber dedans. Les Femmes du bus 678 de l’Egyptien Mohamed Diab est sur la même longueur d’ondes. Inspiré de témoignages véridiques de victimes d’agression sexuelle, le film raconte le vécu de trois femmes. L’injustice de la justice caricaturise souvent le harcèlement sexuel au profit des harceleurs. Alors, les femmes du bus 678 reprennent leurs droits et marquent leur présence dans l’espace public elles-mêmes.

Le fléau n’est pas propre à l’Egypte. Il est omniprésent au Maroc, aussi. Dance of Outlaws, du réalisateur Mohamed El Aboudi, en traite un aspect. Le documentaire retrace la vie d’une Amina Filali appelée Hind. Elle a été violée à l’âge de quinze ans. Elle a connu l’univers cruel de la prostitution des mineures. Elle a fait deux ans de prison. Elle est danseuse de mariages. Contrairement à la défunte Amina Filali, Hind ne s’est pas suicidée à la suite de ses mésaventures et de la grossesse qui en a résulté. Pourtant, elle a plusieurs fois tenté de le faire. Elle a reçu moult menaces de mort de la part de son frère. Mais l’équipe de tournage qui a suivi son parcours a été sans doute un des éléments lui ayant évité bien d’autres malheurs.
Ces films convergent tous vers la thématique des droits des femmes. Laquelle «s’est imposée par elle-même, suite aux événements répétitifs qu’on voit : les viols de femmes journalistes sur les lieux de manifestations, les violences quotidiennes contre les femmes devant le silence de la société, l’affaire Amina Filali et de plusieurs comme elle…». La présidente de l’AMRCDH, Fadwa Maroub, veut que l’événement soit un espace de ritualisation. La Nuit blanche du cinéma des droits de l’homme est un rendez-vous annuel. Il sert de mise au point sur l’évolution du respect des droits humains, dans leur norme universelle. C’est du cinéma de réflexion qui impacte la vie. Ce cinéma qui fait des individus avertis.