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Idées

Vous avez dit république ?

Il n’est pas donné au premier venu de copier, c’est pourquoi
nos islamo-républicains ne
copient pas.
Ils singent. Ils se posent en précurseurs et c’est vrai, ils sont précurseurs puisqu’ils ont vu faux avant tout le monde.

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On parle de «république islamique» au Maroc. Pourquoi pas ? Après tout, on parle bien de soins dans nos hôpitaux et de compétence chez nos experts assermentés. Alors je me répète : pourquoi pas ? République d’abord. Ce qui fait la force de notre monarchie, ce n’est pas sa valeur sacrée, aujourd’hui la valeur sacrée, je le dis tout net, ça laisse indifférent l’homme de la rue, et il y a beaucoup d’hommes dans nos rues hélas. Des enfants aussi. Dans l’espace politique qui est le nôtre, le Trône est l’unique socle consensuel, et il n’est pas tombé de la dernière averse. Quand on connaà®t le paysage politique marocain, on sait que si le Roi organisait un référendum avec pour question « la monarchie : oui ou non ?», il l’emporterait haut la main, il pulvériserait tous les records, et pas à  la sauce zinelabidinebenalienne. C’est une évidence, tout le monde le sait. Du coup, la meilleure façon de ridiculiser les tenants d’une république serait de les autoriser à  se rassembler en parti politique. Ils risqueraient d’avoir autant d’adhérents qu’il y a de juges intègres et de gendarmes impécunieux. Nos républicains seraient la risée du monde entier et cesseraient de passer pour des originaux car, le plus bonnement du monde, ce sont des imbéciles. On ne réprime pas les imbéciles, ils sont pitoyables, c’est tout. Quand on prend la peine de parcourir l’histoire du Maroc sous la dynastie des Alaouites, on est littéralement soufflé par cette réalité : mis à  part un nombre infime de sultans qui n’ont laissé aucune trace vivace (enfin presque, j’arrondis), tous nos monarques ont montré une lucidité qui ne cesse d’étonner les historiens. Ce furent des visionnaires, souvent ils ont pris des décisions impopulaires, à  contre-courant de l’idéologie dominante (ça continue du reste) et, avec le recul, on ne peut s’empêcher de leur reconnaà®tre un courage intellectuel et physique hors du commun. Il faut comparer ce qui est comparable. Prenons ces pays arabes o๠un président de la république a pris la place d’un roi. Un point commun entre tous : ils ont usé jusqu’à  la corde (avec laquelle ils ont pas mal pendu sur la place (ré)publique) de la méthode colonialiste la plus brutale à  laquelle la diplomatie de la canonnière n’a rien à  envier. En retard d’une guerre comme à  l’accoutumée, ils ont découvert l’archéo-colonialisme. Passons-les en revue. L’Irak d’Abdelkrim Kassem et de Saddam Hussein a menacé plus d’une fois la Jordanie, et agressé le Koweà¯t par deux fois, sans parler de la boucherie de la guerre Irak-Iran qui fait figure de guerre hara-kiri, ni du gazage des Kurdes, descendants de Salaheddine el Ayoubi. La Syrie d’Hafez el Assad a agressé le Liban et n’en a retiré ses troupes que récemment sous la menace d’une raclée franco-américaine tout en y poursuivant une sanglante série d’attentats. Elle s’est bien gardée de s’en prendre à  Israà«l qui a conquis son précieux château d’eau, le plateau du Golan, et l’a annexé sur sa carte de géographie sans vergogne ni coup férir. L’Egypte de Nasser a écrasé la Syrie sous la chape de plomb de ses moukhabarats, a agressé le Yémen et y a maintenu son armée d’occupation jusqu’à  sa défaite complète. La Libye de Moammar Kadhafi a occupé la bande d’Aouzou du Tchad, puis agressé la Tunisie, elle a armé des gangs rebelles et fomenté des attentats aussi lâches que cruels qui ont conduit à  la mort de plusieurs centaines d’innocents aux mains nues. Si toutes les républiques qui ont délogé des monarchies ont agressé leurs voisins, en revanche aucune monarchie n’a mené d’attaque offensive contre un autre pays, que ce soit l’Arabie, le Koweà¯t, les Emirats, la Jordanie ou le Maroc. Le trône marocain, c’est la légitimité, qui est un