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Marché Automobile: La mécanique 2023

Les ventes de véhicules neufs devraient finir 2023 légèrement dans le vert, à la faveur d’un rebond salutaire ces derniers mois. Les défis restent toutefois nombreux pour le marché automobile national pour qu’il puisse réaliser son plein potentiel.

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Miné par une contraction de la demande depuis le deuxième semestre de 2022, le marché marocain des voitures neuves a retrouvé des couleurs en cette fin d’année 2023. Au cours du mois de novembre, ce sont 13.772 véhicules, tous segments confondus, qui ont été écoulés au Royaume, en hausse de 22% en comparaison avec les ventes du mois de novembre 2022, selon les statistiques de l’Aivam, l’Association des importateurs de voitures neuves au Maroc. Une progression ascendante, portée à la fois par le segment des véhicules particuliers (VP) et celui des véhicules utilitaires légers (VUL), dont les ventes ont augmenté de 21,3% et 26,6% respectivment. Ce rebond des ventes en décembre a permis de rattraper la quasi-totalité du retard enregistré en début d’année. Ainsi, après un premier semestre dans le rouge (-2,88%), les ventes cumulées depuis le début de l’année jusqu’à fin novembre atteignent 143.986 véhicules, contre 145.289 à la même période de l’année dernière, soit une légère baisse de 0,90%. A ce rythme, le marché du neuf devrait finir l’année dans le vert, légèrement au-dessus des 161.410 voitures vendues enregistrées en 2022.

Il faut dire que les facteurs à l’origine de la contre-performance du marché durant ces derniers mois se sont quelque peu dissipés. D’abord, la pénurie des semi-conducteurs qui a considérablement impacté la production des constructeurs mondiaux, perturbant les chaînes d’approvisionnement ainsi que les délais de livraison, et limitant par conséquent l’offre dans les showrooms. Une configuration à laquelle le marché marocain du neuf n’a pas échappé. Aujourd’hui, le plus fort de cette crise est derrière, et les problèmes de disponibilité des véhicules chez les concessionnaires ne se posent plus avec autant d’acuité.

Ensuite, l’inflation, qui a grevé le pouvoir d’achat des ménages, s’est atténuée au cours des derniers mois, passant de 10,1% en janvier à 4,3% en octobre, ce qui a agi positivement sur la demande en véhicules neufs. D’autant que les concessionnaires ont consenti ces dernières semaines d’importantes offres promotionnelles sur les prix et sur le financement afin d’atteindre leurs objectifs annuels de ventes.

Un gros gisement d’acheteurs potentiels
Toutefois, malgré cette embellie hivernale qui reste à confirmer, le marché du neuf est loin de réaliser son plein potentiel. Surtout, il semble loin le temps des records, comme en 2018, où le marché avait frôlé la barre des 178.000 véhicules neufs vendus. Cette année-là, le Salon Auto-Expo, événement biannuel majeur du secteur considéré comme un véritable catalyseur des ventes, tenait sa dernière édition, avant d’être annulé (définitivement ?) en 2020. Une année plus tard, le marché avait repris du poil de la bête, au sortir de la crise sanitaire, dépassant les 175.000 unités vendues, avant de replonger en 2022, pour les raisons évoquées précédemment. Aujourd’hui, les professionnels restent convaincus que la barre des 200.000 véhicules vendus est atteignable. On parle même d’un potentiel de 250.000 voitures par an. Il faut dire que le besoin en équipement des Marocains est toujours aussi important. Actuellement, autour de 70 véhicules/1.000 habitants, le taux de motorisation du Royaume est bien loin de ce que l’on trouve ailleurs, dans les marchés plus matures, notamment en Europe, où ce taux avoisine les 600 véhicules/1.000 habitants. Au Maroc, le marché automobile reste encore majoritairement un marché de primo-accédants, où bien des Marocains n’arrivent pas à payer une voiture neuve, et c’est le marché d’occasion qui en profite. Les transactions ou mutations de véhicules d’occasion représentent plus de trois fois la taille du marché du véhicule neuf. C’est précisément ce gisement de primo-accédants que les concessionnaires doivent aller chercher pour dynamiser les ventes. Aujourd’hui, l’acheteur de véhicules neufs au Maroc a plutôt le profil d’un CSP+ : il est un homme âgé de 45 ans en moyenne (seuls 15% des acheteurs ont moins de 30 ans) qui paye en moyenne son véhicule au prix de 295.000 dirhams, avec un financement d’une durée moyenne de 53 mois et un apport de 36% de la valeur du véhicule. Par ailleurs, au Maroc, un véhicule vendu sur trois est un SUV.

Le luxe ne connait pas la crise
A la baisse en 2022 (-9%), les ventes de véhicules premium se sont bien redressées en 2023. Hermétique aux problématiques liées au pouvoir d’achat et à l’inflation, et désormais beaucoup moins exposé à celles liées à la disponibilité des véhicules suite à l’atténuation des pressions sur les chaînes d’approvisionnement, ce marché, qui pèse pour près de 10% des ventes totales des véhicules particuliers, a renoué avec une croissance vigoureuse cette année. Les marques allemandes sont les plus plébiscitées : Audi, leader du segment, réalise ainsi une progression de 13% de ses ventes, avec près de 4.000 véhicules écoulés depuis le début de l’année, tandis que pour BMW les ventes s’élèvent à 3.086 véhicules, contre 2.544 unités un an auparavant, soit une hausse de +21,31%.

Troisième de ce segment, Mercedes progresse de 4,1% pour un total de 2.347 unités cédées. Plus significatives encore sont les ventes de Porsche au Maroc. Les voitures de la célèbre marque au cheval noir se vendent cette année comme des petits pains : entre janvier et novembre, ce sont 351 Porsche qui ont trouvé preneur, en hausse de 28% par rapport à l’année dernière. Sur le seul mois de novembre, 30 véhicules de la marque allemande ont été vendus, soit une par jour en moyenne! Une performance pour une marque dont le modèle le moins cher est commercialisé à 650.000 dirhams.

Le diesel toujours roi, l’électrique frémit
Pour ce qui est enfin de la motorisation, le diesel continue de dominer largement les ventes, même si sa part se réduit quelque peu. Elle est passée de 94% des ventes en 2018 à 85,7% en 2022, selon les derniers chiffres disponibles de l’Aivam. Un recul alimenté selon l’association par le boost des ventes de motorisation essence (14,3% des ventes en 2022 contre 10,8% en 2021) sous l’effet de la croissance de l’hybride. Il est vrai que l’offre en motorisations alternatives (électrique, hybride ou hybride rechargeable) s’est bien étoffée ces dernières années, avec de nouveaux modèles, notamment asiatiques, qui déferlent sur le marché marocain. Certes, la part des véhicules propres demeure encore faible, avec une part de marché inférieure à 5% (contre 45% en Europe), mais elle est en forte progression, et est amenée à grandir au fil des ans avec l’objectif de se rapprocher des 20% à la faveur de la diversification continue de l’offre mais aussi d’une baisse attendue des prix de ces véhicules. Pour cela, les professionnels espèrent un coup de pouce du gouvernement, qui pourrait prendre la forme d’une prime «verte».