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Culture

Exposition : La Banque populaire cultive les talents de demain

Jusqu’au 28 février 2025, la Fondation Banque populaire présente la troisième édition de « Quand l’art s’invite en résidence » à Rabat, réunissant des talents émergents qui explorent avec audace et diversité les grandes questions contemporaines, de la mémoire à l’expressivité humaine.

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La Banque populaire réussit à concilier deux univers antinomiques : celui de l’argent, souvent perçu comme un monde d’intérêt et de profit, et celui de l’art, fondé sur la gratuité et le plaisir. En s’engageant dans le mécénat artistique, la Fondation franchit un cap, loin de toute recherche de retour symbolique ou financier. Elle dédie ses efforts à soutenir la jeune création, une démarche précieuse dans un contexte où de tels soutiens ne sont pas monnaie courante.

«La Banque populaire ne se contente pas de promouvoir les artistes émergents en leur offrant un espace de visibilité et des ressources financières, elle va au-delà, affirmant un véritable « acte de foi dans l’art, créateur de lien social, vecteur d’intégration et outil éducatif »», souligne Adil Rzal, président du Directoire de Banque populaire Rabat-Kénitra. Cet engagement témoigne d’une vision du mécénat artistique en tant que vecteur de lien et de cohésion sociale, dépassant ainsi les motivations économiques.

L’exposition collective, placée sous le thème «Le Monde de demain», insuffle un vent de fraîcheur à la rentrée culturelle et artistique. Dans ce cadre, la Fondation a choisi de rassembler huit jeunes artistes-plasticiens – trois lauréates et deux lauréats de l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan, ainsi qu’une lauréate et deux lauréats de l’École supérieure des Beaux-Arts de Casablanca – afin de leur offrir un espace d’expression. Ces créateurs, réunis en résidence artistique, ont exploré les grandes écoles et courants des arts plastiques avec un regard neuf.

Chaque artiste se distingue par une démarche singulière et une réflexion approfondie qui enrichissent la diversité de cette exposition. Fatima Ezzahra Khilad témoigne d’une connexion intime avec ses racines, incarnée dans ses toiles par un pot de Safi, hommage aux arts populaires marocains et symbole de mémoire personnelle et d’espoir. Imane Laaribi, quant à elle, transforme le quotidien avec un style néo-figuratif qui exalte l’ordinaire en capturant une beauté morne, élevant les scènes de vie banale en métaphores existentielles. Dounia Tabti rend hommage aux traditions textiles à travers des œuvres qui évoquent la handira, vêtement amazigh, créant un pont entre l’artisanat ancien et une perspective contemporaine sophistiquée.

Parallèlement, Ibtissam Zahir immortalise les gestes ancestraux et attitudes de la médina marocaine, entre mémoire et modernité, conférant à ses œuvres une signification identitaire forte. Zouhair Chihad revisite le patrimoine marocain par des jeux de résine et de motifs géométriques inspirés de la géométrie fractale et de la paréidolie, fusionnant tradition et modernité dans une esthétique sophistiquée.

D’autres explorations thématiques enrichissent cette diversité artistique : Mouad El Bissaoui utilise le charbon, avec ses nuances sombres et brutes, pour aborder la violence et les tensions de la condition humaine, créant ainsi des œuvres poétiques et engagées. Soufiane Mezraoui s’inscrit dans l’abstraction géométrique, avec un cercle blanc central incarnant symboliquement l’égo, élément de lumière et d’équilibre dans des compositions qui allient rigueur et profondeur philosophique. Enfin, Soufiane Naitaddi explore les émotions humaines à travers des portraits expressionnistes où les regards troublants traduisent une tension émotionnelle puissante, rendant ses œuvres profondément introspectives.

Adil Rzal souligne également «le succès de la Résidence d’Artistes», un programme qui a révélé «l’étonnante richesse et diversité des styles» de ces jeunes talents et qui affirme le rôle essentiel de la banque dans le soutien d’une scène artistique prometteuse. En invitant le public à découvrir «le monde foisonnant des huit lauréats des Beaux-Arts», il célèbre «non seulement leur maîtrise naturelle des techniques artistiques, mais aussi l’acuité de leur regard sur le monde environnant».

Ces jeunes artistes, dont le plus âgé n’a que 27 ans, portent un regard nouveau sur le monde et se positionnent, avec une maturité remarquable, en véritables porte-voix du «monde de demain».