cadeau de l’histoire. La légitimité n’est pas un slogan creux. Si l’histoire en avait conféré une à  l’Algérie, elle n’aurait pas subi les massacres d’une bestialité inouà¯e qui ont défrayé la chronique internationale. En l’absence de légitimité, les dirigeants s’accrochent au pouvoir comme un phtirius au pubis. Ce qui fait la force d’Israà«l depuis 1948, c’est qu’il a eu pour adversaires des pays dirigés par des potentats plus soucieux de préserver leur pouvoir dictatorial que de porter secours à  la prétendue cause sacrée de la Palestine. Pour ces pays dits du champ de bataille, une défaite militaire complète signifiait la déroute de leur régime, la perte irrémédiable d’un étrange trône posé incongrûment dans une république rampante de plus en plus héréditaire. A leurs yeux, la Palestine ne vaut pas cette perte-là . Le soldat arabe n’est pas plus poltron que le soldat israélien, mais il ignore pour qui il se bat. Connaà®tre son adversaire ne suffit pas. Je me bats contre un agresseur pour protéger ma famille légitime, par pour sauvegarder le pouvoir d’un imposteur ou, à  tout le moins, d’un intrus. La légitimité a plus de force que toutes les escadrilles d’avions et toutes les divisions blindées réunies. Voilà  pourquoi les tenants d’une république au Maroc, pour peu qu’on puisse les compter au microscope à  balayage électronique, sont ce qu’il faut bien appeler par son nom. Dans une poignée de lignes, je vous dirai quel est ce nom, soyez patients, du calme. Dans d’autres pays, on trouve de nouveaux philosophes, de nouveaux économistes, de nouveaux juges, de nouveaux cuisiniers ou de nouveaux historiens. Ici, depuis 1956, nous avons affaire à  des nouveaux traà®tres. Il faut appeler un chat un chat. La république islamique ? parlons-en. Aucun pays au monde n’a autant terni l’image de l’islam que l’Afghanistan des Talibans, un concentré de haine des femmes et d’intolérance à  l’état brut. Que dire de l’islam que voit à  la télé le monde entier dans la république islamique du Soudan o๠la guerre civile menée contre les chrétiens et les animistes du Sud a fait deux millions de morts, auxquels il convient d’ajouter les dizaines de milliers de musulmans du Darfour assassinés parce qu’ils ont un faciès négroà¯de et la peau noire ? Sait-on que le Soudan est le seul pays au monde o๠l’esclavage est un commerce quasi légal ? que des Américains et des Européens s’y rendent pour racheter en devises fortes la liberté de captifs et de captives surtout ? On commence à  le savoir : la république islamique d’Iran est le seul pays musulman o๠les mosquées sont vides. La Turquie du PJD islamiste est le seul Etat musulman qui a signé un traité de coopération militaire avec Israà«l. Qu’y a-t-il donc d’islam dans les républiques islamiques ? Quant à  la mouvance islamiste palestinienne, il n’est un secret pour personne qu’elle a été l’émanation du Sin Beth qui a financé ses structures organisationnelles et caritatives jusque et y compris ses mosquées. Nos islamistes locaux, que ce soit les faux clandestins ou les presque domestiqués, reprochent à  certains intellectuels de copier les valeurs de l’Occident chrétien. Pour moi, seuls les copieurs feront avancer notre pays dans le sens du progrès authentique, comme l’ont fait les initiateurs de la Renaissance européenne en copiant la civilisation musulmane. On nous dit : «les chrétiens ? on leur a tout transmis, tout appris». Oui, mais nous n’avons rien gardé pour nous, et tout oublié. Il n’est pas donné au premier venu de copier, c’est pourquoi nos islamo-républicains ne copient pas. Ils singent. Ils se posent en précurseurs et c’est vrai, ils sont précurseurs puisqu’ils ont vu faux avant tout le monde. Leur approche simiesque serait grotesque si elle ne semait pas le racisme et la puanteur de l’intolérance qu’ils vont puiser dans l’ignorance et la détresse des laissés-pour-compte dont ils ont fait leur juteux fonds de commerce. Un jus d’hémoglobine. Cette engeance devrait être combattue par la dénonciation, la libre discussion, non par la répression policière qui en fait des martyrs .