Culture
La Tosca… de Rome à Rabat
L’Orchestre philharmonique du Maroc produit son opéra annuel. Le Théâtre national Mohammed V de Rabat accueillera trois représentations de la «Tosca» de Puccini.

Voici venu le rendez-vous tant attendu des inconditionnels de l’OPM. Chaque année, l’orchestre gratifie son public de l’un des opéras les plus célèbres du monde et c’est au tour de la Tosca de ravir les amoureux des grands classiques. Œuvre majeure de l’opéra italien, Tosca vient à la rencontre du public marocain, les 13, 15 et18 avril, au Théâtre National Mohammed V, à Rabat, mais dans une version plus contemporaine. En effet, le metteur en scène Jean- Marc Biskup a choisi de transposer l’histoire dans les années 1930, durant l’entre-deux-guerres et la montée du fascisme en Europe.
Le personnage de la Tosca, interprété par les plus grandes cantatrices, dont l’exceptionnelle Maria Callas, sera incarné par la talentueuse soprano bulgare Stefanna Kybalova, aux côtés du ténor marocain Abdellah Lasri dans le rôle de Mario Cavaradossi. Et c’est au chef d’orchestre Olivier Holt que reviendra le privilège de diriger l’opéra.
D’amour et de politique
L’amour et la politique ont de commun cette passion du pouvoir et de la possession. Aussi, lorsque la Tosca fut révélée au public, ce dernier s’en empara avec enthousiasme. Dans la Rome de l’an 1800, le peintre Mario Cavaradossi vient en aide à un prisonnier politique en fuite, Angelotti, ancien consul de la République. Reconnu comme partisan de la liberté, Angelotti est recherché par Scarpia, le redoutable chef de la police, représentant le pouvoir totalitaire alors en place. L’implication du peintre Cavaradossi ne sera pas sans conséquences. Et pour cause. En plus d’en vouloir à toute main tendue au fugitif, Scarpia lorgne depuis longtemps la maîtresse du peintre, la cantatrice Floria Tosca. Manipulateur de talent, il arrive à attiser la jalousie de Tosca et à l’utiliser pour reprendre Angelotti et évincer son amant. Mais Tosca se rendra à l’évidence et aura le courage de le poignarder pour se soustraire à son marchandage. Mais la mort guette la belle et son amoureux, comme dans toute tragédie qui se respecte…
Lorsque la Tosca est créée par Giacomo Puccini en 1900, à Rome, l’opéra reçoit immédiatement l’approbation du public, au point que ses vingt-deux représentations sont jouées à guichets fermés. Très vite, alors, Tosca se fait inviter dans les plus grands théâtres du monde : Milan, Londres, Constantinople, Rio de Janeiro, Buenos Aires et Madrid. Le public y lit un affront direct à la vilénie du pouvoir et de ses sous-fifres. Tosca est perçue comme une condamnation de l’oppression dans une Italie en période de troubles sociopolitiques, une suspension des libertés publiques et une prolifération des mouvements sociaux anarchistes.
Le talent Puccini
Bien qu’il ne se soit jamais dit du courant vériste, les opéras de Puccini se reconnaissent à cette peinture ultra-réaliste des sentiments et des passions humaines. Avant la Tosca et même bien avant l’opéra, Giacomo Puccini a débuté sa carrière par des œuvres religieuses. Son appartenance à une famille d’organistes n’y était pas étrangère. C’est lorsqu’il découvre «Aida» de Verdi, qu’il a envie de se consacrer à l’opéra. Le genre se prête aux débordements sentimentaux de tout genre. Il commence alors par l’écriture de Le Villi en 1884, qui est accueilli avec enthousiasme à Milan, contrairement à Naples, où il est quasi rejeté. L’écriture de son deuxième opéra, Edgar, traversée par le décès de sa mère, reçoit un faible retour. Puis, en 1893, il compose Manon Lescaut, son premier grand succès qui lui assure notoriété et reconnaissance internationales. Le succès est, alors, au rendez-vous à chaque pièce. On lui connaît La Bohème, Tosca, Madame Butterfly, La Fanciulla del west, La Rondine, Le Triptyque (composé de La Houppelande, Sœur Angélique et Gianni Schicchi). Il débute l’écriture de Turandot, mais il décède d’un cancer de la gorge en 1924, avant de ne l’achever.
