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Idées

Projet de société

En attendant que la réflexion au nouveau modèle de développement soit effectivement entamée, un véritable débat préliminaire doit être amorcé aujourd’hui pour expliquer à tous les Marocains, et pas seulement les initiés, la portée et les conséquences d’un tel chantier.

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Edito Saad Benmansour

Et il ne s’agit pas seulement de leur expliquer ce qui va être fait mais ce qu’ils vont devoir faire eux-mêmes parce que le modèle de développement ne se réduit pas uniquement à une construction scientifique échafaudée par des équipes d’experts. Non, le modèle de développement d’un pays est d’abord et surtout un ensemble de choix sociétaux auxquels doivent adhérer toutes les composantes de la société. Le meilleur modèle de développement ne peut pas fonctionner pleinement et de manière durable s’il n’est pas approprié par ceux qui le dessinent et ceux qui sont censés le porter plus tard.

Il faudra expliquer aux Marocains qu’ils ne se réveilleront pas un jour avec un nouveau modèle en marche. Le modèle se construira sur des décennies et au fil des générations dont chacune apportera sa touche pour l’améliorer et le rendre plus performant. La part de la génération actuelle est de faire les bons choix qui détermineront en partie l’avenir du pays.

Il faudra aussi expliquer aux Marocains que le chantier qui les attend suppose des choix doctrinaux profonds et très lourds de conséquences car ils vont façonner la société marocaine à tous les niveaux et dessineront le Maroc que nous laisserons à nos enfants, à nos petits-enfants et aux générations suivantes. C’est là une responsabilité lourde et historique que portera la génération actuelle.

Et pour faire ces choix, il faudra avoir le courage de poser les vraies questions profondes auxquelles la société tout entière devra apporter des réponses consensuelles acceptées par tous. Or, contrairement à ce que l’on peut croire, les choix fondamentaux ne relèvent pas, ou que très peu, de la science économique. Ils sont plus de l’ordre de la doctrine sociétale.

Quelle philosophie pour la redistribution des richesses voulons-nous? Celle basée sur des mécanismes primaires, sur la solidarité et l’assistanat ou celle basée sur la rémunération décente du travail et la reconnaissance de l’effort et de la performance? Quelle école voulons-nous pour nos enfants ? Celle basée sur un clivage public/privé exacerbant les inégalités sociales ou une école qui donne à tous les Marocains les mêmes chances pour prendre l’ascenseur social ? Quel est le profil du citoyen que nous voulons former pour les générations à venir ?

Voulons-nous une économie basée sur une production faite seulement de minutes de main-d’œuvre maigrement payées ou sur une production à forte valeur ajoutée parce que faite de matière grise, de génie, de créativité, de connaissance et de technologies ?

En répondant à ces questions et bien d’autres, ce n’est finalement pas d’un modèle de développement qu’il s’agit mais bel et bien d’un projet de société…