Influences
Chirurgie esthétique : Dessine-moi un corps !
Les femmes sont de plus en plus enclines à modifier leur physique pour corriger ce qui ne leur plaît pas. Cette tendance est favorisée par les réseaux sociaux et les applications d’embellissement.

La chirurgie esthétique ne connaît pas la crise, contrairement à d’autres secteurs d’activité. La pandémie et le confinement n’ont en rien ralenti l’augmentation croissante de la demande. Cette croissance, similaire à celle observée dans le monde entier, s’explique par le désir d’améliorer l’image de soi et la quête du bien-être. Au Maroc, de plus en plus de personnes sont adeptes de la chirurgie esthétique, qui connaît un changement de taille. Selon Mohamed Guessous, chirurgien plasticien et propriétaire de Guess Clinic à Casablanca, on est passé de la chirurgie plastique réparatrice nécessaire en cas de malformations congénitales ou de traumatismes à une chirurgie de transformation. Plusieurs facteurs ont contribué à cette mutation. Tout d’abord, il y a eu un changement des mentalités qui a permis de ne plus considérer le fait de toucher à son corps comme un tabou. Ensuite, l’émancipation de la femme a donné plus de liberté, en particulier la liberté de prendre des décisions concernant son corps. Ces facteurs sont amplifiés par la mondialisation, l’ouverture du Maroc sur l’étranger et Internet, qui ont entraîné la chute du mur psychologique, permettant à de plus en plus de patients de dépasser le tabou et de changer leur corps. Mohamed Guessous rappelle que l’histoire de la chirurgie au Maroc remonte aux années 1950, époque où le pays était déjà une destination connue pour les opérations esthétiques effectuées par des praticiens français. Plusieurs années plus tard, des chirurgiens marocains ont pris le relais, et on en compte aujourd’hui environ une centaine, réputés pour leur expertise. Le secteur connaît donc un engouement, et son évolution va de pair avec le développement et l’innovation des technologies. «À ce niveau, il n’y a pas de décalage entre le Maroc et d’autres contrées comme les États-Unis ou l’Europe, car nous devons être à la page pour répondre à la demande des patients nationaux qui sont très au fait de ce qui se fait ailleurs», affirme le propriétaire de Guess Clinic, qui reçoit de plus en plus de patients étrangers, notamment africains et français, tout comme ses confrères.
Les hommes représentent 5 à 10% des patients…
La clientèle des cliniques esthétiques est essentiellement constituée de femmes, qui représentent 90 à 95% des patients des chirurgiens plasticiens. Selon Latéfa Anbari, professeur de l’enseignement supérieur ayant eu recours à deux reprises aux services d’un chirurgien plastique, «les imperfections ne sont plus une fatalité. On peut désormais corriger ce qui ne nous plaît pas. Je pense que le physique est primordial pour une femme». Être bien dans sa peau semble donc être une préoccupation récurrente, souligne Mohamed Guessous, selon qui, «l’apport psychologique de la chirurgie esthétique est certain».
Qu’on se le dise, la chirurgie esthétique concerne les femmes de tout âge, avec des préoccupations spécifiques pour chaque génération. Pour les plus de 45 ans, la demande porte particulièrement sur les réparations esthétiques, dont le but est de «corriger» les effets de la grossesse et de redonner un meilleur aspect à telle ou telle partie du corps, qui a perdu de sa superbe avec l’âge. Pour les jeunes filles âgées entre 20 et 35 ans, la demande porte essentiellement sur l’embellissement. Il s’agit alors de rhinoplastie, d’injections pour l’entretien de la peau…
Toutefois, ces dernières années, les professionnels du secteur notent que la demande émane de plus en plus de jeunes filles mineures qui viennent, accompagnées par leurs parents, pour corriger une poitrine jugée trop petite, ou encore une malformation du nez. On notera, par ailleurs, que la demande de chirurgie ésthétique n’est pas exclusivement féminine. Les hommes sont également demandeurs, selon les praticiens dont certains avancent qu’ils représentent environ 5 à 10% de leurs patients. Ils viennent pour retoucher des paupières tombantes ou encore un gros ventre. Il faut dire que les plus jeunes sont fortement influencés par les réseaux, qui véhiculent «une nouvelle image du corps et du visage, avec comme référence des stars de la télé ou personnalités publiques», affirme Mohamed Guessous, soulignant l’effet du Snapchat et des applications d’embellissement virtuel comme YouCam ou Face Up.
Mustafa Aatifi, sociologue, va plus loin, «estimant que cette nouvelle génération, qui trouve légitime de changer ce qui ne va pas, ce qui ne correspond plus aux standards de la beauté actuellement, a contribué à créer une uniformisation des canons de beauté». A coup sûr, les chirurgiens ont leur part de responsabilité dans cette situation.
Le «Ferrari Design», un modèle sur les chapeaux de roues !
De nos jours, de plus en plus de femmes considèrent qu’une belle silhouette est essentielle pour leur bien-être physique et mental. Elles aspirent à avoir une taille fine, un ventre plat, du volume, sans être en surpoids, tout en mettant l’accent sur un fessier prédominant et harmonieux. Les femmes font de plus en plus appel à une méthode de sculpture corporelle minutieuse, appelée la lipo-sculpture, réalisée par des chirurgiens esthétiques, pour obtenir les résultats souhaités. Selon plusieurs spécialistes, la mode n’est plus aux corps filiformes, mais aux formes généreuses, avec des fesses rebondies. La tendance des fessiers volumineux a été initiée par des célébrités mondiales, telles que Kim Kardashian et Jennifer Lopez aux États-Unis. Cette tendance a généré une augmentation significative de la demande chez les femmes de 18 à 35 ans, avec une croissance de 20% en France. Bien qu’il n’y ait pas de statistiques au Maroc, la demande est également forte, selon le Dr Guessous. Pour répondre à cette demande, le plasticien a lancé le modèle marocain «Ferrari Design», qui rencontre un grand succès, en particulier auprès des jeunes. Le coût pour avoir des fesses galbées, remontées ou bombées varie entre 20.000 et 50.000 dirhams, selon la technique utilisée, qu’elle soit chirurgicale ou par injection d’acide hyaluronique pour éviter les inconvénients de la chirurgie.
