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Archives LVE 1973 : La fraise à Agadir, essai raté

Il y a 40 ans, bien avant que la région de Larache ne devienne la capitale des fruits rouges au Maroc, une première tentative avait été lancée dans le Souss. Après avoir atteint 120 ha, le projet a été abandonné, l’infrastructure d’accompagnement n’ayant pas été prévue.

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Plus de deux cents participants étaient réunis pour le Colloque de la fraise qui s’est tenu à Agadir à l’instigation de l’OCE et dans le but de faire connaître ce qui existait au Maroc dans ce domaine. Il visait aussi à établir les besoins de notre clientèle et enfin à répondre à tous les problèmes techniques pouvant se poser tant à l’échelon de la production que de celui du transport ou de la commercialisation. «Je crois que nous avons obtenu de très bons résultats», précise M. Benzit, chef du département des produits nouveaux à l’OCE.

Les premiers essais de culture moderne de fraise au Maroc ont commencé en 1968. Ils portaient alors sur un demi-hectare dans le Souss. En 1970, la superficie plantée était de 14 hectares, elle devenait 65 hectares en 1971 et actuellement elle a atteint 120 hectares. «Il ressort nettement, poursuit M. Benzit, que cette superficie consacrée à la culture de la fraise est encore insuffisante face à la demande qui nous est faite tant pour la consommation en frais sur le plan local ou en exportation qu’en raison de la demande croissante de l’industrie pouvant porter aussi bien sur la transformation en confiture qu’en fruits congelés. Dans le contexte actuel, nous devrions atteindre 200 hectares».

Après le colloque, il apparaît néanmoins que l’idéal n’est pas d’utiliser pour cette culture de trop grandes surfaces, mais de limiter chaque unité à une dizaine d’hectares. C’est dans ces conditions que l’on obtient le meilleur rendement tant pour la main-d’œuvre employée que sur le plan de l’exploitation. Dans les visites qui constituaient une partie du programme de ce colloque, les participants ont été très agréablement surpris de constater combien les techniques les plus modernes sont appliquées dans les exploitations actuelles. Elles peuvent servir de modèle pour ceux qui se destinent à ce genre de culture et ont montré également à nos éventuels acheteurs les possibilités de notre potentiel de production. Incontestablement, à la suite de ces visites et des discussions qui les accompagnaient, il est apparu que certains agriculteurs sont maintenant tous disposés à tenter eux aussi l’expérience de ce type de culture.

Fin de l’aventure
Il est certain que dès à présent il ne s’agit plus d’une aventure, puisque l’expérience acquise ces dernières années permet d’éliminer considérablement les risques de pertes. Les solutions aux problèmes pouvant se poser sont clairement apparues lors de ce colloque, notamment pour le choix des variétés selon les terrains, les climats, les destinations, mais aussi les dates de plantation afin de permettre des étalements de la production pouvant pratiquement couvrir l’année entière, la technique de l’irrigation par aspersion, les essais de liquides d’algues sur la fraise et les stockages des fruits dans des chambres frigorifiques.

Il s’est avéré également, à travers ces travaux, qu’il devenait indispensable de créer une véritable chaîne frigorifique entre le lieu de production et les aérodromes constituant la porte de sortie pour les fraises à l’exportation. On estime que la formule la plus rationnelle serait constituée par de petites chambres frigorifiques de 50 mètres cubes environ chacune à proximité de la propriété. Elles seraient prolongées à l’aérodrome par une station un peu plus importante permettant aux fruits cueillis d’attendre le moment du chargement dans l’avion. L’attente est de plusieurs heures, et, par temps chaud, cette période d’attente peut être suffisante pour avarier la marchandise.

«Les frais de tels frigos seraient amortis par trois coups de chergui», nous dit un technicien. Effectivement, ce vent chaud est l’un des ennemis des plantations et il a rapidement fait de rôtir tout un champ. Il est malheureusement fréquent dans le Souss, région qui devient le terrain de prédilection pour ces cultures. L’OCE serait, semble-t-il, décidé à encourager, voire à soutenir la construction de cette chaîne frigorifique, mais encore faudrait-il que l’Office trouve auprès des administrations centrales et régionales toute la compréhension
nécessaire.