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Actualités sur les hémorragies digestives hautes au Maroc

Nouvelle stratégie thérapeutique : l’utilisation de nouveaux antiulcéreux, d’antibiotiques spécifiques associés et de la fibroscopie par voie digestive haute.

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«Les hémorragies digestives hautes constituent  une des principales urgences digestives en rapport avec plusieurs pathologies. Malgré les progrès thérapeutiques récents et les progrès de l’endoscopie interventionnelle, le risque de mortalité demeure présent. Cela est probablement lié à l’utilisation excessive des anti-inflammatoires non stéroïdiens et à l’accroissement de l’âge de la population qui constituent de véritables facteurs de risques», indique le Pr Adil Ibrahimi, chef de service d’hépato-gastroentérologie au CHU Hassan II de Fès et président de la Société marocaine des maladies de l’appareil digestif (SMMAD). Celle-ci a organisé, samedi 15 mai, une rencontre scientifique sur les actualités dans la prise en charge des hémorragies digestives hautes. «La fibroscopie œsogastroduodénale permet d’apporter le diagnostic des HDH dans 90% des cas. Elle a le triple intérêt de faire le diagnostic étiologique, d’établir un pronostic, en particulier pour la maladie ulcéreuse hémorragique, en évaluant en fonction du stade de l’ulcère les risques de récidives hémorragiques et de mortalité. Enfin, son plus grand apport ces dernières années est le traitement endoscopique avec le développement des différentes techniques d’hémostase (arrêt de saignement) par injections, par clips hémostatiques, par l’électrocoagulation ou la ligature et la sclérose des varices œsophagiennes», rapporte le Pr Ibrahimi. En termes de prise en charge de la maladie ulcéreuse hémorragique, les nouveautés concernent essentiellement la disponibilité de médication antiulcéreuse, à savoir les inhibiteurs de la pompe à proton et leur utilisation par voie injectable qui assurent un bon contrôle de l’acidité gastrique et permettent aux lésions ulcéreuses de cicatriser rapidement. Le président de la SMMAD ajoute qu’«à côté de ces nouveautés thérapeutiques, une meilleure connaissance de la genèse de la maladie ulcéreuse par l’implication étroite de l’infection par un germe, l’hélicobacter pylori, qui est présent chez 80% de la population marocaine, permet de meilleurs résultats thérapeutiques». Cette rencontre a relaté les résultats des études récentes qui ont démontré que l’éradication de cette bactérie par une trithérapie basée sur 2 antibiotiques associés à un antiulcéreux spécifique, permet  de contrôler de façon efficace les récidives ulcéreuses. Il est à rappeler que l’hémorragie digestive haute est un saignement du tractus digestif supérieur qui peut se manifester par un rejet par la bouche de sang rouge au cours d’efforts de vomissement, associé parfois à des selles noires comme du goudron, gluantes et nauséabondes correspondant à du sang digéré et en cas de saignement très abondant (émission par l’anus de sang rouge). Plus rarement sous forme de signes d’anémie aiguë. Les étiologies des HDH sont dominées par la pathologie ulcéreuse gastroduodénale et les gastrites ulcératives (40-70%), la rupture de varices œsophagiennes (5-25%) et les œsophagites (5-15%). «Dans le cas de l’hémorragie par rupture de varices œsophagiennes, le plus grand progrès est l’utilisation des dérivés de la somatostatine par voie injectable permettant un arrêt du saignement dans 80 à 90% des cas», souligne le Pr Ibrahimi, qui regrette le fait que ces dérivés restent chers et limités à certains centres hospitaliers. Le coût moyen de prise en charge d’une hémorragie digestive ulcéreuse est estimé à environ 5 000 DH par patient et celui de l’hémorragie par rupture de varices œsophagiennes autour de 10 000 DH.