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Archives LVE 1993 : Le mobile n’est plus un luxe

Il y a 30 ans, le téléphone mobile, qui venait de faire son entrée au Maroc, connaissait déjà un grand essor. Six sociétés se partageaient un marché de 4.000 abonnés, pour un chiffre d’affaires de près de… 150 MDH.

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Non, le téléphone de voiture (ou mobile) ne constitue plus un luxe et un gadget pour la «frime». Loin s’en faut. Aujourd’hui, le vent de libéralisme qui souffle énergiquement (mais raisonnablement ?) sur notre économie a produit une élite de décideurs pressés. Et nos infrastructures télécoms n’étant pas encore ce qu’elles devraient être (jugez-en par le nombre de cabines téléphoniques installées le long de notre réseau routier…), il devint – plus que jamais – urgent de communiquer avec son quartier général d’où qu’on soit. Et le téléphone mobile fut. Ainsi, en 1989, l’ONPT inaugure un réseau spécial de radio téléphone mobile d’une capacité initiale de 1.600 abonnés.
En fait, les travaux d’installation dudit réseau remontent à 1986 lorsque ledit office charge la société suédoise Ericson de prendre l’affaire en main.

Un monopole absolu
Jusqu’en 1991, l’ONPT exerce un monopole absolu quant à la distribution et à l’installation de tout matériel destiné à cet effet. Par son biais, Ericson régnait en maître également absolu sur un marché alors naissant.
Au départ, le «réseau» ne desservait que les localités avoisinant deux axes routiers: Casablanca-Rabat-Fès et Casablanca-Marrakech-Agadir. Aujourd’hui, l’échiquier du téléphone mobile couvre pratiquement tout le territoire national et compte environ 4.000 abonnés.
Depuis l’abolition du monopole de l’ONPT et Ericson en 1991 et la «privatisation» du secteur, six sociétés se partagent le marché. Mais la part la plus importante du gâteau revient toujours au fabricant suédois qui s’approprie à travers son représentant marocain, Moena, plus de 50% d’un marché en pleine expansion. Les cinq autres sociétés sont Bell Canada exploitant la marque fin- landaise Nokia, Philips utilisant la marque néerlandaise de même nom, Radio Mobile Marocaine (RMM) distribuant le matériel anglais Carryphon, WAFANÉ- GOCE représentant la marque suisse DANCALL LOGIC e,t enfin, Orec qui commercialise le maté- riel également scandinave, le finlandais Benefon. Quand on sait que le prix moyen d’installation d’un téléphone de voiture, dans ces formules fixe et portable, tourne autour de 28.000 DH hors taxes, on imagine la part du lion que se taille Ericson sur un marché évalué à plus de 150 MDH.

Des relations historiques
Il n’est pas sûr que les Suédois conservent leur leadership au Maroc quant à l’installation de futures stations de bases dont le rôle consiste à assurer la continuité du faisceau hertzien et donc de la communication, voire d’autres stations centrales, mais le savoir-faire et l’expérience acquis doublés des relations «historiques» avec l’ONPT donnent à le penser.
A moins que la loi du marché ne fasse basculer les sentiments, ce qu’il y a tout lieu, en bon gestionnaire, de croire. Pour mémoire, on précisera qu’une seule station centrale existe pour le moment (à Casablanca) pour une trentaine de stations de base, ce qui explique que l’emploi d’un seul et unique indicatif interurbain (02) est nécessaire si l’on ne veut pas que son interlocuteur ne soit… aux abonnés absents. L’extension du réseau se heurte aux mêmes contraintes techniques que le réseau téléphonique normal, auquel il est d’ailleurs interconnecté.
Les ventes d’appareils sont donc à la merci des services de I’ONPT, qui seul peut décider de l’augmentation du nombre de canaux par ville, ce qui rend aléatoire toute prévision de résultats des opérateurs.
Une chose est sûre cependant, c’est que l’option libérale du pays est le catalyseur à même de générer les extensions requises pour répondre à une demande appelée à être croissante. Celles effectuées à Tanger, Tétouan, Oujda et Ifrane, ainsi qu’une deuxième station de base à Casablanca, à El Jadida et à Ouarzazate, augure d’un bel avenir pour la téléphonie mobile. M.BENFADIL