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Tribune

Le Maroc à grande vitesse : Une ambition royale qui transforme le pays

Le lancement officiel des travaux d’extension de la Ligne à Grande Vitesse n’est pas un simple jalon infrastructurel. Il s’agit d’un tournant stratégique dans la trajectoire de transformation que connaît notre pays depuis plus de deux décennies.
Par Marwane El Bouzdaini, économiste et auditeur de métier.

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Le lancement officiel, par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, des travaux d’extension de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) entre Kénitra et Marrakech le 24 avril 2025 n’est pas un simple jalon infrastructurel. Il s’agit d’un tournant stratégique dans la trajectoire de transformation que connaît notre pays depuis plus de deux décennies. Une trajectoire fondée sur l’investissement productif, la connectivité territoriale, l’attractivité économique et le rayonnement international du Maroc.

Le choix de prolonger la LGV vers le sud s’inscrit dans une logique parfaitement cohérente avec la vision royale qui place l’infrastructure au cœur du développement durable et équilibré du territoire national. Avec cette extension d’environ 430 kilomètres, c’est une colonne vertébrale économique qui se dessine le long de l’axe Atlantique, reliant des bassins de production, des métropoles touristiques et industrielles, et des pôles émergents comme Benguerir.

Ce projet structurant, doté d’une enveloppe de 53 milliards de dirhams hors matériel roulant, s’inscrit dans le cadre d’un programme ambitieux mobilisant un investissement global de 96 milliards de dirhams. Ce programme prévoit également l’acquisition de 168 trains pour un montant de 29 milliards de dirhams, en vue du renouvellement du parc existant de l’Office National des Chemins de Fer (ONCF) et de l’accompagnement des projets de développement. Par ailleurs, une enveloppe de 14 milliards de dirhams est dédiée au maintien de la performance, permettant notamment la mise en place de trois réseaux de transport métropolitain au sein des agglomérations de Casablanca, Rabat et Marrakech.

Il ne s’agit pas simplement de poser des rails, mais bien de concevoir une infrastructure moderne, résiliente et apte à absorber une demande croissante en matière de mobilité urbaine et interurbaine. La future ligne Kénitra–Marrakech permettra, à terme, de relier Casablanca à la ville ocre en seulement 1h15, contre près de trois heures actuellement. Ce saut qualitatif engendrera des effets d’entraînement significatifs : une augmentation du tourisme de séjour et d’affaires, une redynamisation des villes intermédiaires, ainsi qu’une structuration de l’économie régionale, désormais mieux intégrée aux circuits nationaux et internationaux.

Mais l’enjeu va bien au-delà. La LGV nouvelle génération s’inscrit aussi dans une dynamique de projection géostratégique. Elle s’articule avec les préparatifs de la Coupe du Monde 2030, coorganisée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal. À l’horizon 2029, le pays disposera d’un système intégré de mobilité, appuyé sur des hubs ferroviaires, autoroutiers et aéroportuaires repensés pour une attractivité internationale sans précédent.

Ce projet est également un acte de souveraineté économique. En développant un réseau ferré compétitif, le Royaume se donne les moyens de réduire les coûts logistiques, d’amplifier sa base exportatrice et de renforcer sa compétitivité territoriale. Il s’inscrit dans une stratégie plus large, qui comprend aussi le développement des ports de nouvelle génération (Nador West Med, Dakhla Atlantique), la montée en puissance des chaînes de valeur industrielles (automobile, aéronautique, batteries électriques), et l’accélération des transitions énergétique et numérique.

La LGV Kénitra–Marrakech n’est pas un projet d’infrastructure ordinaire, elle incarne résolument l’ambition du Maroc de se positionner comme un acteur majeur sur la scène internationale. Ce projet relie les régions, dynamise l’économie et prépare le pays à accueillir de grands événements mondiaux, consolidant ainsi sa position de leader régional. L’exception marocaine se manifeste dans sa capacité à allier modernité, innovation et cohésion territoriale. Avec une vision claire et une stratégie bien définie, le Maroc à grande vitesse s’engage sur la voie du développement durable, créant des opportunités économiques et sociales, et illustrant la force et la singularité de son modèle de croissance.