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Idées

Surdité communicative

Il est des mots dont l’imposante fortune précipite, paradoxalement, la faillite. Ainsi, « communication » ou son équivalent repu « tawassoul »…

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Mis à jour le

houdaifa 2013 01 18

Il est des mots dont l’imposante fortune précipite, paradoxalement, la faillite. Ainsi, «communication» ou son équivalent repu «tawassoul». Monté en flèche à cause probablement du fond de l’air, exalté par les des- potes de la transparence, il est galvaudé tant et si bien qu’il essuie les affres de l’inflation verbale. Aussi, erre-t-il comme une âme en peine dans les bouches pour lesquelles parler ne veut plus rien dire. Communication par-ci, communication par-là, le terme, tapi dans un coin pour mieux surgir, est mis à toutes les sauces, dilapidant, par cette vie en bâton de chaise, une grande part de son crédit. Il est indéniable que nous parlons de plus en plus ; il n’en est pas moins avéré que nous nous comprenons de moins en moins. Et si diverses activités se targuent d’être communicatives, elles ne parviennent qu’exceptionnellement à délivrer un message limpide et univoque à leurs interlocuteurs. Comment ne pas abonder dans le sens du philosophe Horkheimer lorsqu’il soutenait qu’un des traits de notre époque est que «les gens sont muets quand bien même ils n’arrêtent pas de discourir» ? Les givrés de football mesurent la pertinence de ce propos à leurs dépens : à la veille de l’épilogue de la CAN 2013, ils ne savent toujours pas à quoi s’en tenir sur leurs représentants, non par déficit de communication, mais parce que cette sur-communication, spécialité de leur guide Rachid Taoussi, tombe à plat.