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Culture

Festival des musiques sacrées de Fès, le plein d’émotions

La 14e édition du Festival des Musiques sacrées du monde (6 au 15 juin) clôturera dimanche avec un concert exceptionnel donné par le chanteur saoudien Mohamed Abdou.
Des artistes d’une vingtaine de nationalités auront contribué au rapprochement des cultures.

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Nous sommes le 7 juin. Deuxième jour du festival des Musiques sacrées du monde, célébré cette année sous le thème «Les voies de la création». Dar Tazi, palais centenaire, l’un des cinq sites où se déploient les troupes musicales venues des quatre coins de la planète participer à la 14e édition du festival, s’apprête à célébrer sa première soirée soufie.

Il est 19 heures, une équipe de ARD, la première chaîne de télévision allemande, interviewe, trois heures avant qu’il ne monte sur scène, Abderrahim Amrani Marrakhi, la star des Hmadcha. Soufi et musicien de talent, il est accompagné de Frédéric Calmès, jeune musicien français, étudiant chercheur en anthropologie, qui fait partie depuis six ans des dix hommes qui animent les lila de la troupe. «La musique des Hmadcha, confesse Frédéric, est un répertoire unique au monde. Le jeune chercheur lui consacre d’ailleurs une thèse.

A Bab El Makina, la monumentale porte bâtie en 1889 sous le règne de Moulay Al Hassan, ce sont deux voix qui se croisent dans un même élan lyrique pour donner lieu à un spectacle musical grandiose. Celle de Faiz Ali Faiz incarnant le qawwali, chant mystique pakistanais, et celle de Craig Adams, chanteur et pianiste de la Nouvelle Orléans, incarnant le gospel, la musique sacrée afro-américaine.

Quelques heures plus tôt, au milieu de l’après-midi, au musée Batha, c’est Ghada Shbeïr qui berçait de sa voix angélique l’assistance venue nombreuse écouter son concert. Née au Liban, un pays multiconfessionnel, Ghada interprète les chants des Eglises d’Orient. Elle est enseignante à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, fondée par l’ordre maronite, mais aussi au Conservatoire national de musique de Beyrouth. C’est à cet Orient, berceau du christianisme, que se réfèrent les chants de Ghada Shbeïr.

Le même après-midi, à Aït Skato, site spécialement aménagé pour accueillir des concerts gratuits, c’était au tour du groupe de hip-hop Shabka, et de Saïd Mosker, de monter sur scène. Shabka, ce sont cinq jeunes étudiants marocains de Fès, qui chantent des textes engagés s’inspirant des soucis quotidiens de la population marocaine : chômage, corruption, marginalité… Leur dernier album, qui sortira en septembre, et dont ils ont chanté quelques extraits, est inspiré du Pain nu, de l’écrivain Mohamed Choukri.

La veille, le 6 juin, jour d’ouverture du festival, c’était la soprano Jessye Norman qui ouvrait le bal à Bab Al Makina, devant la princesse Lalla Salma et une brochette d’officiels. Cette voix imposante, qu’accompagne l’Orchestre lyrique régional Avignon Provence (France), a su, par sa somptuosité, captiver l’auditoire. Sa voix puissante est connue du monde entier et a fini de se populariser lorsqu’elle a interprété une inoubliable Marseillaise à l’occasion de la célébration du bicentenaire de la Révolution française, en 1989.

Durant dix jours, les mêmes sites accueilleront d’autres artistes d’une vingtaine de nationalités. Des nuits soufies animées par les mêmes Hmadcha, Faiz Ali Faiz, mais aussi par la Tarika Tijanya de Laâyoun, Aïssaoua de Fès, des concerts donnés par la compagnie espagnole Belen Maya avec ses chants flamencos, l’ensemble Panti Pusaka Budaya pour les danses traditionnelles sacrées de Bali en Indonésie.

Aujourd’hui, vendredi, rendez-vous à 20h30 à Bab El Makina, avec Majda El Roumi, la Libanaise dont la voix a séduit des millions d’Arabes.
Cette fête des musiques sacrées, clôturera dimanche avec l’exceptionnel concert du chanteur saoudien Mohamed Abdou. La quatorzième édition, coïncidant cette année avec la célébration des 1200 années de Fès, aura tenu toutes ses promesses. Dont celle, dira Gérard Kurdjian, directeur artistique du festival, de «continuer de parcourir les voies de la Création telle que l’histoire du monde nous l’a léguée» .