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Influences

1,5 million de Marocains atteints d’hépatites virales

Le Maroc est le seul pays arabe qui ne pratique pas encore la transplantation du foie
Ignorée, ou même mal traitée, l’hépatite virale dégénère en cirrhose, prélude à un cancer du foie.

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La transplantation hépatique ou greffe de foie peut se faire à partir d’un donneur vivant ou d’un cadavre. Elle se pratique dans presque tous les pays arabes, sauf au Maroc. A titre d’exemple, l’Arabie Saoudite réalise une cinquantaine de transplantations du foie chaque année. Chez nous, le retard doit être comblé au plus vite, s’alarme Pr Abdellah Essaid El Feydi, chef de service des maladies de l’appareil digestif (Médecine «C») à l’hôpital Ibn Sina de Rabat et président de la Société marocaine des maladies de l’appareil digestif (SMMAD), qui a tenu son 30e congrès national, les 7 et 8 décembre, au Hilton de Rabat.
Le Maroc a tous les moyens pour relever ce défi de la greffe hépatique. Les ressources humaines et les moyens techniques sont disponibles. C’est la volonté politique qui manque. La transplantation hépatique doit, en effet, faire partie d’un programme national impliquant tous les acteurs du secteur de la santé : médecins, CHU, ministère de la santé et organismes de prévoyance sociale. Ce 30e congrès national sur les maladies de l’appareil digestif qui ambitionne de poser les jalons pour un véritable démarrage de la greffe du foie dans notre pays réussira-t-il à lancer la dynamique ?
Autre thème phare de cette rencontre, les hépatites virales : un véritable problème de santé publique au Maroc, car on estime qu’environ
300 000 Marocains sont porteurs du virus C et 1,2 à 1,5 million atteints par le virus B. La gravité de ces hépatites réside dans leur évolution vers la cirrhose avec toutes ses complications, souvent très handicapantes. La cirrhose constitue également le lit du cancer. Heureusement, aujourd’hui, constate Pr Essaid, ces hépatites ont bénéficié de progrès extraordinaires tant au plan de la connaissance fondamentale du diagnostic que du traitement. Avec les médicaments de dernière génération, on peut guérir 50 à 80% de ces hépatites, situation inconcevable il y a juste quelques années. Tout en rappelant que les médicaments anti-hépatites peuvent comporter des effets secondaires, Pr Essaid se réjouit qu’ils soient pris en charge par les mutuelles. Quant aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, autre thème de cette journée nationale de formation continue sur les maladies digestives, telles la rectocolite ulcéro-hémorragique et la maladie de Crohn, Pr Essaid affirme qu’elles sont de plus en plus fréquentes au Maroc et posent des problèmes de prise en charge tant sur le plan diagnostique que thérapeutique. D’autant plus qu’elles peuvent se confondre avec la tuberculose intestinale. Le traitement de ces affections nécessite certains médicaments comme l’infliximab, qui est très cher et impose une surveillance très rigoureuse en milieu spécialisé.
Autre sujet de débat, l’endoscopie digestive comme moyen d’exploration et de traitement des maladies des voies biliaires, telle l’ablation de calculs, sans avoir recours à la chirurgie. Grâce à cette endoscopie, on peut explorer tout le tube digestif, permettant ainsi des diagnostics à des stades précoces. La nouveauté est que cette technique d’exploration digestive a été améliorée par les colorations (chromo endoscopie) de la muqueuse digestive en injectant des colorants qui se fixent sur les zones suspectes.