Influences
1963 : L’ancêtre d’«Awrach» cartonne
Il y a 60 ans, 60.000 ouvriers en moyenne ont été employés par la Promotion nationale. Cela totalisait 15 millions de journées de travail en douze mois. Et l’objectif était d’atteindre à terme 250 millions de journées travaillées.
La Promotion nationale a été lancée en juillet 1961 dans des conditions particulièrement difficiles, au cours de la sécheresse sévère qui sévissait alors dans le pays. L’exercice 1961-62 correspond à une période expérimentale, qui a permis de tester sur le terrain même l’utilité ou la rentabilité des diverses opérations engagées et d’en retirer les enseignements pour les transformations qui s’imposent.
Des résultats intéressants ont déjà été acquis. Il n’y a qu’à traverser le Rif pour remarquer sur des kilomètres les banquettes qui ont été construites et les arbres qui y ont été plantés.
De même, dans la province de Ouarzazate par exemple, il suffit d’interroger les habitants pour voir combien la construction de seguias cimentées et la rénovation des khetaras ont été accueillies avec enthousiasme.
Réalisme et imagination
Il est évident que beaucoup de progrès restent à accomplir avant de parler de réussite totale. 15 millions de journées de travail en douze mois (y compris les journées de travail consacrées à l’Opération Ecoles), c’est déjà important comparé au chiffre de 17.000 ouvriers employés en 1957 dans les chantiers de lutte contre le chômage. Mais une véritable mise au travail généralisée devrait aboutir à l’investissement d’au moins 250 millions de journées de travail.
Mais l’augmentation des effectifs et, partant, l’amplification des travaux exigent la résolution de plusieurs problèmes (…). Il serait possible de progresser rapidement vers plusieurs de ces objectifs, à condition de les envisager à la fois avec réalisme et imagination. Sinon la Promotion nationale est fatalement condamnée à bientôt retomber dans l’ornière des classiques chantiers de lutte contre le chômage.
Dès maintenant, de nouvelles dispositions ont été prises par la division du programme de la Promotion nationale en deux parties correspondant à des catégories différentes :
– les réalisations d’intérêt général seront intégrées dans le programme et le budget de Services techniques centraux, à l’exception des salaires en nature ;
– les travaux d’intérêt local à faible densité technique dépendront de l’autorité et de la population locale, après simple visa du service technique intéressé. Il s’agit là d’opérations de mise en valeur des régions trop éloignées pour des interventions techniques exigeant des investissements importants en capitaux ou cadres.
Il apparaît, à la lumière des enseignements du premier exercice que la Promotion nationale est un instrument économiquement et humainement plus valable dans les zones sous-équipées et sous-administrées du pays que dans les régions du Maroc utile dotées déjà d’un équipement et d’une infrastructure avancés et qui nécessitent moins d’interventions du type Promotion nationale que des travaux placés sous le signe de la technique, de la mécanisation et de la rapidité d’exécution.
Infrastructures et Équipements
On conclura donc qu’il faut poursuivre le développement des régions du Maroc utile avec des formules prévues par l’économie moderne et auxquelles elles sont préparées. Mais se contenter de concentrer les efforts sur des zones privilégiées serait dangereux, car cela accentuerait le déséquilibre entre les deux types d’économies et risquerait de conduire à de graves ruptures.
Voilà pourquoi la tâche essentielle de la Promotion nationale paraît être de porter les régions déshéritées à un meilleur niveau de mise en valeur. Sous la rubrique «Mise en valeur», sont portés tous les travaux concourant à un accroissement de la production et il serait souhaitable de pouvoir en augmenter sensiblement la proportion et le nombre.