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Culture

Avec «Casa Negra», Lakhmari se rachète

Après l’échec commercial du «Regard», Nour-Eddine Lakhmari revient au cinéma avec une copie plus aboutie.
«Casa Negra» est promis à  une carrière dans les salles honorables.

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Nour-Eddine Lakhmari fait partie de ces jeunes loups venus de loin pour secouer le cocotier d’un cinéma marocain en mal d’inspiration. En effet, c’est en Norvège qu’il fait son entrée en cinoche, en empruntant le chemin du court. Neuf minutes, la durée de son Combat silencieux, suffiront à le promouvoir en tant que cinéaste prometteur. Son deuxième opus, Un appel à la mort, confirme cette impression. Après quoi, perfectionniste jusqu’à la moëlle, Lakhmari accède à l’école de cinéma d’Oslo, dans le dessein de mieux affûter son art. Il en ressort pourvu d’une leçon magistrale, selon laquelle le cinéma repose fondamentalement sur l’image, le reste n’est que littérature. Il applique scrupuleusement ce principe dans Brèves notes. Ce petit bijou est projeté dans une salle norvégienne. Mohamed Abderrahmane Tazi, qui vient y présenter son A la recherche du mari de ma femme, en est séduit. Les deux hommes prennent langue, s’apprécient mutuellement. A son retour auMaroc,Tazi use de son influence pour que Brèves notes soit retenu parmi les courts métrages en compétition au Festival national du film de Tanger. Nous sommes en 1996. C’est le réel début de la carrière cinématographique de Lakhmari. Le cinéaste se taille une jolie réputation, bientôt raffermie par le lumineux Dernier spectacle et le généreux Dans les griffes de la nuit.
Mais jusque-là, Lakhmari s’est obstiné à ne commettre que des courts métrages. On le presse de se jeter dans le long. Il prend son temps, semble tergiverser, se tâte, et, en fin de compte, se décide. Ce sera Le Regard, un récit rythmé par le personnage d’un photographe français, qui retourne dans un village marocain où il était jeune soldat. Le film est dans les salles en 2002. La critique lui fait un bon accueil. Le public le boude. Déçu, le cinéaste se tourne vers la télévision, qu’il abreuve de sa série policière, Al Qadiyya. Ce n’est qu’en 2008 qu’il revient au cinéma, avec Casa Negra, une plongée en apnée dans le monde ombreux de la mégapole casablancaise, à travers les déboires de deux jeunes que le désir de sortir de leur condition fait tomber dans les bras de la mafia locale. Fidèle à ses principes, Lakhmari privilégie l’image. Ce qui donne un film sans fioritures, peu bavard et bien rythmé. La mise en scène en est haletante, le jeu d’acteurs presque irréprochable.


• Aux cinémas Lynx, Megarama, Ritz (Casablanca); 7e Art (Rabat); Megarama (Marrakech).