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Culture

Césaire, chantre de la dignité

Poète, dramaturge et homme politique, Aimé Césaire est mort à Fort-de-France (Martinique), le 17 avril, à l’âge de 94 ans

Son œuvre, frappée du sceau de l’humanisme vigilant, lui survivra éternellement

Bref hommage au «Nègre majuscule».

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A Aimé Césaire, la patrie française sera bientôt reconnaissante. Mais, avant de reposer ses lauriers au Panthéon, le compagnon d’armes de Léopold Senghor a eu droit, dimanche 20 avril, en sa bien-aimée Martinique, à des obsèques somptueuses. Sa profonde modestie en aurait souffert, lui qui n’avait aucune affinité avec l’ostentation.

Reste que les hommages émus qui lui ont été rendus, en la circonstance, sont amplement mérités, tant l’homme a marqué de son empreinte une partie de l’histoire du siècle dernier.

Avec Senghor, il a érigé la négritude en valeur suprême
Quel image retenir de ce personnage multiple, au corps à la fois sûr et timide ? Ceux qui reprochent à la France de rater l’intégration de ses «immigrés» préfèrent celle du pauvre Antillais qui, grâce au système éducatif français, fréquentera l’Ecole normale supérieure, aux côtés des futurs présidents de leurs républiques, Léopold Senghor et Georges Pompidou.

Les amoureux de la poésie privilégient le «monument lyrique» (dixit André Breton) qu’il était. Et auquel la littérature restera éternellement redevable d’une œuvre profuse, incandescente, portée par une langue réinventée. «J’ai plié la langue française à mon vouloir-dire», s’enorgueillissait-il.

On est en droit d’être admiratif devant le combattant. Non pas en faveur d’une quelconque idéologie, mais pour une valeur : la «négritude», qu’il a érigée avec la complicité de Senghor. «Nègre je suis et nègre je resterai…

Mais Senghor et moi, nous nous sommes toujours gardés de tomber dans le racisme noir», rassurait-il. Mais tout cela est un peu court. Ou plutôt toutes ces images se rejoignent pour composer celle d’une figure universelle. Car, par-delà ses origines revendiquées, sa passion pour sa Martinique natale, sa fraternité militante avec tous les peuples noirs, Aimé Césaire, au fil de ses poèmes, lançait un message à l’humanité entière, l’appelant à la dignité et à la responsabilité.

Le poète surréaliste André Breton, qui avait longtemps frayé avec le chantre de la négritude, le décrivait comme «le prototype de la dignité». C’est sans doute cette image qui passera à la postérité. Elle résume l’irrésumable Aimé Césaire qui maintenant a pansé cette «blessure sacrée» qu’il dit l’avoir «habité»