Culture
«Kanyamakan» : un cinéma nouveau vous appelle
Said C. Naciri vient de confier son film «Kanyamakan» aux salles de cinéma n Une première semaine fort encourageante pour le réalisateur du premier western marocain.

La salle 8 du complexe du Mégarama ne désemplit pas. Dans le public, des jeunes et des moins jeunes sont attirés par l’affiche spectaculaire d’un film qui se promet complètement à côté de ce qui a déjà été vu au Maroc. L’écho de son succès au FIFM aidant, la sortie nationale ne manque pas d’attirer les cinéphiles curieux et ceux pressés de dégainer leurs critiques au moindre faux pas du cinéaste.
Western couscous
Western couscous, c’est ainsi que Said C. Naciri aime désigner son long métrage. Dans l’infinitude du désert comme dans les méandres de la médina de Marrakech, on n’est pas très loin du décor mexicain avec ses ruelles étroites et ses marchands ambulants. Seul le dialogue en dialecte marocain détonne avec le reste et entraîne le spectateur dans une dimension nouvelle.
Pour l’histoire, le film reste plutôt classique. Amir est un voleur à la petite semaine. Quand avec sa bande d’amis il décide de faire le casse du siècle, dans la banque sise Jamaâ Lafna, il n’a pas l’intention de partager son butin. Délesté de tout scrupule, il prend la fuite et se réfugie dans le premier village trouvé sur son chemin dans cet immense Sahara. Pas de chance, il y trouve plus méchant que lui : l’assassin Charkan et son gang sanguinaire qui prennent en otage tout le village. Mis en prison, Amir rencontre le vrai caïd du village et entreprend de fuir pour récupérer son argent et prévenir la tribu du caïd emprisonné. La passion est au rendez-vous au bras de la jeune Aïda, fille du caïd et promise au méchant Charkan.
Casting musclé
Pour réussir un film d’action, il faut généralement se faire aider de cascadeurs. Said C. Naciri a choisi les meilleurs cascadeurs pour en faire les stars de son film. Afif Benbadra qui interprète massivement le méchant Charkan a la filmographie bien étoffée. Amir, alias Mohamed El Achi, est également comédien et cascadeur professionnel, ayant dirigé plusieurs chorégraphies dans des productions internationales. Dans le rôle de la belle, nous découvrons Sarah Kazemy, une Franco-iranienne aux débuts prometteurs. Dans les personnages principaux, Anas El Baz, Younes Migri et Mehdi Ouazzani se partagent la vedette, avec un clin d’œil à feu Mohamed Majd, guest star du film.
À chaud
Un spécial coup de cœur pour la musique du film, signée Rachid Taha et les Hoba Hoba Spirit, qui a contribué à marocaniser ce délirant western. Les effets spéciaux abondent sans faire tache. Seul le doublage des voix semble avoir été légèrement compliqué.
À la sortie de salle, quelques spectateurs désarçonnés par les coups de feu et l’action inhabituelle dans la production marocaine, commentent vivement. Çà et là, fusent des remarques du genre «Ce n’est pas marocain», «Ça ne nous ressemble pas»… Ou encore «C’est très bien fait !», «C’est facilement exportable !»… «C’est peut-être un film sans surprise à l’échelle internationale, mais un véritable OVNI dans le paysage marocain. Un vrai film quoi !», étaye un jeune homme au ton plus posé. Quoi qu’il en soit, pour les uns et les autres, du début jusqu’à la fin de Kanyamakan, l’on est complètement dedans.
