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Culture

Eclats de mémoire aux Pays-Bas

Des photos retraçant, à  travers l’histoire, le quotidien des immigrés marocains en Hollande.

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L’exposition «Présence marocaine aux Pays-Bas», organisée en marge du Timitar, est un lieu vivant. On y retrouve des photographies sur lesquelles paraissent la fragilité des hommes et la dureté de la vie.
Le quotidien des premiers immigrants y est présent sans mise en scène et sans fioritures. Les photographies accrochées dans ce petit espace accordé par le musée du patrimoine amazigh d’Agadir déconcertent parfois et fascinent souvent. Le regard franchit les barrières du temps et de la géographie. Les visiteurs qui ont eu écho de cette exposition -très peu médiatisée – ont pu, de photographie en photographie, d’espace en espace, saisir quelques pans d’histoire. A la grande surprise des visiteurs, il n’était pas question uniquement d’histoire récente. Cette exposition révèle des aspects du XVIe siècle très peu connus. Ceux des voyageurs maures qui se sont aventurés sur le sol européen en laissant à la postérité de magnifiques récits de voyages… Mais, très vite, le temps s’accélère. A moins d’un mètre, on se retrouve au milieu des années 70, en pleine lutte ouvrière, au tout début des revendications identitaires. Les photos de la grève de la faim de 1974  débordent dans l’espace. On ne voit plus que ça. Difficile de passer  à autre chose…
Cette représentation chronologique abrite des petites histoires émanant du quotidien de ces hommes, recrutés en masse, suite à la signature de la convention maroco-néerlandaise-dont on célèbre cette année le 40e anniversaire. Le nombre des Marocains vivant en Hollande est passé de 3 en 1960 à 5 000 en 1965. Ils seraient quelque 350 000 en 2009 à éprouver le besoin de parler, de témoigner de leur vie ou de celle de leurs parents. L’association Dakira a entamé ce travail de mémoire. Elle aborde l’histoire autrement, sans rien intellectualiser, en faisant appel au sens. Car l’histoire de la pénétration marocaine aux Pays-Bas est difficile à consigner. «Nous pensions importer des bras de travail, mais ce sont des hommes qui ont émigré avec leurs cultures, leurs histoires et leurs mémoires», avouent les autorités hollandaises. De cette mémoire, il reste des récits, des documents officiels mais aussi et surtout des photographies.
La vie de ces ouvriers considérés comme simple main-d’œuvre se raconte debout, accrochée à des murs. Dans cet espace d’à peine 100 m2  se révèlent des situations émouvantes. Il est difficile, en effet, de quitter cette photographie représentant un ouvrier fraîchement installé dans sa chambre. Sur les murs de sa nouvelle demeure des photos de femmes nues arrachées à des magazines pornographiques. Là encore, pas la peine de poser des mots. Se dessinent spontanément les contours du monde de l’immigrant. Un monde nouveau, reconfiguré…
 Que dire aussi de cette photo attendrissante, de cet autre ouvrier, prosterné, faisant sa prière entre des caisses de bières, s’inclinant ainsi devant la réalité. Il est clair que l’histoire de l’immigration en Hollande n’a pas livré tous ses secrets. L’association Dakira, en collaboration avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, tente du moins d’interroger le temps à travers des tranches de vie.