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1993 : Comment gérer la sécheresse ?
Il y a 30 ans, la campagne agricole est sur le point d’être lancée. Défi à relever : contrer les effets de deux années de déficit hydrique.
La préparation de la nouvelle campagne agricole est en cours. Le Conseil du gouvernement réuni le 18 août en a discuté. Des réunions ont eu lieu, d’autre part, avec les sociétés qui approvisionnent le pays en engrais. Il est prévu que 960.000 tonnes d’engrais et 850.000 quintaux de semences de céréales soient disponibles à la vente aux producteurs.
La CNCA (aujourd’hui Groupe Crédit Agricole), pour sa part, s’apprête à des rééchelonnements de dettes des agriculteurs. En plus d’un fonds de soutien, on commence à parler de la création d’une assurance à l’agriculture. Ceci dans une conjoncture où la chute du PIB agricole au terme de la campagne 1992-1993 est estimée à 30%.
La grande leçon des deux années successives de sécheresse est l’importance de l’investissement en équipement d’irrigation. Sur un dixième (irrigué) de la superficie totale cultivée en céréales, on a récolté un tiers de la production qui s’est établie à 27,5 Mq. Ce dernier chiffre intègre 16 Mq en blé dur et tendre, 10 Mq en orge et 1,5 Mq en maïs.
La récolte céréalière a ainsi chuté de 60% environ par rapport à une campagne normale.
La dominance du bour en une période de déficit pluviométrique s’est traduite par une chute de production générale dans toutes les régions en dehors de la pointe nord et d’une petite partie de l’Oriental. Par contre, la Chaouia a été gravement affectée.
Ce déficit a été continu dans le temps. À aucun moment ne s’est manifestée une possibilité de rattrapage par des cultures tardives. Le recul quasi général de tous les produits a épargné le sucre qui a enregistré un niveau record : 430.000 tonnes de sucre de betterave plus 100.000 tonnes en canne. Cette exception s’explique par le fait que la majeure partie de la culture sucrière se réalise en irrigué.
Les huiles (de graines et d’olive), avec une production de 78.000 tonnes, confirment par leur recul de 17% la tendance générale. Les fruits et légumes, selon les cas, ont vu leur production baisser de 3 à 13%. Mais on constate une évolution inverse entre les agrumes et les primeurs, quant au rapport entre leur production et leur exportation.
Pour les primeurs, la réduction des superficies cultivées s’est traduite par un recul de 7% de la production qui s’est établie à 465.000 tonnes. Néanmoins, le rapport exportation-production s’est mieux comporté. Pour le cas de la tomate, les exportations de 155.000 tonnes ont enregistré un accroissement de 10%.
En matière de production animale, la viande a chuté de 6% en se limitant à un tonnage de 473.000 alors que la production de lait s’est améliorée de 10% en atteignant 950 M litres. En termes de taux d’autosuffisance, le bilan est de 40% en céréales, 28% en huiles, 70% en sucre, 80% en produits laitiers et 100% en viandes.
Préparation de la campagne
Ce bilan exprime le degré de dépendance à l’égard de l’aléa climatique. D’où la nécessité de l’instauration de mécanismes de gestion du déficit pluviométrique et de ses répercussions économiques et sociales. Les idées sont à l’étude à ce sujet. Les réunions actuelles avec les offices portent sur des instruments de gestion des disponibilités en eau pour la nouvelle campagne. Une meilleure valorisation du patrimoine sol contribuerait aussi à l’atténuation des effets de l’aléa climatique en année difficile. Le développement des parcours, de la forêt, l’épierrage constituerait une concrétisation de cette idée de valorisation. Mais à plus court terme, pour la nouvelle campagne 1993-1994 qui s’annonce, des approvisionnements en intrants se constituent, tablant sur une meilleure pluviométrie. Sont déjà constitués 860.000 quintaux de semences (pour les céréales) disponibles à la distribution.
D’autre part, il est programmé que 960.000 tonnes d’engrais soient disponibles à la vente. La CNCA, pour sa part, alimentée par des fonds accordés par des bailleurs internationaux, a opté pour le rééchelonnement des dettes des agriculteurs en procédant au cas par cas. La dépendance à l’égard du climat ayant un caractère structurel, des idées nouvelles, visant à réagir aux répercussions de cet aléa, prennent place.
Mounia Boustani