Culture
Dérive Casablancaise : L’art prend le large
La deuxième édition de Dérive Casablancaise se tiendra du 4 au 8 décembre 2024 à Casablanca, affirmant une fois encore sa vocation de plateforme artistique et de réflexion critique au croisement des enjeux artistiques, sociaux et politiques en Méditerranée.
Cette biennale pluridisciplinaire, née en 2022 en écho aux Rencontres des Arts de la Scène en Méditerranée, initiées par le Théâtre des 13 Vents à Montpellier, offre un espace d’échange, de partage et de création ouvert à toutes et à tous.
Cette édition 2024 s’articule autour d’une interrogation essentielle : «Quelles formes d’action peuvent être initiées par les artistes face à une époque marquée par les crises, les tragédies et les incertitudes ?» Plus qu’un événement, Dérive Casablancaise se veut une réponse collective et artistique à cette question, portée par des artistes palestiniens, libanais et marocains. Ces créateurs et créatrices, confronté(e)s à des contextes souvent fragiles, explorent les liens entre mémoire, imagination et positionnement citoyen à travers le prisme de leurs œuvres.
«Il s’agira de témoigner, d’être témoins et de faire naître d’autres possibles», souligne l’équipe organisatrice, insistant sur l’importance de la rencontre, du débat et du mouvement pour contrer les effets paralysants des époques troublées.
Pendant cinq jours, Casablanca vibrera au rythme du théâtre, de la danse, de la poésie, de la musique, de la littérature et du cinéma. Divers lieux emblématiques de la ville, tels que la Villa Delaporte, le Cinéma Ritz, la Coupole et le Théâtre 121 de l’Institut français, serviront de scènes pour accueillir des performances artistiques, des projections et des ateliers participatifs.
L’art en mouvement
En danse, La Lecture, une création collaborative entre Nacera Belaza et Meryem Jazouli, interrogera la relation entre la parole et le mouvement à travers un solo à la fois poétique et corporel. Radouane Mriziga, quant à lui, présentera Atlas/The Mountain, une pièce puisant dans les récits mythologiques amazighs pour explorer les traditions culturelles des montagnes de l’Atlas.
Le théâtre occupera également une place centrale avec Seul en scène, où Faouzi Bensaidi offrira une lecture habitée des poèmes de Mahmoud Darwish, mêlant l’intime et l’épique. Une autre performance marquante sera En dialogue, une conversation théâtrale entre Chrystèle Khodr et Khulood Bassel, qui reviendra sur la pratique théâtrale au Liban et en Palestine.
En cinéma, The Memory de Mohamad Malas évoquera les souvenirs d’une femme âgée restée dans les ruines de Quneitra, tandis que Foragers de Jumana Manna explorera les impacts des lois israéliennes sur les traditions culinaires palestiniennes. Ces projections seront accompagnées de discussions permettant d’approfondir les thématiques abordées.
La musique résonnera avec force à travers Terrae Incognitae, une performance musicale inédite réunissant Kamilya Jubran, Floy Krouchi et Youmna Saba. Cette rencontre entre différentes esthétiques musicales, mêlant improvisation et innovation sonore, promet d’être un moment d’exception.
Boussole pour les temps incertains
En parallèle des performances, Dérive Casablancaise met l’accent sur l’échange et la transmission à travers des ateliers participatifs. Youness Anzane proposera un Atelier du regard pour des jeunes du centre Les Étoiles de Sidi Moumen, les invitant à explorer une approche critique et sensible des œuvres programmées. Par ailleurs, Fayçal Lahrouchi et Sara Médiouni créeront un documentaire sonore immersif, capturant les instants marquants de cette édition grâce à des enregistrements pris sur le vif.
En réunissant des artistes venant d’horizons divers mais partageant des préoccupations communes, Dérive Casablancaise souligne l’importance des alliances fraternelles et artistiques dans une région marquée par des tensions et des défis. Ces rencontres surpassent les frontières géographiques pour tisser des liens autour d’une vision commune : celle d’un art porteur de sens, de questionnement et d’espoir.
L’équipe de Dérive Casablancaise rappelle que cet événement n’est pas une fin en soi, mais une action fertile visant à inspirer d’autres initiatives. «Nous croyons dans la nécessité d’initier des rencontres et de partager des réflexions qui nourrissent nos choix et nos convictions», affirment les organisateurs.
Ainsi, pendant cinq jours, les artistes, techniciens, bénévoles et le public seront réunis pour échanger, débattre et imaginer ensemble d’autres futurs possibles, à travers une programmation foisonnante et exigeante.