Culture
Caravane Azalaï : j’irai cabrioler chez vous
Du 25 octobre au 17 novembre, la Caravane Azalaï sillonnera les rues marocaines et les sortira de leur morosité grà¢ce au théà¢tre de rue. Un projet franco-marocain prometteur pour enchanter l’espace public et dérider les piétons tout en les sensibilisant aux arts.

Il a le nez rouge, bouffe 55 mètres carrés d’espace, pèse une tonne et se fait appeler le «Porte-Folie». Mais, promis juré, il klaxonne très modérément, négocie plutôt bien les virages et n’essaiera jamais de s’emboîter dans vos rues, comme certains de ses congénères casablancais qui se prennent pour de véritables pièces de Lego. Le «Porte-Folie», vous l’aurez compris, est un camion semi-remorque, mais d’un genre particulier, car il n’admet en son sein ni les légumineuses ni les bobines d’acier. Non, cet excentrique poids lourd, piloté par l’association française Karwan, a décidé de ne transporter qu’une denrée, une seule. Une denrée des plus rares : les arts.
Un camion-expo et des spectacles pour sensibiliser aux arts de rue
Oui, mesdames et messieurs, ce charmant camion va sillonner vos villes du 25 octobre au 17 novembre pour vous approvisionner en culture. L’âme a aussi besoin de nourriture. Ce ne sont pas les initiateurs d’Azalaï, cette «caravane des arts en places publiques», qui vont nous contredire. Mais revenons à notre camion. Quand il viendra près de chez vous, à Tiznit, Marrakech, Rabat ou Tanger, prenez ne serait-ce qu’une heure pour en fouiller les tréfonds. Vous verrez, il est plein de surprises ! En plus d’être polyglotte – il parle couramment l’arabe, le français et l’anglais -, sa paroi extérieure est un cinéma où vous seront projetés des spectacles chatoyants ; son ventre un dédale d’expos, de jeux interactifs pour découvrir «l’univers multiple, joyeux, exubérant, parfois provocateur, souvent engagé de l’art en espace public». Engagé car «pratiqué comme une œuvre publique, gratuite et inscrite dans l’espace de la vie de tous les jours».
Au Maroc, cette forme d’art connaît un essor remarquable : début octobre à Casablanca, la première édition du festival «Zank’Art» de théâtre de rue se gaussait des Lions de l’Atlas et des échanges extérieurs en pleine crise, dénonçait le chômage, l’incivisme et appelait à l’éveil des consciences, le tout en mimiques et en répliques assassines. À Salé, ce sont les diablotins de l’école nationale du cirque Shems’y qui transfigurent le quotidien des habitants grâce à Karacena, la biennale des arts du cirque et du voyage. Autre exemple marquant : celui des rencontres artistiques en places publiques Awaln’art, qui enchantent depuis déjà six ans les rues de Marrakech, Tahanaoute, Tamesloht, Aït Ourir et Aghmat.
«Au fil des années et des chantiers, le public se réapproprie un art qui est le sien et qui fait partie intégrante du patrimoine culturel marocain», affirme Khalid Tamer, directeur du festival Awaln’art, co-organisateur d’Azalaï, avec l’Institut français et la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (France). Pour réconcilier les Marocains avec les arts de rue, Azalaï compte non seulement offrir des spectacles mais aussi des ateliers.
