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Idées

Une équipe Maroc Import-export solidaire

La dégradation de notre commerce extérieur a atteint un seuil d’alerte.

Publié le


Mis à jour le

larabi 2012 12 10

La dégradation de notre commerce extérieur a atteint un seuil d’alerte. Une glissade qui perdure et qui risque de se transformer en chute douloureuse. Notre pays affiche un déficit alarmant. Trois constats majeurs le démontrent. Tout d’abord, la diminution de nos parts de marché à l’extérieur. Ensuite, la porosité d’un marché intérieur de plus en plus cannibalisé par les importations. Enfin, des excédents dans les services et les transferts des MRE qui ne parviennent plus à couvrir le déficit croissant de la balance des marchandises.  Dans ce contexte inquiétant, la politique de redressement du commerce extérieur se focalise sur le dopage de l’offre exportable et arrête peu son regard sur le démantèlement des positions de nos entreprises sur un marché national exposé aux effets dévastateurs d’accords de libre-échange négociés à la hâte et bouclés sans accompagnement conséquent. Résultat : notre économie qui ressemblait déjà à un fromage de gruyère, tant ses filières productives étaient désarticulées, se transforme en une passoire de tous les flux.

Toute stratégie de redressement  doit relier les phénomènes générateurs du déficit commercial les uns aux autres et agir sur les leviers «stratégiques» de développement de nos capacités compétitives. En premier lieu, un système de défense commerciale doit être mis en place. S’il faut rejeter les solutions protectionnistes, inapplicables dans une économie ouverte, notre politique du commerce extérieur doit se faire moins naïve. D’où la nécessité de renforcer les capacités de l’Administration, des associations professionnelles et des entreprises pour mobiliser avec plus d’efficacité les mesures coercitives (antidumping, sauvegarde et mesures compensatoires) prévues par les accords de libre-échange. Sur ce registre,  le rééquilibrage de nos échanges impose non pas tant un effort de compétitivité que de concentrer les efforts sur la mise en place de règles de défense commerciale équitables,  une plus grande fermeté dans l’application des accords engagés, la recherche d’une véritable réciprocité dans tous les domaines (marchés publics, obstacles non tarifaires,…). 

En second lieu le redressement convoque une politique de reconquête du marché intérieur. Elle ne peut être qu’une reconquête productive.  Notre déficit n’est pas qu’une résultante de nos efforts d’investissement.  Combien même serait-il le cas, nous pouvons agir avec plus de vigueur pour impliquer nos entreprises dans les grands marchés publics, dans les accords de coopération bilatéraux. Notre déficit est généré aussi par l’accroissement des dépenses des ménages et un rapport qualité/prix des biens ordinaires importés qui ne laissent pas indifférent le consommateur. Il est alimenté à la marge par  des partenaires  qui font montre d’une grande ingéniosité dans l’adaptation de leur offre à la demande locale. L’exemple extrême est celui des «babouches chinoises». Réfléchissons donc à la relance d’une nouvelle politique de substitution des importations. Pas celle d’antan, d’une économie fermée, administrée, mais celle d’une économie qui construit ses avantages compétitifs au lieu de valoriser simplement ses avantages comparatifs naturels.

En troisième lieu, la problématique de l’accompagnement des PME à l’exportation mérite d’être soigneusement examinée. S’il peut être inefficace de pousser artificiellement sur les marchés étrangers des PME qui n’y sont pas suffisamment préparées, il est néanmoins fondamental de changer une culture entrepreneuriale qui ne conduit pas spontanément ces entreprises à se projeter à l’international. Ce qui nécessite d’agir pour mieux détecter les marchés porteurs et les entreprises potentiellement exportatrices,  encourager les partenariats entre entreprises, améliorer la relation entre PME et grandes entreprises, rendre plus lisibles les outils financiers d’aide à l’export.

En quatrième lieu, la rationalisation du dispositif d’appui au commerce extérieur est une exigence pour le  rétablissement de la compétitivité des entreprises à l’exportation. Un dispositif relativement complet d’appui à ces entreprises a été mis en place. Ce dispositif manque encore de cohérence et d’efficacité. La réforme des acteurs de l’Export doit être évaluée et ajustée. La stratification des opérateurs nationaux (CMPE, CNCE, ASMEX, CCI..), leur «positionnement de niche» doivent être simplifiés et leurs actions mieux coordonnées pour mettre en synergie leurs capacités et leurs réseaux d’influence respectifs. En cinquième lieu, notre diplomatie économique doit être plus offensive. Pour exercer ses missions en faveur des entreprises, le MAE bénéficie de sa position de «tour de contrôle» à l’international. Or, les services du ministère ne sont pas suffisamment mobilisés pour nos entreprises. Et la promotion du développement international des entreprises nationales et de l’attractivité du territoire ne fait pas encore partie intégrante de la feuille de route de tous nos ambassadeurs.

Les voies d’amélioration significatives de notre politique du commerce extérieur existent. C’est d’une bonne gouvernance de cette politique qu’on a besoin. Une nouvelle approche “globale” doit se construire autour d’un continuum Etat / Organismes d’appui/Entreprises. Une plateforme de concertation et d’orientation stratégique des actions de ces acteurs doit être instaurée. Le caractère prioritaire de l’action en faveur du commerce extérieur doit être affirmée au niveau interministériel. Il ne s’agit pas de remettre en cause le rôle pivot du ministère et des différents acteurs de l’Export qui ont l’expérience de l’international et les réseaux pertinents. Par contre, le rôle «chef de file » et les missions de chaque partie prenante  doivent être mieux définis et renforcés en ressources financières et humaines. Cette synergie des «visions» et des capacités d’une équipe Maroc Import/Export solidaire serait le gage d’un redressement pérenne des comptes extérieurs de l’économie nationale.