Climat
Masen et BMCE Bank of Africa, pionnières dans l’émission de Green Bonds
L’emprunt obligataire vert de l’agence porte sur 1,15 milliard de DH, celui de la banque sur 500 MDH. L’AMMC a lancé un guide sur les Green Bonds, destiné aux émetteurs et professionnels du marché.

La COP 22 est porteuse de plusieurs attentes : l’adaptation, les modalités de calcul des contributions financières de chaque Etat membre et de leur versement, le renforcement des capacités des pays moins avancés et le transfert de technologies à destination de ces derniers. Les parties manifestent certes un grand volontarisme pour atteindre ces objectifs, mais le point crucial reste celui du financement des projets verts. Le Maroc, pionnier en matière de mise en place de stratégies de développement durable, d’efficacité énergétique et autres en Afrique, l’est aussi en matière de financement. En effet, l’Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen) a procédé à l’émission d’obligations vertes. Et c’est une première. D’un montant de 1,15 milliard de DH, l’opération a pour objectif de poursuivre le développement des projets renouvelables à travers le pays et atteindre l’objectif d’une capacité de 52% du mix électrique d’origine renouvelable à l’horizon 2030. Elle a été réalisée à travers un placement privé, souscrit auprès d’Al Barid Bank ; d’Attijariwafa bank; de la Caisse marocaine des retraites et de la Société centrale de réassurance. Ce premier Green Bond marocain bénéficie de la garantie de l’Etat, permettant ainsi à Masen de réduire son coût de financement avec une prime de risque de 10 points de base. Cet outil permet aussi de diversifier les sources de financement de l’agence, assurant ainsi le financement des projets de Noor Laayoune et Noor Boujdour et l’apport en fonds propres de Masen, à travers sa filiale Masen Capital, dans les trois projets du programme NOOR PV I, qui seront développés à Laayoune, Boujdour et Ouarzazate, pour une capacité totale minimale de 170 MW. De plus, cette émission a été certifiée conforme aux standards du «Climate bonds initiative» témoignant de la bonne prise en compte du changement climatique par les projets de Masen ainsi que de la transparence de leur gestion.
A côté, BMCE Bank of Africa s’est également lancée dans ce type d’opérations avec le lancement de son premier emprunt obligataire vert d’un montant de 500 MDH. Ce green bond vise à renforcer l’engagement citoyen du groupe dans le domaine de la préservation de l’environnement, à financer des projets nationaux écoresponsables, et à soutenir les initiatives privées et publiques pour la préservation des ressources naturelles.
Il faut dire que la banque a été la première institution à mettre en place des solutions de financement durables au profit de ses clients. La banque s’était engagée, en marge de sa politique environnementale, à promouvoir le «Green business» en lançant, en 2012, un nouveau dispositif de financement vert, BMCE Energico, premier prêt pour l’efficacité énergétique au Maroc.
Une stratégie verte doit être élaborée pour tous les secteurs économiques et pour chaque pays
Ces annonces ont été faites quelques jours avant le début de la COP22, alors que CFC a organisé la «Climate finance day», le 4 novembre à Casablanca, en vue de débattre de la question du financement et de proposer les solutions adéquates à même d’attirer le secteur privé pour s’orienter vers le financement climatique. En fait, les intervenants ont souligné l’importance du renforcement du rôle des Etats, et ce, en incluant la composante financement climatique comme partie intégrante des axes budgétaires publics. Cela doit passer inévitablement par la mise en place de stratégies vertes pour chaque secteur économique et pour tous les pays. Ce qui devrait donner davantage de visibilité pour les institutions financières en vue de financer tel ou tel secteur.
Non seulement cela, comme pour tout autre investissement, une évaluation du projet même est tout aussi importante. A ce titre, il convient d’évaluer le coût carbone, de définir les risques liés aux projets verts, d’assurer une bonne gouvernance et une transparence à tous les niveaux et surtout d’intéresser les investisseurs par la rentabilité qui serait dégagée. Dans cette configuration, les autorités de régulation devraient assurer l’environnement réglementaire adapté et nécessaire pour la promotion de nouveaux instruments de financements de projets de développement durable. Car le lien entre la finance et l’écologie n’est plus à démontrer. A cet effet, l’Autorité marocaine des marchés des capitaux (AMMC) a lancé un guide sur les «Green bonds» -moyen de financement le plus fréquent destiné au financement des projets verts- pour les émetteurs et les professionnels du marché. Il s’agit d’un document qui présente les éléments clés des obligations vertes ainsi que leurs principales implications.
Pour ainsi dire, les secteurs public et privé devraient conjuguer leurs efforts et leurs visions afin de diriger leurs fonds vers les projets green.
