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Culture

Cheikh Sidi Bemol… au nom de la liberté et de l’amour

Invité par Visa For Music, Cheikh Sidi Bemol, alias Hocine Boukella, a offert au public marocain deux concerts d’exception à Rabat et à Casablanca.

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Cheikh Sidi Bemo au nom de la liberte et de amour

Vous avez commencé, au milieu des années 90, par le rock, puis vous avez fait de la variété, de la musique traditionnelle kabyle et algérienne. Pensez-vous que le rock soit mort ?

Absolument pas. Il est vrai que dans ma carrière je me suis ouvert sur d’autres genres : la musique traditionnelle, classique et la musique d’un peu partout dans le monde. Je ne me suis jamais interdit des escapades vers d’autres horizons. Cela nourrit ma musique, m’inspire et m’influence. Mais je retourne toujours au rock, et dans l’orchestration et dans l’essence. D’ailleurs le prochain album sera très très rock.

Est-ce que le rock est toujours aussi rebelle, subversif et libérateur qu’il l’a été quand il est né ?

Je pense que la subversion, la rébellion et les idées radicalement engagées sont plus présentes dans le rap, tout simplement parce que c’est le genre préféré chez les jeunes de cette époque. Mais le rock est vraiment une école de la liberté. Déjà parce qu’il ne fallait pas être formé dans un conservatoire pour faire du rock, c’est dire qu’il échappait à tout enchaînement académique et par là même à toute surveillance. Il suffisait de prendre sa guitare pour déclamer son message. Ils chantaient faux, ils jouaient faux, mais leur message arrivait à destination. Je pense que c’est cette liberté qui m’anime jusqu’à aujourd’hui.

Vous considérez le melhoun comme une grande source d’inspiration. Qu’est-ce que vous appréciez comme musique marocaine actuelle ?

La musique gnaoua évidemment. Quand je l’ai écoutée la première fois, ce fut une révolution pour moi. Ses rythmes, le guembri, la façon de chanter… J’ai pratiquement découvert la musique africaine grâce à gnaoua. Sinon, j’écoute Hoba Hoba Spirit et Haoussa qui s’approchent de la musique que je fais.

Votre frère Youssef Boukella a fondé l’ONB. Pourquoi ne l’avez-vous pas rejoint ?

Youssef a toujours été très jazz. Il a travaillé sur l’harmonisation de la mélodie gnaoua avec les thèmes de jazz. Ma vision à moi était davantage de l’ordre de l’introduction de la guitare des Rolling Stones  dans les rythmes qui me passionnent : Melhoun ou musique traditionnelle. Disons que Youssef est plus arrangeur que moi.

Vos textes célèbrent la vie et le vivre-ensemble. Est-ce que cela vous désespère de constater que la violence l’emporte sur l’amour par les temps qui courent ?

Ce qui s’est passé à Paris me ramène dans les années 90, où vivre au rythme des explosions et des tirs était devenu normal en Algérie. Personnellement, je pense que la plupart des gens sont profondément bons, pacifistes et altruistes. Notre public, par exemple, est toujours mélangé, de tous les âges, de toutes les cultures et les classes sociales. C’est là que je vois que la culture du vivre-ensemble prévaut. Maintenant, il y a des minorités que cela dérange, d’un côté comme de l’autre d’ailleurs. Je pense sincèrement que leur combat est perdu d’avance. On ne peut pas imposer par la terreur une idée, quelle qu’elle soit. Mais cela m’inquiète, parce qu’ils causeront beaucoup de dégâts.