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Culture

L’année culturelle 2016

L’année 2016 a eu sa dose de culture. Coups d’éclat, consécrations, déceptions et deuils: voici l’année passée en quelques faits marquants.

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annee culturelle 2016

En avril 2016, les pionniers de l’art et de la littérature marocains se sont réunis pour fêter le cinquantenaire de la revue Souffles. L’événement, chapeauté par la Fondation Laâbi, a tenu à rendre hommage à la revue qui a rassemblé les plus belles plumes du Maroc, à l’époque de sa publication. Ladite revue a prouvé, par le passé, la pertinence du choix de la culture comme terrain de combat contre l’injustice. Abdellatif Laâbi a réitéré, à l’occasion, son espoir de voir émerger de nouvelles initiatives en faveur de la culture.

Momex, ou le bureau d’export de la musique marocaine, est l’un des exploits majeurs du ministère de la culture en 2016. Fort de l’engouement exceptionnel et nouveau pour la musique marocaine, le Momex est fondé pour accompagner les artistes marocains en post-production. Aide à la tournée, soutien aux festivals et formation des artistes : le Momex multiplie les efforts pour permettre aux artistes de la chanson marocaine de s’imposer sur des marchés, pour la plupart, saturés et impitoyables. A la tête de la structure, Brahim El Mazned s’est imposé par son expérience et son engagement indéfectible dans le domaine.

L’boulvard n’a pas eu lieu. Festival incontournable de la scène underground marocaine, l’événement n’a pas échappé au couperet des restrictions budgétaires. Il fait les frais des promesses qui tardent à s’exécuter, malgré le succès ascendant de ses éditions. Son budget reste pourtant très modeste, en comparaison à d’autres. Si déception il y a, chez le public comme chez les organisateurs, ces derniers assurent qu’il y aura une édition 2017.

Ceux qui ont pris leur envol

En 2016, Loubna Abidar en a vu de toutes les couleurs. Les retombées de Much Loved, film de Nabil Ayouch, qui l’a exposée à l’ire du public marocain, n’ont pas tari. Pourtant, tout n’était pas négatif. La nomination de l’actrice aux césars est tombée comme la foudre sur le public. D’aucuns y ont vu une offense française envers le Maroc. D’autres, la victoire de la liberté de création. Quoi qu’il en soit, jamais la cérémonie des césars n’a été autant suivie par le public marocain. L’actrice vient de dévoiler les premières images d’un film belge dans lequel elle tient le rôle d’une femme policière.

Houda Benyamina est française d’origine marocaine. Cette année, elle a obtenu la Caméra d’or, au Festival de Cannes, pour son premier long métrage Divines, dont elle a coécrit le scénario. Un accueil exceptionnel lui a été réservé par des médias français. Houda Benyamina, qui était destinée à un job de coiffeuse, a vite cédé à l’appel du grand écran. Interpellée par le manque de diversité dans le cinéma français, elle crée l’association «Mille Visages» pour y remédier. Son combat est aussi féministe et sans tabous.

Toujours dans le cinéma, le réalisateur Hicham Lasri confirme sa signature au Festival de Berlin. Présent l’année dernière au festival avec son film The sea is behind, Hicham Lasri prouve qu’il ne s’agissait pas d’une chance de débutant, puisqu’il y revient avec son long métrage, Starve your dog, dans la section Panorama qui célèbre le cinéma d’auteur.

Côté musique, il est impossible d’ignorer la razzia faite par Saad Lamjarred dans le monde arabe. Encore porté par son succès, Lamaalem, le jeune chanteur dévoile son tube Ana Machi Sahel, en août dernier, avec un clip original dans lequel l’humoriste Gad El Maleh chante en darija. Puis, un mois après, le clip de Ghaltana annonce un nouveau succès. Les deux derniers tubes sont sur le point d’atteindre les 100 000 vues sur la page officielle uniquement. Les soucis actuels de l’artiste n’entament, visiblement, que très peu sa popularité dans le monde arabe.

Et en parlant de Gad El Maleh, l’humoriste casaoui le plus populaire de France, prend son envol au pays de l’Oncle Sam. S’il sort souvent la blague sur le fait de Challenging himself, Gad El Maleh sait qu’il fait ce qu’aucun humoriste francophone n’a réussi avant lui : conquérir les Amériques et dans la langue de Shakespeare. Son spectacle prévu dans le Carnegie Hall en février prochain est un exploit en soi. On attendra le DVD pour savoir s’il y parlera darija…

En littérature, c’est Leila Slimani qui finit l’année en beauté. Le prix Goncourt, pour son deuxième roman, Chanson douce, la place au cœur de la scène littéraire française contemporaine. Elle fait ainsi partie des rares femmes qui ont atteint le panthéon du prix prestigieux, mais également l’une des rares plumes maghrébines à en être reconnues.

Ceux qui ne sont plus

Si le monde pleure George Michael, Prince et David Bowie, l’année 2016 nous a également privés de plusieurs personnalités irremplaçables. En janvier 2016, un drame s’abat sur l’artiste photographe Leila Alaoui, qui trouve la mort à Ouagadougou, des suites de blessures occasionnées par le lâche attentat d’Al Qaida. Plusieurs hommages ont été rendus à la jeune femme connue pour son engagement humain et son courage.

Son érudition, son génie et son mordant ont inspiré des générations d’artistes du théâtre, de la musique et de la littérature, dont certains ont découvert les planches grâce à lui. Ahmed Massaia vient de lui consacrer un ouvrage sans concession, paru chez La Virgule éditions : Tayeb Saddiki : le bon, la brute et le théâtre.

La faucheuse est passée aussi par la demeure du virtuose du oud Said Chraïbi. La triste nouvelle est tombée en début du mois de mars, mettant fin à moult projets ambitieux nourris par un artiste discret. Il avait, entre autres, l’intention de fonder une école du oud au Maroc. Dans son humilité, Said Chraïbi s’est toujours gardé d’ébruiter ses exploits artistiques à l’international.

Et puis, la semaine dernière, c’est l’artiste peintre Abdellatif Zine qui a déposé ses pinceaux à l’âge de 76 ans. Ce vétéran des arts plastiques au Maroc a fondé l’Association nationale des arts plastiques au Maroc dont le but était de démocratiser l’art plastique, en l’amenant dans l’espace public. Du Hammam, à la Place de Jamaâ Lefna, en passant par Tanger ou la Marche verte, Abdellatif Zine reste l’une des signatures de l’art figuratif les plus fidèles aux origines.

f.m.