Culture
Chefchaouen retrouve son Alegria
Le retour du Festival Alegria fut bref, mais marquant pour la ville de Chefchaouen. Les 16 et 17 mai, des artistes et des touristes ont déferlé de tout bord pour un court séjour sous le signe de la musique.

Après une disparition de trois années, l’Alegria a retrouvé le chemin vers la ville de Chaouen. Cette 8e édition annonçait un retour décidé d’un festival qui se veut international, cosmopolite et fédérateur, à l’image de la ville qui l’accueille. Le Festival Alegria s’est également voulu promoteur du tourisme local et de la production du terroir. Le souk Beldi sur la place Outta Hamam, désormais ritualisé, sera ouvert à toutes les associations locales voulant participer à la dynamique touristique et artistique du festival.
Côté scènes
Dans cette région du Royaume, la sensibilité pour les sonorités hispaniques est flagrante. Inutile donc de décrire le succès du spectacle de Hakim dont le registre ne s’est pas beaucoup actualisé… Le spectacle du fabuleux Majid Bekkass aurait peut-être eu le succès qu’il méritait, si on lui avait accordé le prestige de la grande scène et un meilleur timing. Quoi qu’il en soit, Majid Bekkass et ses musiciens ont enchanté les quelques initiés par des partitions jazz, de pur son gnaoui, de fusions latino, avec des solos de maîtres et une invasion de musiques nouvelles dans la région.
Le public avait également rendez-vous avec le spectacle de Kay Yan Ma Kan qui raconte l’histoire de l’Andalousie perdue. Un spectacle qui voulait illustrer l’esprit d’ouverture et de fusion du festival. L’on gardera la virtuosité du guitariste Nino Josele et du Marocain Rachid Zeroual au ney (flûte). Pour la deuxième journée, succès indiscutable de Oum, dont les chansons se marient à toutes les salsas, et de la douce voix du Nord Jamal Nouman dont les vannes achevaient de briser la glace avec le public chaouni.
Sa musique est introuvable. Il n’a pas encore créé de chaîne youtube ou de compte Myspace et c’est probablement pour cela que vous n’avez pas encore découvert Simo Bouazzaoui. Pourtant, vous gagnerez à entendre ce jeune musicien qui trempe son flamenco dans le chaabi marocain ou dans le hassani, accompagné d’une belle espagnole, à la sublime voix, et d’un jeune talent de la chanson arabe. En clôture du festival, Chaouen a fait une ovation au Cheb Faudel qui, malgré sa discrétion sur la scène internationale, n’a pas manqué son petit succès sur la grande place de la ville.
Petites taches dans le décor
Chefchaouen aurait totalement retrouvé son Alegria, si l’organisation s’était dotée d’un meilleur sens de l’écoute.
Car la joie n’est pas ce qui ressortait dans les commentaires des acteurs sociaux et des jeunes gens qui ont trouvé le chemin à la conférence de presse au matin du 16 mai. Dans la foulée des reproches, l’absence de l’implication des artistes locaux. A ce propos, ont été incriminés le temps record de l’organisation et les limites techniques et budgétaires. «Des entraves qui seront levées dès la prochaine édition», affirme Hicham Abderrazik, directeur artistique du festival. L’absence de programmes pour les jeunes a également été soulevée. Là aussi, le président de la Fondation Chefchaouen Art et Culture, Mohamed Boudiab, s’est personnellement engagé à tailler «un festival sur mesure» et à la hauteur des attentes des habitants de la ville, dans les années à venir.
