Culture
Fès : la musique sacrée au féminin
La 22e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde commence le 6 mai. Durant huit jours, l’événement rendra hommage aux «Femmes Fondatrices».

Ben Harper, Barbara Hendriks, Patti Smith, Wadie Assafi, Assala Nassri, Youssou N’Dour, Ravi Shankar, Bjork, Rokia Traore, Diego El Cigala… Oui, le Festival des musiques sacrées du monde a bel et bien reçu toutes ces stars sous le ciel de la médina de Fès, pour célébrer l’amour à travers la musique, cette essence divine qui ne cesse d’élever l’homme dans les strates mystérieuses de la spiritualité.
Un public nombreux est attendu, comme chaque année, dans les différentes places du festival, à savoir le majestueux Bab Al Makina, Dar Tazi, Place Boujloud, les Jardins de Jnan Sbil, Dar Adiyel et le Musée Batha. Pour rappel, la 21e édition du festival a connu la participation de quelque 700 000 festivaliers, dont 3000 visiteurs au forum du festival.
Un programme au féminin
La 22e édition du Festival de Fès, qui s’étend du 6 au 14 mai, inaugure la saison des festivals cette année, sur une touche franchement féminine. Partout dans le monde, des femmes ont bâti des cités, produit des philosophies, conduit au progrès et marqué leurs destinées sur les pages de la grande Histoire. Au Maroc également, de nombreuses femmes ont joué des rôles clés dans le progrès de la société, depuis Kenza El Awrabiya, épouse de Moulay Idriss, qui fut à l’origine d’une fusion de la base amazighe et arabo-musulmane, constituant ainsi le socle de l’identité marocaine, jusqu’à Fatima Mernissi et sa lutte pour la libération des femmes, en passant par Fatima Al Fihriya, fondatrice l’Universite Al Qaraouiyine, et toutes les femmes engagées lors des luttes pour l’indépendance du pays ou pour le droit de la famille. Ainsi, le spectacle d’ouverture célébrera les femmes mythiques de l’Orient racontées par Shéhérazade. La création «Un ciel plein d’étoiles» incarnera ces femmes en constellations, via une traversée dans le temps et dans l’espace. Le spectacle recourra au mapping, à des projections audiovisuelles et au grand orchestre maroco-palestinien qui accompagnera les divas d’ici et d’ailleurs.
Durant tout le festival, des cantatrices de talent distilleront leur foi en chants sacrés. Rendez-vous avec la Brésilienne Virginia Rodriguez, la Ghanéenne Oy, l’Ouzbèke Yulduz Turdieva ou la Palestinienne Lamar, sans oublier le vibrant hommage à l’astre de l’Orient Oum Kalthoum et la diva marocaine Samira Said prévue pour la clôture du Festival de Fès. «En célébrant les Femmes fondatrices, le festival reconnaît également à la femme toute sa place dans la transmission de la culture, qui, pendant très longtemps, fut exclusivement orale», explique Alain Weber, directeur artistique du festival.
Nouveau sous le ciel
Pour cette 22e édition, le Festival des musiques sacrées du monde introduit un nouveau concept, en dédiant chaque édition à un pays ami. Le choix s’est vite tranché en faveur de l’Inde. Le pays aux mille couleurs et cultures sera à l’honneur le 7 mai dans une soirée spéciale à Bab El Makina. Durbar, création à la gloire des princes et des dieux, rassemblera les plus grands chanteurs et musiciens de l’Inde. Un spectacle à même de dévoiler toute la beauté de cette culture millénaire. En outre, le festival convoite ouvertement la jeune scène marocaine, en offrant aux jeunes talents locaux la possibilité de s’exprimer et de mieux se faire connaître. Une nouvelle approche qui ne manquera pas d’enchanter le public, notamment celui du jeune gnaoui Mehdi Nassouli qui s’illustre actuellement de par le monde. Côté forum, les «Journées de Fès», organisées cette année en partenariat avec le groupe l’Obs – Le Monde, porteront sur la thématique des Femmes fondatrices, avec une pléiade d’intellectuels venus pour l’occasion. Rappelons que ce même forum a reçu par le passé des penseurs et philosophes tels qu’Edgar Morin, Jacques Attali, Abdou Hafidi, Christiane Taubira, Mustapha Cherif, Leili Anvar, Bariza Khiari, Salamatou Sow et Eric le Noir…
