Culture
Festival des Musiques Sacrées du Monde : «Renaissances» en chœur à Fès
La 28e édition du Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde se tiendra du 16 au 24 mai, annonce la Fondation Esprit de Fès dans un communiqué. Placée sous le signe des «Renaissances», cette édition met à l’honneur le renouveau culturel, spirituel et artistique, dont le Maroc, souligne la même source, «constitue un modèle».

Créé en 1994, ce festival, considéré comme le plus important au monde dans son domaine, coïncidera cette année avec le 44e anniversaire de l’inscription de la médina de Fès au patrimoine mondial de l’UNESCO. Dans un monde traversé par les crises et les conflits, la ville d’Idriss Ier «se veut plus que jamais un phare d’espoir qui réinvente son Andalousie éternelle», lit-on dans le communiqué.
Après avoir rendu hommage en 2024 à «la quête de l’esprit d’Al-Andalous», le festival poursuit sa vocation universaliste en choisissant de célébrer, en 2025, les «Renaissances». Une thématique qui, selon Abderrafia Zouitene, Président de la Fondation Esprit de Fès, «est en parfaite harmonie avec l’esprit de notre pays, qui s’est toujours positionné comme une terre de renouveau culturel, spirituel et artistique, portée par la volonté de Sa Majesté le Roi». Et d’ajouter que cette ambition se concrétise chaque année «en étroite collaboration avec les partenaires internationaux du Royaume, notamment dans le cadre d’une coopération Sud-Sud conforme à la vision royale».
Dans cette logique d’ouverture, l’Italie a été désignée pays à l’honneur de cette édition. Berceau de la Renaissance européenne, Florence, ville jumelée pour l’occasion avec Fès, symbolise cette transition du monde médiéval vers la modernité. Le festival entend aussi rendre hommage à l’Afrique, «continent ancré dans ses cultures millénaires mais tourné vers la jeunesse et l’avenir», dont les artistes sont, précise le communiqué, «les vecteurs d’un héritage immense et les acteurs d’un renouveau créatif».
Entre sacré et renaissance
La soirée d’ouverture, prévue le 16 mai à Bab Makina, donnera le ton avec une grande création originale intitulée «Renaissances, de la Nature au Sacré». Ce spectacle de sons, lumières, danses et projections en mapping proposera un voyage spirituel allant des rituels soufis d’Afrique, d’Arabie et de l’Océan indien, au rayonnement de la Qaraouiyine, jusqu’au Rinascimento italien. Une évocation des renaissances de l’humanité dans toute leur diversité.
La programmation des deux week-ends illustrera le triptyque cher au festival : mise en ambiance dans les jardins de Jnan Jbil, grand concert à Bab Makina en soirée, puis retour à Jnan Jbil pour des fins de soirées festives et spirituelles.
Ainsi, le samedi 17 mai, les jardins accueilleront les «Rituels Soufis de l’Océan Indien», le Deba de Mayotte et l’Ensemble soufi Al Areej du Sultanat d’Oman, suivis des Maîtres Tambours du Burundi. À Bab Makina, les mélomanes assisteront à une création autour des Vêpres de la Sainte Vierge de Monteverdi, orchestrée par Antonio Greco de Florence et Mohammed Briouel de Fès, avec le soutien de l’Ambassade d’Italie et de l’Institut Culturel Italien de Rabat.
Le dimanche 18 mai, les derviches de l’Ensemble des Cérémonies Soufies d’Istanbul enchanteront Bab Makina, tandis qu’à Jnan Jbil se succéderont Adama Sidibé et Clément Janinet avec leur Concerto pour Sokou, puis les célèbres Master Musicians of Jajouka.
Méditations et transes
Tout au long de la semaine, trois rendez-vous quotidiens sont prévus à Jnan Jbil. La scène de Bab Makina rouvrira le jeudi 22 mai avec une création andalouse réunissant 44 musiciens, célébrant les 44 ans de l’inscription de Fès au patrimoine immatériel de l’humanité. Placée sous la direction de Mohammed Briouel et du cheikh Ali Rebbahi, cette soirée sera précédée par un concert de Harpe Seperawa et suivie d’une Nuit Soufie dédiée au Malhoun.
Le vendredi 23 mai, Bab Makina accueillera le Poema del Cante Jondo de Miguel Poveda. Le lendemain, le public pourra découvrir la «Grande Nuit des Griots de l’ancien Royaume Ashanti à l’Empire Mandingue», tandis qu’à Jnan Jbil se produiront l’Ensemble Hagash d’Arménie et des musiciens de Perse.
Des animations gratuites seront également proposées à Bab Boujloud, notamment par la troupe Africa Spirit avec le Zaouli de Manafla (Côte d’Ivoire) et un spectacle de rue avec échassiers.
Penser les «Renaissances»
Comme chaque année, le festival propose également un Forum de réflexion, initié en 2001. Pour cette édition, il abordera des thèmes en lien avec les mutations contemporaines : «Cultures et Patrimoines, quelles expressions des renaissances?», «Intelligence collective, intelligences artificielles, quelles promesses, quels risques ?», ou encore «Questionnements stratégiques, expressions de renaissances annoncées ?».
La ville de Fès confirme ainsi son statut de carrefour des cultures et des religions, et de trait d’union entre passé, présent et avenir. Une cité où «l’esprit de Renaissance est une façon d’être, renaissant chaque année au mois de mai», conclut le communiqué.
